« Le Brusc à Livre ouvert » est organisé par le CLAB (Le Comité de Liaison des Associations Bruscaines) avec le soutien de la municipalité. Bernard Maury, journaliste a RTL pendant une décennie et directeur d’une agence de communication, muni de son micro, interview face au public des personnalités du monde littéraire et/ou politique.
L’année dernière, Bernard Cazeneuve s’était prêté au jeu. Et si faire venir des personnalités aussi prestigieuses n’est pas chose aisée, cette dernière rencontre avec un ancien premier ministre est le fait de Delphine Quin, adjointe au maire et membre du CLAB. Multipliant les contacts avec le cabinet du maire du Havre, elle s’est démenée corps et âmes jusqu’à croiser finalement par hasard Gilles Boyer à la foire du Livre à Toulon.
« L’échange a été très prometteur, mais j’avais la crainte que la proposition ne s’oublie à nouveau. J’ai dû relancer la chose plus d’une fois. Je suis ravie que ces messieurs aient fait le déplacement et je suis déjà en train de chercher un des prochains grands noms qui viendra au Brusc l’année prochaine. » Le 22 juillet prochain, c’est François Heisbourg qui présentera son livre « Retour de la guerre » . Le thème de la soirée sera assurément la géopolitique.
Édouard Philippe et Gilles Boyer ont raconté Matignon à la Maison du Patrimoine.
Ce samedi soir, une centaine de personnes étaient installées dans le jardin de la Maison du Patrimoine au Brusc. Tous étaient venus pour entendre Edouard Philippe, ancien premier ministre, faire la promotion du livre qu’il a écrit à quatre mains avec Gilles Boyer, son conseiller avant d’être élu député européen.
Si l’ouvrage intitulé « Impressions et lignes claires » n’est pas « une chronique, ni, à proprement parler, un récit des 1145 jours passés à Matignon, ni un essai, ni un ouvrage programmatique » commence le maire du Havre, il est un livre qui dévoile « une réflexion sur ce qu’est de gouverner. Nous avons choisi des sujets et des moments qui nous ont marqué. Nous avons décidé de mettre en lumière beaucoup de dossiers complexes comme Notre-Dame des Landes, qui était un moment chaud, même si on l’oublie souvent à présent, de revenir sur le crise sanitaire ou encore de reprendre le moment des gilets jaunes. » « L’idée, reprend Gilles Boyer, c’était de montrer comment se prennent des décisions difficiles dans un contexte fort. La personne qui lit peut ainsi un peu mieux comprendre les rouages de la machine. »
Des grands Hommes et des séries TV.
Dans un livre qui dévoile parfois les coulisses de Matignon, les deux hommes usent souvent d’humour pour tenir le lecteur en haleine. Il en sera de même avec l’auditoire de la Maison du Patrimoine. Avouant avoir recherché des attitudes à avoir lorsqu’on est au pouvoir en lisant de nombreuses biographies de Winston Churchill, en étudiant les textes de Mazarin où encore les Mémoire de Talleyrand « qui sont à prendre avec des pincettes » , les hommes s’arrêtent sur la vie du Général De Gaulle, cite plus d’une fois Alexandre Le Grand, avant d’admettre que « toutes les oeuvres qui traitent de la conquête ou mieux encore, de l’exercice du pouvoir sont ainsi bonne à prendre … comme Star Wars ou Game Of Throne (…) La littérature est une forme de savoir, poursuit Edouard Philippe, et même dans la fiction on peut se servir de la force de caractère d’un personnage. Je plains ceux qui n’ont pas une galerie de portraits qui les guident au quotidien. »
Les nuits blanches et le pouvoir.
Sur le rôle de premier ministre, il admettra avoir ressenti de la peur lorsqu’il a été nommé. « Et puisqu’elle était là, il a fallu l’apprivoiser ». Au matin du 15 mai 2017, lorsqu’il prend ses fonctions, il avait perdu 6 six kilos en dix jours. « La fonction devient plus importante que l’humain. C’est elle qui vous fait. Je n’ai pas peur de dire que j’ai eu peur. On craint de mal faire quelque chose de prendre une mauvaise décision. Mais on se ressaisit. L’angoisse ne doit pas vous paralyser ni vous faire plonger dans l’immobilisme. » Devant l’auditoire, il confiera plus tard : « J’ai fait quelques nuits blanches à Matignon. Une fois parce que nous avions lancé une opération militaire et que j’étais bien évidemment incapable de retirer cela de mes pensées, une autre parce que dans la nuit je commençais à me dire que nous avions pris une mauvaise décision sur un sujet. » C’est là qu’entre en scène le conseiller, l’ami depuis plus de 20 ans. Gilles Boyer témoigne : « Je ne suis pas un flatteur. Je peux dire à Edouard quand il fait bien les choses et lorsqu’il va dans la mauvaise direction, évidemment, je ne prends pas la décision à sa place, il a d’ailleurs d’autres conseillers. Mais avoir quelqu’un de confiance à ses côtés soulage parfois. »
Le livre « Impressions et Lignes Claires » d’Edouard Philippe et de Gilles Boyer est en vente dans toutes les librairies.