Si l’Histoire de l’humanité semble être figée dans les manuels scolaires, il s’agit en réalité d’une science qui peut parfois être remise en question en fonction de nouvelles sources qui émergent. À l’université, on l’appelle d’ailleurs « science molle » en opposition aux mathématiques qui sont « des sciences dures ».
Antoine Peretti, docteur en Ethno-Histoire et président de l’association « Les Amis du Patrimoine de Six-Fours et de ses environs » explique : « Il faut distinguer les vérités des hypothèses. Certaines hypothèses sont passées dans l’ordre de la vérité dans l’esprit des gens et il faut faire attention quand on remet ces dernières en question (rires), je pense notamment à l’origine du nom de la ville de Six-Fours. Lancer un débat sur le sujet, c’est créer des mécontents et quelque part je veux bien le comprendre, car il y a des choses qui font partie de la mémoire collective. »
Une exposition sur les origines de la ville dans l’Antiquité.
À l’espace Jules de Greling, ce mardi matin, une dizaine de membres de l’association sont venus installer les panneaux qu’ils ont fabriqué sur le thème de « Six-Fours dans l’Antiquité de Tauroeis à Tauroentum ». En se basant sur des textes issus de l’Antiquité(1) et en croisant ces derniers avec des sources archéologiques qui sont autant de preuves matérielles, les amoureux de l’Histoire relatent sur grands formats les secrets de la cité ancienne. L’exposition qu’ils ont préparé sera accessible au public à partir de samedi 10 septembre pour une semaine.
Des hypothèses concernant la naissance de la ville.
Des objets issus des fouilles sous-marines archéologiques autour de l’île des Embiez seront également à découvrir avec notamment des amphores datant jusqu’à quatre siècles avant Jesus-Christ. Il reprend : « On ne rentre dans aucun conflit de l’Histoire, on dresse des hypothèses, on présente le passé et certains de ses vestiges à la population. On se permet quand même de préciser qu’il est fort peu probable que la fondation de Tauroeis soit dû à un seul navire phocéen égaré. Mais c’est le jeu des textes antiques, il y a toujours une part de mythologie dedans. »
(1) Un exemple, mais il y en a d’autres à découvrir : « Tauroeis, ville Celtique, colonie de Massaliètes; [les habitants, Tauroenties]. Artémidore, livre Ier de sa Géographie, dit que le Taurophore était le vaisseau qui transporta ceux qui fondèrent cette ville ; rejetés de la flotte des Phocéens, ils bâtirent là une ville qu’ils nommèrent Tauros, d’après l’insigne que portait leur vaisseau. – Ethnique, Tauroenties. »
Charlie Hourcau est un homme en contact avec les siècles. Ancien plongeur professionnel, celui qui a passé sa vie à arpenter le fond des mers n’avait pas l’intention de raccrocher sa bouteille à oxygène une fois la retraite venue. En 1998, il fonde l’association Jason Archéo Sub. Grâce à une autorisation du Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines (le DRASSM), un service d’État, il entreprend de nombreuses fouilles dans l’archipel des Embiez.
Les bateaux Antiques sont nombreux mais cachés sous des sédiments.
« La Baie du Brusc était est encore aujourd’hui un point essentiel de la navigation maritime. Lorsqu’il y a de mauvaises conditions météorologiques, bon nombre de bateaux venaient s’abriter dans le coin. Il y a énormément de belles choses à découvrir sous les eaux. Et il n’y aura pas assez d’e toute une vie pour tout ramasser. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’après qu’un bateau ait touché le fond, les sédiments viennent le recouvrir. Pour découvrir des amphores, je dois parfois à l’aide d’une suceuse, aspirer jusqu’à plus de deux mètres de profondeur pour trouver une épave. Sans outils, elles sont invisibles à l’oeil nu ou se laissent deviner uniquement par petits détails pour des yeux experts. »
Des amphores, de la vaisselle … un squelette.
Si l’homme semble pudique et qu’il à du mal à mettre des mots sur les émotions qu’il peut ressentir une fois, sous l’eau, en contact avec des objets qui n’ont pas été touchés par la main de l’homme depuis des millénaires, il se souvient de la surprise qu’il a pu éprouver lorsqu’il a découvert à côté des amphores un cadavre vieux de plusieurs siècles. « Il est exposé dans la tour de Sanary-sur-mer. C’était quelque chose d’incroyable. On ne sait jamais ce qu’on va trouver au fond des eaux, mais un corps humain c’était une première pour moi. »
Des navires de commerce surtout.
Dans la baie, les navires qui passaient par-là étaient surtout des bâtiments qui regorgeaient de marchandises destinées à la vente. « Ils longeaient la côte généralement, c’est pour cette raison que nous avons autant d’amphores sous les eaux. Et on sait qu’ils avaient le même itinéraire, car parfois les bateaux qui reposent sous les eaux sont très proches. Un jour, en fouillant sous les sédiments pour découvrir un navire … j’en ai trouvé un second, exactement sous le premier. Pour les conditions de navigation de l’époque, le lieu devait être dangereux et les deux ont écopé de la même punition. »