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mardi 17 juin 2025

Mortalité massive de mésanges bleues en Allemagne, à surveiller en France

Les premiers cas suspects de mortalité chez les mésanges bleues en Allemagne ont été notés durant le première quinzaine du mois de Mars. L’épidémie a ensuite progressé et vient brusquement de s’accélérer. En effet, les notifications d’oiseaux malades et morts au NABU (via un formulaire électronique dédié) continuent de grimper et sont passées d’un total de 8000 entre Mars et Pâques, à 15000 le 15/4, puis 20000 le 17/4 et 26000 le 21/4 . En parallèle, l’épidémie s’étend géographiquement et il y a maintenant des cas confirmés en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg. 

L’agent pathogène est resté mystérieux durant les premières semaines de l’épidémie. Les soupçons se sont ensuite orientés vers Suttonella ornithocola qui vient d’être formellement confirmée. Il s’agit une bactérie de la famille des Cardiobacteriaceae formellement décrite en 2005 (Foster et al. 2005). Toutefois, sa découverte remonte au printemps 1996 où elle fut impliquée dans plusieurs évènements de mortalité de mésanges en Angleterre et au Pays de Galle (Kirkwood et al. 2006). Depuis sa découverte, cette bactérie cause sporadiquement des épisodes de mortalité limitée chez les mésanges à travers la Grande-Bretagne (Lawson et al. 2011). Jusque récemment, ce pathogène semblait restreint géographiquement au Royaume-Uni, mais cette bactérie a été confirmée comme l’agent responsable de petits épisodes de mortalité chez des mésanges en Finlande et en Allemagne aux printemps 2017 (EVIRA 2017) et 2018 (Merbach et al. 2019) respectivement.

L’infection entraîne des symptômes non-spécifiques et une maladie de type pneumonie associée avec des nécroses pulmonaires multiples (Lawson et al. 2011, EVIRA 2017). Les oiseaux atteints restent assis, léthargiques avec leurs plumes gonflées, ne tentant pas d’échapper aux personnes qui s’approchent, ils n’arrivent plus à s’alimenter, éprouvent des difficultés respiratoires et présentent souvent des atteintes oculaires. Apparemment, les individus manifestant ces symptômes auraient développé une forme avancée de la maladie, fatale en peu de temps.

S. ornithocola affecte presque exclusivement les mésanges bleues, toutefois les autres espèces de mésanges (Paridae et Aegithalidae) peuvent potentiellement être infectées. Des cas de mortalité ont d’ailleurs été confirmés chez les mésanges noires, à longues-queues et charbonnières (Forster et al. 2005, Lawson et al. 2011, EVIRA 2017, Merbach et al. 2019).

Relativement peu de choses sont connues concernant la transmission de S. ornithocola chez les mésanges, seule la saisonnalité printanière de l’infection semble constante. Étant donné que la bactérie provoque une infection pulmonaire, une contamination par les aérosols (c’est-à-dire gouttelettes d’agent infectieux) libéré par la toux ou les éternuements est considérés comme la voie de transmission la plus probable (Lawson et al. 2011). La durée pendant laquelle S. ornithocola peut survivre dans l’environnement est inconnue.

Le diagnostic de S. ornithocola est généralement fait post-mortem et n’est pas aisé puisque, les atteintes observées ne sont pas spécifiques et que cette bactérie requiert des conditions de culture exigeantes en laboratoire. Des tests moléculaires ont donc été développés et sont nécessaires pour confirmer la présence de S. ornithocola (Peniche et al. 2017).

Cette bactérie n’a jamais été détectée chez l’homme, les mammifères ou d’autres oiseaux que les mésanges et n’est donc pas considérée comme pathogène potentiel pour l’homme. Il convient toutefois d’éviter tout contact ou manipulation avec des oiseaux morts ou symptomatiques (en effet, d’autres agents pathogènes potentiellement zoonotiques peuvent être présents).

L’ampleur de l’épidémie sévissant actuellement en Allemagne est surprenante puisque jusqu’ici S. ornithocola n’avait entrainé que des épisodes épidémiques limités. La situation semblant se détériorer, afin de limiter la transmission, il est impératif d’éviter tout rassemblement et concentration d’oiseaux. Le seul moyen d’agir est donc de stopper tout nourrissage dans les jardins au printemps/été, et d’enlever les mangeoires et abreuvoirs (ce qui d’ailleurs devrait déjà être fait à cette date, cf. post sur ‘Recommandations d’hygiène pour le nourrissage des oiseaux des jardins’).

Si vous observez une mortalité anormale de mésanges bleues en France, signalez-le au réseau de surveillance épidémiologique de la faune sauvage (SAGIR).

Source : CRBP Info. Jean-Marc Chavatte.

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Mortalité massive de mésanges bleues en Allemagne, à surveiller en France

Les premiers cas suspects de mortalité chez les mésanges bleues en Allemagne ont été notés durant le première quinzaine du mois de Mars. L’épidémie a ensuite progressé et vient brusquement de s’accélérer. En effet, les notifications d’oiseaux malades et morts au NABU (via un formulaire électronique dédié) continuent de grimper et sont passées d’un total de 8000 entre Mars et Pâques, à 15000 le 15/4, puis 20000 le 17/4 et 26000 le 21/4 . En parallèle, l’épidémie s’étend géographiquement et il y a maintenant des cas confirmés en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg. 

L’agent pathogène est resté mystérieux durant les premières semaines de l’épidémie. Les soupçons se sont ensuite orientés vers Suttonella ornithocola qui vient d’être formellement confirmée. Il s’agit une bactérie de la famille des Cardiobacteriaceae formellement décrite en 2005 (Foster et al. 2005). Toutefois, sa découverte remonte au printemps 1996 où elle fut impliquée dans plusieurs évènements de mortalité de mésanges en Angleterre et au Pays de Galle (Kirkwood et al. 2006). Depuis sa découverte, cette bactérie cause sporadiquement des épisodes de mortalité limitée chez les mésanges à travers la Grande-Bretagne (Lawson et al. 2011). Jusque récemment, ce pathogène semblait restreint géographiquement au Royaume-Uni, mais cette bactérie a été confirmée comme l’agent responsable de petits épisodes de mortalité chez des mésanges en Finlande et en Allemagne aux printemps 2017 (EVIRA 2017) et 2018 (Merbach et al. 2019) respectivement.

L’infection entraîne des symptômes non-spécifiques et une maladie de type pneumonie associée avec des nécroses pulmonaires multiples (Lawson et al. 2011, EVIRA 2017). Les oiseaux atteints restent assis, léthargiques avec leurs plumes gonflées, ne tentant pas d’échapper aux personnes qui s’approchent, ils n’arrivent plus à s’alimenter, éprouvent des difficultés respiratoires et présentent souvent des atteintes oculaires. Apparemment, les individus manifestant ces symptômes auraient développé une forme avancée de la maladie, fatale en peu de temps.

S. ornithocola affecte presque exclusivement les mésanges bleues, toutefois les autres espèces de mésanges (Paridae et Aegithalidae) peuvent potentiellement être infectées. Des cas de mortalité ont d’ailleurs été confirmés chez les mésanges noires, à longues-queues et charbonnières (Forster et al. 2005, Lawson et al. 2011, EVIRA 2017, Merbach et al. 2019).

Relativement peu de choses sont connues concernant la transmission de S. ornithocola chez les mésanges, seule la saisonnalité printanière de l’infection semble constante. Étant donné que la bactérie provoque une infection pulmonaire, une contamination par les aérosols (c’est-à-dire gouttelettes d’agent infectieux) libéré par la toux ou les éternuements est considérés comme la voie de transmission la plus probable (Lawson et al. 2011). La durée pendant laquelle S. ornithocola peut survivre dans l’environnement est inconnue.

Le diagnostic de S. ornithocola est généralement fait post-mortem et n’est pas aisé puisque, les atteintes observées ne sont pas spécifiques et que cette bactérie requiert des conditions de culture exigeantes en laboratoire. Des tests moléculaires ont donc été développés et sont nécessaires pour confirmer la présence de S. ornithocola (Peniche et al. 2017).

Cette bactérie n’a jamais été détectée chez l’homme, les mammifères ou d’autres oiseaux que les mésanges et n’est donc pas considérée comme pathogène potentiel pour l’homme. Il convient toutefois d’éviter tout contact ou manipulation avec des oiseaux morts ou symptomatiques (en effet, d’autres agents pathogènes potentiellement zoonotiques peuvent être présents).

L’ampleur de l’épidémie sévissant actuellement en Allemagne est surprenante puisque jusqu’ici S. ornithocola n’avait entrainé que des épisodes épidémiques limités. La situation semblant se détériorer, afin de limiter la transmission, il est impératif d’éviter tout rassemblement et concentration d’oiseaux. Le seul moyen d’agir est donc de stopper tout nourrissage dans les jardins au printemps/été, et d’enlever les mangeoires et abreuvoirs (ce qui d’ailleurs devrait déjà être fait à cette date, cf. post sur ‘Recommandations d’hygiène pour le nourrissage des oiseaux des jardins’).

Si vous observez une mortalité anormale de mésanges bleues en France, signalez-le au réseau de surveillance épidémiologique de la faune sauvage (SAGIR).

Source : CRBP Info. Jean-Marc Chavatte.

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L’agent pathogène est resté mystérieux durant les premières semaines de l’épidémie. Les soupçons se sont ensuite orientés vers Suttonella ornithocola qui vient d’être formellement confirmée. Il s’agit une bactérie de la famille des Cardiobacteriaceae formellement décrite en 2005 (Foster et al. 2005). Toutefois, sa découverte remonte au printemps 1996 où elle fut impliquée dans plusieurs évènements de mortalité de mésanges en Angleterre et au Pays de Galle (Kirkwood et al. 2006). Depuis sa découverte, cette bactérie cause sporadiquement des épisodes de mortalité limitée chez les mésanges à travers la Grande-Bretagne (Lawson et al. 2011). Jusque récemment, ce pathogène semblait restreint géographiquement au Royaume-Uni, mais cette bactérie a été confirmée comme l’agent responsable de petits épisodes de mortalité chez des mésanges en Finlande et en Allemagne aux printemps 2017 (EVIRA 2017) et 2018 (Merbach et al. 2019) respectivement.

L’infection entraîne des symptômes non-spécifiques et une maladie de type pneumonie associée avec des nécroses pulmonaires multiples (Lawson et al. 2011, EVIRA 2017). Les oiseaux atteints restent assis, léthargiques avec leurs plumes gonflées, ne tentant pas d’échapper aux personnes qui s’approchent, ils n’arrivent plus à s’alimenter, éprouvent des difficultés respiratoires et présentent souvent des atteintes oculaires. Apparemment, les individus manifestant ces symptômes auraient développé une forme avancée de la maladie, fatale en peu de temps.

S. ornithocola affecte presque exclusivement les mésanges bleues, toutefois les autres espèces de mésanges (Paridae et Aegithalidae) peuvent potentiellement être infectées. Des cas de mortalité ont d’ailleurs été confirmés chez les mésanges noires, à longues-queues et charbonnières (Forster et al. 2005, Lawson et al. 2011, EVIRA 2017, Merbach et al. 2019).

Relativement peu de choses sont connues concernant la transmission de S. ornithocola chez les mésanges, seule la saisonnalité printanière de l’infection semble constante. Étant donné que la bactérie provoque une infection pulmonaire, une contamination par les aérosols (c’est-à-dire gouttelettes d’agent infectieux) libéré par la toux ou les éternuements est considérés comme la voie de transmission la plus probable (Lawson et al. 2011). La durée pendant laquelle S. ornithocola peut survivre dans l’environnement est inconnue.

Le diagnostic de S. ornithocola est généralement fait post-mortem et n’est pas aisé puisque, les atteintes observées ne sont pas spécifiques et que cette bactérie requiert des conditions de culture exigeantes en laboratoire. Des tests moléculaires ont donc été développés et sont nécessaires pour confirmer la présence de S. ornithocola (Peniche et al. 2017).

Cette bactérie n’a jamais été détectée chez l’homme, les mammifères ou d’autres oiseaux que les mésanges et n’est donc pas considérée comme pathogène potentiel pour l’homme. Il convient toutefois d’éviter tout contact ou manipulation avec des oiseaux morts ou symptomatiques (en effet, d’autres agents pathogènes potentiellement zoonotiques peuvent être présents).

L’ampleur de l’épidémie sévissant actuellement en Allemagne est surprenante puisque jusqu’ici S. ornithocola n’avait entrainé que des épisodes épidémiques limités. La situation semblant se détériorer, afin de limiter la transmission, il est impératif d’éviter tout rassemblement et concentration d’oiseaux. Le seul moyen d’agir est donc de stopper tout nourrissage dans les jardins au printemps/été, et d’enlever les mangeoires et abreuvoirs (ce qui d’ailleurs devrait déjà être fait à cette date, cf. post sur ‘Recommandations d’hygiène pour le nourrissage des oiseaux des jardins’).

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