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samedi 2 août 2025

🔥 1614 : Le bûcher des trois sorcières de Cassis, hantise des falaises de Sanary

Personne n’osait les approcher. À leur passage, on traçait un signe de croix, on jetait du gros sel au sol pour conjurer les sortilèges. Le simple fait de les croiser glaçait les sangs.

On les appelait la Tripière, la Figonière et la Grosse Coiffe. Trois femmes inséparables, que l’on disait sorcières, vivaient recluses dans une grotte perchée à mi-hauteur des falaises dominant la mer, côté Sanary.

En cette année 1614, la population locale est à bout. Après les épidémies, les mauvaises récoltes et les tempêtes, un coupable est tout trouvé : ce sont les « trois mascos » — un mot provençal pour désigner les sorcières. La colère monte, les superstitions prennent le pas sur la raison, et une battue s’organise. Les trois femmes sont capturées, livrées à la justice des hommes.

Nous sommes alors trois ans après la retentissante affaire du “curé du diable” Louis Gaufridi*, condamné au bûcher à Aix-en-Provence pour sorcellerie. Le climat est à la chasse aux sorcières, et Cassis n’échappe pas à cette fièvre punitive.

Le procès et l’exĂ©cution publique

Donne Figonière est accusée d’avoir ensorcelé un enfant, l’empêchant de se nourrir. Donne Tripière, de posséder des chats « matagots », dont la seule présence ferait flétrir les vignes. Quant à Grosse Coiffe, on lui reproche d’avoir jeté un sort à son voisin, dont les poules ont été massacrées par son propre chien.

Le verdict est sans appel. Les trois femmes sont pendues, puis brûlées vives sur la place publique.

Le bûcher sur le port

Les archives de la commune de Cassis confirment la rigueur de la sentence. On retrouve dans les comptes municipaux un mandat de paiement, signé par 15 élus, pour verser la solde de l’exécuteur. Le bûcher fut dressé sur le port, au niveau du quai actuel. Là même où les pêcheurs embarquent aujourd’hui, les flammes se sont élevées un 16 juillet.

Une chasse qui a coûté des milliers de vies

La chasse aux sorcières, qui a ravagé l’Europe entre le XVe et le XVIIIe siècle, n’a pas épargné la France. Selon les estimations, environ 5 000 personnes y furent jugées et près de 3 000 exécutées, majoritairement des femmes. En Provence, les cas sont moins nombreux qu’en Lorraine ou dans le Jura, mais bien documentés : Aix, Marseille, Sisteron ou Cassis ont vu plusieurs procès, souvent nourris par des peurs collectives, des rivalités locales et des croyances profondément ancrées.

À Cassis, l’histoire des trois mascos reste l’un des épisodes les plus marquants de cette répression, tragique miroir d’une société en quête de coupables.


*Louis Gaufridi était un prêtre marseillais accusé d’avoir ensorcelé une jeune fille possédée, Madeleine de Demandolx. Son procès, très médiatisé à l’époque, s’est tenu à Aix-en-Provence en 1611. Il fut torturé, jugé coupable de sorcellerie et exécuté par le feu sur la place des Prêcheurs.

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🔥 1614 : Le bûcher des trois sorcières de Cassis, hantise des falaises de Sanary

Personne n’osait les approcher. À leur passage, on traçait un signe de croix, on jetait du gros sel au sol pour conjurer les sortilèges. Le simple fait de les croiser glaçait les sangs.

On les appelait la Tripière, la Figonière et la Grosse Coiffe. Trois femmes inséparables, que l’on disait sorcières, vivaient recluses dans une grotte perchée à mi-hauteur des falaises dominant la mer, côté Sanary.

En cette année 1614, la population locale est à bout. Après les épidémies, les mauvaises récoltes et les tempêtes, un coupable est tout trouvé : ce sont les « trois mascos » — un mot provençal pour désigner les sorcières. La colère monte, les superstitions prennent le pas sur la raison, et une battue s’organise. Les trois femmes sont capturées, livrées à la justice des hommes.

Nous sommes alors trois ans après la retentissante affaire du “curé du diable” Louis Gaufridi*, condamné au bûcher à Aix-en-Provence pour sorcellerie. Le climat est à la chasse aux sorcières, et Cassis n’échappe pas à cette fièvre punitive.

Le procès et l’exĂ©cution publique

Donne Figonière est accusée d’avoir ensorcelé un enfant, l’empêchant de se nourrir. Donne Tripière, de posséder des chats « matagots », dont la seule présence ferait flétrir les vignes. Quant à Grosse Coiffe, on lui reproche d’avoir jeté un sort à son voisin, dont les poules ont été massacrées par son propre chien.

Le verdict est sans appel. Les trois femmes sont pendues, puis brûlées vives sur la place publique.

Le bûcher sur le port

Les archives de la commune de Cassis confirment la rigueur de la sentence. On retrouve dans les comptes municipaux un mandat de paiement, signé par 15 élus, pour verser la solde de l’exécuteur. Le bûcher fut dressé sur le port, au niveau du quai actuel. Là même où les pêcheurs embarquent aujourd’hui, les flammes se sont élevées un 16 juillet.

Une chasse qui a coûté des milliers de vies

La chasse aux sorcières, qui a ravagé l’Europe entre le XVe et le XVIIIe siècle, n’a pas épargné la France. Selon les estimations, environ 5 000 personnes y furent jugées et près de 3 000 exécutées, majoritairement des femmes. En Provence, les cas sont moins nombreux qu’en Lorraine ou dans le Jura, mais bien documentés : Aix, Marseille, Sisteron ou Cassis ont vu plusieurs procès, souvent nourris par des peurs collectives, des rivalités locales et des croyances profondément ancrées.

À Cassis, l’histoire des trois mascos reste l’un des épisodes les plus marquants de cette répression, tragique miroir d’une société en quête de coupables.


*Louis Gaufridi était un prêtre marseillais accusé d’avoir ensorcelé une jeune fille possédée, Madeleine de Demandolx. Son procès, très médiatisé à l’époque, s’est tenu à Aix-en-Provence en 1611. Il fut torturé, jugé coupable de sorcellerie et exécuté par le feu sur la place des Prêcheurs.

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On les appelait la Tripière, la Figonière et la Grosse Coiffe. Trois femmes inséparables, que l’on disait sorcières, vivaient recluses dans une grotte perchée à mi-hauteur des falaises dominant la mer, côté Sanary.

En cette année 1614, la population locale est à bout. Après les épidémies, les mauvaises récoltes et les tempêtes, un coupable est tout trouvé : ce sont les « trois mascos » — un mot provençal pour désigner les sorcières. La colère monte, les superstitions prennent le pas sur la raison, et une battue s’organise. Les trois femmes sont capturées, livrées à la justice des hommes.

Nous sommes alors trois ans après la retentissante affaire du “curé du diable” Louis Gaufridi*, condamné au bûcher à Aix-en-Provence pour sorcellerie. Le climat est à la chasse aux sorcières, et Cassis n’échappe pas à cette fièvre punitive.

Le procès et l’exĂ©cution publique

Donne Figonière est accusée d’avoir ensorcelé un enfant, l’empêchant de se nourrir. Donne Tripière, de posséder des chats « matagots », dont la seule présence ferait flétrir les vignes. Quant à Grosse Coiffe, on lui reproche d’avoir jeté un sort à son voisin, dont les poules ont été massacrées par son propre chien.

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Une chasse qui a coûté des milliers de vies

La chasse aux sorcières, qui a ravagé l’Europe entre le XVe et le XVIIIe siècle, n’a pas épargné la France. Selon les estimations, environ 5 000 personnes y furent jugées et près de 3 000 exécutées, majoritairement des femmes. En Provence, les cas sont moins nombreux qu’en Lorraine ou dans le Jura, mais bien documentés : Aix, Marseille, Sisteron ou Cassis ont vu plusieurs procès, souvent nourris par des peurs collectives, des rivalités locales et des croyances profondément ancrées.

À Cassis, l’histoire des trois mascos reste l’un des épisodes les plus marquants de cette répression, tragique miroir d’une société en quête de coupables.


*Louis Gaufridi était un prêtre marseillais accusé d’avoir ensorcelé une jeune fille possédée, Madeleine de Demandolx. Son procès, très médiatisé à l’époque, s’est tenu à Aix-en-Provence en 1611. Il fut torturé, jugé coupable de sorcellerie et exécuté par le feu sur la place des Prêcheurs.

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