Charline Bourcier ne connait pas de frontières lorsqu’elle explore des sujets sociétaux et environnementaux.
Si les catastrophes industrielles, les enjeux énergétiques de ce siècle et les diverses pollutions engendrées par les activités humaines sont au coeur de ses oeuvres, l’artiste se refuse à toute prise de position politique : « Je crois que le but d’un artiste, c’est de dévoiler une certaine vision du monde tout en alertant, mais il ne faut pas tomber dans le piège du politique. L’art doit être un monde d’éveil. Dans mes oeuvres, je glisse plusieurs images, il y a des associations imprévus, un peu comme dans un rêve. Je laisse le spectateur tirer son propre sens. »
« Que reste-t-il dans notre esprit de toutes images vus dans les médias? »
Charline reprend : « Si vous prenez certaines de mes oeuvres, vous verrez plusieurs fois le même motif repris à l’identique. Parfois, l’objet est travaillé en premier plan, d’autre fois il est en filigrane dans une autre oeuvre. C’est par exemple le cas avec le réacteur IV de la centrale nucléaire de Fukushima. Son image est parfois altéré par l’affirmation de procédés plastiques comme le recouvrement, le frottement, les coulures (…). Si l’image vous saute aux yeux ici, elle pourrait se fondre dans le décors là. La question ultime étant, après une catastrophe écologique, que reste-t-il dans notre esprit de toutes ces images vus dans les médias ? »
« Une vision du monde qui pousse à l’éveil des consciences »
Si l’exposition est à découvrir jusqu’au 20 mars prochain, pour Fabiola Casagrande, adjointe à la culture de la ville, la rencontre était attendue : « C’est dans une autre ville que j’ai vu pour la première fois les oeuvres de Charline, et je suis tombée en amour de son travail. C’est une véritable joie, et j’en suis très émue, de pouvoir enfin vous proposer un aperçu de son labeur. Tantôt au fusain, tantôt à la peinture, l’artiste nous offre sa vision du monde et nous pousse à l’éveil des consciences avec un message qui dérange. »
De la peinture ou du fusain pour un même thème.
Dans les différentes pièces de la maison du Cygne, les oeuvres se découvrent et les univers s’affrontent. « La semaine de l’installation sera inoubliable pour moi, même mythique. Je travaille beaucoup avec la peinture, mais par la force des choses, parce que je n’avais pas assez de lumière dans mon atelier, j’ai repris le fusain qui est une matière très volatile, qui donne un aspect flou et une impression d’effacement. L’architecture des lieux m’a permis de proposer des travaux différents avec pourtant un message similaire et de tout réunir dans le même temps. »