Hier matin, dans la cité Pierre Semard, l’association nationale des cheminots anciens combattants du Var (l’ANCAC) organisait une cérémonie commémorative pour Pierre Semard, une figure légendaire de la résistance.
Une vie de combats.
Né d’un père cheminot et d’une mère « garde-barrière » l’homme a baigné toute sa vie dans le milieu ferroviaire. Cet autodidacte qui ne possédait pas son certificat d’études devient secrétaire du chef de gare de Valence à ses 25 ans et évolue comme militant syndical à la CGT. Peu de temps après, il devient secrétaire général du Parti Communiste Français en juillet 1924. L’homme fait partie de ceux qui travaillent à la nationalisation des compagnies ferroviaires privées qui aboutira à la création de la SNCF en 1938. La fin du gouvernement du Front Populaire quelques mois plus loin entraine la fin des temps pour les syndicalistes de l’époque. Une chasse aux sorcières s’organise. Arrêté en octobre 1939 à la gare de Loches et déplacé de prison en prison jusqu’à Evreux dans l’Eure, il fait partie des premiers fusillés par les Allemands nazis avec d’autres militants en 1942.
Un symbole parmi 8000 autres cheminots fusillés.
Si Louis Dutto, président de L’ANCAC du Var admet ne pas avoir les noms des compagnons d’armes fusillés en tête, il érige Pierre Semard en symbole. Nathalie Marin, secrétaire générale de la CGT cheminot Toulon, insiste, « L’homme ne doit pas occulter les quelques 8000 autres cheminots (ndlr : morts en joue) pour leurs revendications ». Elle poursuit : « Il faut saluer le courage et les convictions qui ont conduit Pierre Semard jusqu’à la mort en tant qu’homme libre. Nous sommes les héritiers de ces combats, et c’est en son souvenir que nous participerons à la manifestation du 18 mars prochain qui aura lieu à Nice pour protester contre la montée de l’extrême droite. »
Un contexte particulier.
Quelques minutes plus tard, Claude Mainfroi, un ancien cheminot venu assister à la commémoration confiait : « C’est un événement important chaque année, mais là, en vu du contexte, il y a un sentiment étrange qui s’appose à notre présence. Cela fait presque deux semaines que la guerre fait à nouveau des morts à quelques heures de route de chez nous. Vous savez, j’étais enfant quand j’ai vécu la guerre, mais laissez-moi vous dire que même lorsqu’on ne participe pas sur les champs de bataille et qu’on voit ça avec les yeux des premiers âges … ça laisse des marques. Il faut que les jeunes générations sachent, le monde doit se souvenir. »