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jeudi 24 avril 2025

Castaner annonce 22 policiers et 2 OPJ pour septembre

Réclamé depuis 2017 par les maires de La Seyne-sur-Mer, de Toulon et de Hyères, un renfort de 22 policiers et 2 officiers de police judiciaire a été annoncé ce matin par le ministre de l’intérieur pour les quartiers classés en reconquête républicaine. 

« Berthe est devenu le tiers monde de La Seyne »

« Merci de vous être déplacé monsieur le ministre, parce que nos conditions de vie sont déplorables », expliquent Jamila Ari, présidente de l’association Femme dans la cité et de nombreuses autres femmes réunies à la Maison des services publics, pour rencontrer le ministre de l’Intérieur et son secrétaire d’état. Berthe est devenu le tiers monde de La Seyne. Les voitures brûlent, les cafards sont nos colocataires, les rats pullulent, les enfants ont peur et sursautent au moindre pétard. Les ascenseurs sont tout le temps en panne. Quand vous devez monter 14 étages avec les courses et les enfants, je vous laisse imaginer… Un mois d’absence d’eau chaude : personne n’ose y croire mais en 2019, ça existe encore dans notre quartier. Et pourtant, il y a tout ici : crèches, magasins, services publics, écoles, collège, lycée, associations, un hôpital, des équipements sportifs, culturels et cultuels. Mais vous savez, il est plus facile d’arriver à Berthe que d’en partir. Et ceux qui réussissent à partir favorisent malgré eux le communautarisme ».

Mal de vivre

C’est dans la Maison des services publics, incendiée il y a quelques semaines et rénovée, que Christophe Castaner et Laurent Nunez ont rencontré les présidents et membres des associations qui œuvrent dans le quartier : Femme dans la cité, Le Petit prince, l’APEA et l’AVEF. Tous ont crié leur mal de vivre, tous ont dénoncé la délinquance devenue criminalité depuis quelques années.

« Nous vivons l’enfer à La Présentation aussi, explique cette habitante de la cité entre la Rouve et les Mouissèques. Chez nous le trafic s’est mis en place il y a deux ans. De 14h à 3h du matin, c’est la musique à fond et barbecues sauvages. Je n’ai pas pu dormir une seule nuit l’été dernier. On essuie des menaces et des insultes quand les dealers pensent qu’on a appelé le 17. A qui doit-ont faire appel monsieur le ministre ? » « A nous », répond Christophe Castaner.

Quelques heures avant, le ministre annonçait à Toulon les mesures prises par le gouvernement. Un renfort de 22 agents de police de sécurité du quotidien dans les quartiers de reconquête républicaine de Pontcarral, La Beaucaire, Sainte-Musse et Berthe. Des renforts réclamés mainte fois par les maires de Toulon et La Seyne-sur-Mer depuis 2017 suite à la recrudescence de la violence et des trafics. « Ces agents travailleront de concert avec les mairies, les associations et les habitants du quartier » précise le ministre. Deux officiers de police judiciaire seront également affectés aux quatre quartiers pour épauler le travail des 22 agents.

Criminalité organisée

« Tous les jours, on accueille des femmes démunies, raconte Jamila Ari, On travaille sur le désenclavement avec elles. Un enclavement physique mais aussi moral qu’elles subissent au quotidien. 10 ans après le plan Borloo, pourquoi on en est arrivé là ? »

Et Najet Benzohra, présidente du Petit prince de déplorer : « Nous sommes dans la cité depuis 1994, on a ouvert un restaurant d’insertion pour des femmes sans diplômes. Mais hélas, on n’a plus de financement de la Région »

Les membres de l’AVEF qui œuvrent pour le soutien parental ont voulu faire part de leurs inquiétudes au ministre : « l’état psychologique de nos adhérents est préoccupant. Cauchemars, stress nocturne et des gens qui ne veulent plus emmener leurs enfants à l’école ».

Et le maire de conclure après ces témoignages poignants : « Il y a deux ans, il y a eu une rupture. Depuis, les associations de prévention et d’aide ne peuvent plus travailler. Leur travail est rendu trop difficile par la présence des dealers qui apparaissent désormais comme les maîtres du quartier ».

« Depuis deux ans, oui, nous faisons face à une criminalité organisée, en convient le ministre. Certes on refait les immeubles, mais on laisse l’extérieur se détériorer avec le crime et l’insécurité. Avec 22 policiers supplémentaires qui interviendront sur des horaires différents, la police sera plus présente. Mais quand on voit qu’un jeune peut gagner jusqu’à 120€ pour surveiller le point de deal, des moyens policiers ne peuvent suffire. Toutes les têtes pensantes se réunissent à Paris depuis des années sur ce sujet. Il faut faire confiance aux territoires. »

Police sur-mesure

C’est donc une police sur-mesure qui sera faite ici, assure le ministre. En lien avec la mairie et les habitants. Avec deux officiers de police judiciaire on pourra casser les filières. Et puis il faut travailler avec les femmes et ces mères isolées qui se sentent perdues ».

Le ministre, son secrétaire d’état, le maire et la députée Émilie Guérel ont écouté ces citoyens épuisés par leur vie quotidienne. Pour ces derniers, 22 policiers et 2 OPJ c’est bien. Mais leur calvaire ne va, hélas, pas cesser demain. Car ces renforts sont annoncés pour septembre…

L’été sera chaud donc ! Au propre peut-être pas, mais au figuré sûrement.

Par Sylvette Pierron. Le Seynois

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Castaner annonce 22 policiers et 2 OPJ pour septembre

Réclamé depuis 2017 par les maires de La Seyne-sur-Mer, de Toulon et de Hyères, un renfort de 22 policiers et 2 officiers de police judiciaire a été annoncé ce matin par le ministre de l’intérieur pour les quartiers classés en reconquête républicaine. 

« Berthe est devenu le tiers monde de La Seyne »

« Merci de vous être déplacé monsieur le ministre, parce que nos conditions de vie sont déplorables », expliquent Jamila Ari, présidente de l’association Femme dans la cité et de nombreuses autres femmes réunies à la Maison des services publics, pour rencontrer le ministre de l’Intérieur et son secrétaire d’état. Berthe est devenu le tiers monde de La Seyne. Les voitures brûlent, les cafards sont nos colocataires, les rats pullulent, les enfants ont peur et sursautent au moindre pétard. Les ascenseurs sont tout le temps en panne. Quand vous devez monter 14 étages avec les courses et les enfants, je vous laisse imaginer… Un mois d’absence d’eau chaude : personne n’ose y croire mais en 2019, ça existe encore dans notre quartier. Et pourtant, il y a tout ici : crèches, magasins, services publics, écoles, collège, lycée, associations, un hôpital, des équipements sportifs, culturels et cultuels. Mais vous savez, il est plus facile d’arriver à Berthe que d’en partir. Et ceux qui réussissent à partir favorisent malgré eux le communautarisme ».

Mal de vivre

C’est dans la Maison des services publics, incendiée il y a quelques semaines et rénovée, que Christophe Castaner et Laurent Nunez ont rencontré les présidents et membres des associations qui œuvrent dans le quartier : Femme dans la cité, Le Petit prince, l’APEA et l’AVEF. Tous ont crié leur mal de vivre, tous ont dénoncé la délinquance devenue criminalité depuis quelques années.

« Nous vivons l’enfer à La Présentation aussi, explique cette habitante de la cité entre la Rouve et les Mouissèques. Chez nous le trafic s’est mis en place il y a deux ans. De 14h à 3h du matin, c’est la musique à fond et barbecues sauvages. Je n’ai pas pu dormir une seule nuit l’été dernier. On essuie des menaces et des insultes quand les dealers pensent qu’on a appelé le 17. A qui doit-ont faire appel monsieur le ministre ? » « A nous », répond Christophe Castaner.

Quelques heures avant, le ministre annonçait à Toulon les mesures prises par le gouvernement. Un renfort de 22 agents de police de sécurité du quotidien dans les quartiers de reconquête républicaine de Pontcarral, La Beaucaire, Sainte-Musse et Berthe. Des renforts réclamés mainte fois par les maires de Toulon et La Seyne-sur-Mer depuis 2017 suite à la recrudescence de la violence et des trafics. « Ces agents travailleront de concert avec les mairies, les associations et les habitants du quartier » précise le ministre. Deux officiers de police judiciaire seront également affectés aux quatre quartiers pour épauler le travail des 22 agents.

Criminalité organisée

« Tous les jours, on accueille des femmes démunies, raconte Jamila Ari, On travaille sur le désenclavement avec elles. Un enclavement physique mais aussi moral qu’elles subissent au quotidien. 10 ans après le plan Borloo, pourquoi on en est arrivé là ? »

Et Najet Benzohra, présidente du Petit prince de déplorer : « Nous sommes dans la cité depuis 1994, on a ouvert un restaurant d’insertion pour des femmes sans diplômes. Mais hélas, on n’a plus de financement de la Région »

Les membres de l’AVEF qui œuvrent pour le soutien parental ont voulu faire part de leurs inquiétudes au ministre : « l’état psychologique de nos adhérents est préoccupant. Cauchemars, stress nocturne et des gens qui ne veulent plus emmener leurs enfants à l’école ».

Et le maire de conclure après ces témoignages poignants : « Il y a deux ans, il y a eu une rupture. Depuis, les associations de prévention et d’aide ne peuvent plus travailler. Leur travail est rendu trop difficile par la présence des dealers qui apparaissent désormais comme les maîtres du quartier ».

« Depuis deux ans, oui, nous faisons face à une criminalité organisée, en convient le ministre. Certes on refait les immeubles, mais on laisse l’extérieur se détériorer avec le crime et l’insécurité. Avec 22 policiers supplémentaires qui interviendront sur des horaires différents, la police sera plus présente. Mais quand on voit qu’un jeune peut gagner jusqu’à 120€ pour surveiller le point de deal, des moyens policiers ne peuvent suffire. Toutes les têtes pensantes se réunissent à Paris depuis des années sur ce sujet. Il faut faire confiance aux territoires. »

Police sur-mesure

C’est donc une police sur-mesure qui sera faite ici, assure le ministre. En lien avec la mairie et les habitants. Avec deux officiers de police judiciaire on pourra casser les filières. Et puis il faut travailler avec les femmes et ces mères isolées qui se sentent perdues ».

Le ministre, son secrétaire d’état, le maire et la députée Émilie Guérel ont écouté ces citoyens épuisés par leur vie quotidienne. Pour ces derniers, 22 policiers et 2 OPJ c’est bien. Mais leur calvaire ne va, hélas, pas cesser demain. Car ces renforts sont annoncés pour septembre…

L’été sera chaud donc ! Au propre peut-être pas, mais au figuré sûrement.

Par Sylvette Pierron. Le Seynois

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« Berthe est devenu le tiers monde de La Seyne »

« Merci de vous être déplacé monsieur le ministre, parce que nos conditions de vie sont déplorables », expliquent Jamila Ari, présidente de l’association Femme dans la cité et de nombreuses autres femmes réunies à la Maison des services publics, pour rencontrer le ministre de l’Intérieur et son secrétaire d’état. Berthe est devenu le tiers monde de La Seyne. Les voitures brûlent, les cafards sont nos colocataires, les rats pullulent, les enfants ont peur et sursautent au moindre pétard. Les ascenseurs sont tout le temps en panne. Quand vous devez monter 14 étages avec les courses et les enfants, je vous laisse imaginer… Un mois d’absence d’eau chaude : personne n’ose y croire mais en 2019, ça existe encore dans notre quartier. Et pourtant, il y a tout ici : crèches, magasins, services publics, écoles, collège, lycée, associations, un hôpital, des équipements sportifs, culturels et cultuels. Mais vous savez, il est plus facile d’arriver à Berthe que d’en partir. Et ceux qui réussissent à partir favorisent malgré eux le communautarisme ».

Mal de vivre

C’est dans la Maison des services publics, incendiée il y a quelques semaines et rénovée, que Christophe Castaner et Laurent Nunez ont rencontré les présidents et membres des associations qui œuvrent dans le quartier : Femme dans la cité, Le Petit prince, l’APEA et l’AVEF. Tous ont crié leur mal de vivre, tous ont dénoncé la délinquance devenue criminalité depuis quelques années.

« Nous vivons l’enfer à La Présentation aussi, explique cette habitante de la cité entre la Rouve et les Mouissèques. Chez nous le trafic s’est mis en place il y a deux ans. De 14h à 3h du matin, c’est la musique à fond et barbecues sauvages. Je n’ai pas pu dormir une seule nuit l’été dernier. On essuie des menaces et des insultes quand les dealers pensent qu’on a appelé le 17. A qui doit-ont faire appel monsieur le ministre ? » « A nous », répond Christophe Castaner.

Quelques heures avant, le ministre annonçait à Toulon les mesures prises par le gouvernement. Un renfort de 22 agents de police de sécurité du quotidien dans les quartiers de reconquête républicaine de Pontcarral, La Beaucaire, Sainte-Musse et Berthe. Des renforts réclamés mainte fois par les maires de Toulon et La Seyne-sur-Mer depuis 2017 suite à la recrudescence de la violence et des trafics. « Ces agents travailleront de concert avec les mairies, les associations et les habitants du quartier » précise le ministre. Deux officiers de police judiciaire seront également affectés aux quatre quartiers pour épauler le travail des 22 agents.

Criminalité organisée

« Tous les jours, on accueille des femmes démunies, raconte Jamila Ari, On travaille sur le désenclavement avec elles. Un enclavement physique mais aussi moral qu’elles subissent au quotidien. 10 ans après le plan Borloo, pourquoi on en est arrivé là ? »

Et Najet Benzohra, présidente du Petit prince de déplorer : « Nous sommes dans la cité depuis 1994, on a ouvert un restaurant d’insertion pour des femmes sans diplômes. Mais hélas, on n’a plus de financement de la Région »

Les membres de l’AVEF qui œuvrent pour le soutien parental ont voulu faire part de leurs inquiétudes au ministre : « l’état psychologique de nos adhérents est préoccupant. Cauchemars, stress nocturne et des gens qui ne veulent plus emmener leurs enfants à l’école ».

Et le maire de conclure après ces témoignages poignants : « Il y a deux ans, il y a eu une rupture. Depuis, les associations de prévention et d’aide ne peuvent plus travailler. Leur travail est rendu trop difficile par la présence des dealers qui apparaissent désormais comme les maîtres du quartier ».

« Depuis deux ans, oui, nous faisons face à une criminalité organisée, en convient le ministre. Certes on refait les immeubles, mais on laisse l’extérieur se détériorer avec le crime et l’insécurité. Avec 22 policiers supplémentaires qui interviendront sur des horaires différents, la police sera plus présente. Mais quand on voit qu’un jeune peut gagner jusqu’à 120€ pour surveiller le point de deal, des moyens policiers ne peuvent suffire. Toutes les têtes pensantes se réunissent à Paris depuis des années sur ce sujet. Il faut faire confiance aux territoires. »

Police sur-mesure

C’est donc une police sur-mesure qui sera faite ici, assure le ministre. En lien avec la mairie et les habitants. Avec deux officiers de police judiciaire on pourra casser les filières. Et puis il faut travailler avec les femmes et ces mères isolées qui se sentent perdues ».

Le ministre, son secrétaire d’état, le maire et la députée Émilie Guérel ont écouté ces citoyens épuisés par leur vie quotidienne. Pour ces derniers, 22 policiers et 2 OPJ c’est bien. Mais leur calvaire ne va, hélas, pas cesser demain. Car ces renforts sont annoncés pour septembre…

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