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mercredi 18 juin 2025

Les anciens des Tuileries se souviennent 

Samedi après-midi, dans le cadre des journées européennes du patrimoine, de nombreuses visites guidées avaient lieu sur la commune. Claude Majastre, membre de l’association les Amis du Patrimoine de Six-Fours et de ses environs a fait le choix d’animer pendant plus d’une heure une déambulation dans le quartier de la Coudoulière pour faire revivre la société des Tuileries de Romain Boyer fondée en 1901.

Le témoignage des vivants. 

Étaient présents, certains enfants des anciens employés de l’usine, prêts à témoigner du quotidien de leurs aînés. « À l’époque, raconte l’un d’entre eux, il y avait beaucoup de fatalisme, lorsqu’on avait mal quelque part, on faisait avec et on retournait s’abîmer le lendemain. Ma mère Fernande avait toujours les mains douloureuses à cause de la chaleur du four et de la fraicheur du reste des locaux car bon nombre de vitres étaient brisées. Elle se frottait constamment les mains. Je me souviens des caresses de ma mère sur mon visage qui me faisaient toujours mal. Et lorsqu’elle nous embrassait le matin, elle avait déjà l’odeur de la tuile et de la sueur. Le labeur était extrêmement difficile pour nos aînés, mais il y avait une solidarité entre eux incroyable. »

Le parler de l’époque peut changer des détails. 

Claude Majastre, passionné, n’a eu de cesse de collecter les témoignages et de fouiller dans les archives afin de figer l’Histoire dans ses écrits. « Ce sont les archives de la ville, du département, de l’usine même, et le témoignage des anciens qui me permettent de raconter aujourd’hui. Il y a des choses qui se transforment sans qu’on n’y prête attention. Par exemple, les gens de ma génération sont allés à l’école de la Coudourière. C’est dans les années 60 que le conseil municipal a changé le nom du quartier. Et pourquoi ? Parce qu’à la base on dit Coudoulière en Provençal pour traduire une plage de galets, mais avec le temps et le parler de l’époque, le mot s’est métamorphosé en Coudourière. Fallait-il que la municipalité rende la noblesse à ce mot ? Peut-être, mais il n’empêche que des plages de la Coudoulière il y en a dans chaque ville de la région. » Une fois ce détail établi, l’histoire de l’exploitation de l’argile se fait à nouveau entendre. Au début du siècle dernier, le site pouvait produire jusqu’à 45 tonnes de tuiles et de briques par jour avec une seule ligne de fours avant de les envoyer à Marseille par des tartanes, puis vers l’Afrique du Nord ou le Moyen Orient. En 1930, 320 personnes sont employées à l’usine et la production dépasse les 20.000 tonnes. Dans les années 60, les gisements d’argile finissent par s’épuiser, les installations vieillissent et les coûts de production augmentent. Le site ferme en 1967 et les lieux sont laissés à l’abandon.

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Les anciens des Tuileries se souviennent 

Samedi après-midi, dans le cadre des journées européennes du patrimoine, de nombreuses visites guidées avaient lieu sur la commune. Claude Majastre, membre de l’association les Amis du Patrimoine de Six-Fours et de ses environs a fait le choix d’animer pendant plus d’une heure une déambulation dans le quartier de la Coudoulière pour faire revivre la société des Tuileries de Romain Boyer fondée en 1901.

Le témoignage des vivants. 

Étaient présents, certains enfants des anciens employés de l’usine, prêts à témoigner du quotidien de leurs aînés. « À l’époque, raconte l’un d’entre eux, il y avait beaucoup de fatalisme, lorsqu’on avait mal quelque part, on faisait avec et on retournait s’abîmer le lendemain. Ma mère Fernande avait toujours les mains douloureuses à cause de la chaleur du four et de la fraicheur du reste des locaux car bon nombre de vitres étaient brisées. Elle se frottait constamment les mains. Je me souviens des caresses de ma mère sur mon visage qui me faisaient toujours mal. Et lorsqu’elle nous embrassait le matin, elle avait déjà l’odeur de la tuile et de la sueur. Le labeur était extrêmement difficile pour nos aînés, mais il y avait une solidarité entre eux incroyable. »

Le parler de l’époque peut changer des détails. 

Claude Majastre, passionné, n’a eu de cesse de collecter les témoignages et de fouiller dans les archives afin de figer l’Histoire dans ses écrits. « Ce sont les archives de la ville, du département, de l’usine même, et le témoignage des anciens qui me permettent de raconter aujourd’hui. Il y a des choses qui se transforment sans qu’on n’y prête attention. Par exemple, les gens de ma génération sont allés à l’école de la Coudourière. C’est dans les années 60 que le conseil municipal a changé le nom du quartier. Et pourquoi ? Parce qu’à la base on dit Coudoulière en Provençal pour traduire une plage de galets, mais avec le temps et le parler de l’époque, le mot s’est métamorphosé en Coudourière. Fallait-il que la municipalité rende la noblesse à ce mot ? Peut-être, mais il n’empêche que des plages de la Coudoulière il y en a dans chaque ville de la région. » Une fois ce détail établi, l’histoire de l’exploitation de l’argile se fait à nouveau entendre. Au début du siècle dernier, le site pouvait produire jusqu’à 45 tonnes de tuiles et de briques par jour avec une seule ligne de fours avant de les envoyer à Marseille par des tartanes, puis vers l’Afrique du Nord ou le Moyen Orient. En 1930, 320 personnes sont employées à l’usine et la production dépasse les 20.000 tonnes. Dans les années 60, les gisements d’argile finissent par s’épuiser, les installations vieillissent et les coûts de production augmentent. Le site ferme en 1967 et les lieux sont laissés à l’abandon.

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Samedi après-midi, dans le cadre des journées européennes du patrimoine, de nombreuses visites guidées avaient lieu sur la commune. Claude Majastre, membre de l’association les Amis du Patrimoine de Six-Fours et de ses environs a fait le choix d’animer pendant plus d’une heure une déambulation dans le quartier de la Coudoulière pour faire revivre la société des Tuileries de Romain Boyer fondée en 1901.

Le témoignage des vivants. 

Étaient présents, certains enfants des anciens employés de l’usine, prêts à témoigner du quotidien de leurs aînés. « À l’époque, raconte l’un d’entre eux, il y avait beaucoup de fatalisme, lorsqu’on avait mal quelque part, on faisait avec et on retournait s’abîmer le lendemain. Ma mère Fernande avait toujours les mains douloureuses à cause de la chaleur du four et de la fraicheur du reste des locaux car bon nombre de vitres étaient brisées. Elle se frottait constamment les mains. Je me souviens des caresses de ma mère sur mon visage qui me faisaient toujours mal. Et lorsqu’elle nous embrassait le matin, elle avait déjà l’odeur de la tuile et de la sueur. Le labeur était extrêmement difficile pour nos aînés, mais il y avait une solidarité entre eux incroyable. »

Le parler de l’époque peut changer des détails. 

Claude Majastre, passionné, n’a eu de cesse de collecter les témoignages et de fouiller dans les archives afin de figer l’Histoire dans ses écrits. « Ce sont les archives de la ville, du département, de l’usine même, et le témoignage des anciens qui me permettent de raconter aujourd’hui. Il y a des choses qui se transforment sans qu’on n’y prête attention. Par exemple, les gens de ma génération sont allés à l’école de la Coudourière. C’est dans les années 60 que le conseil municipal a changé le nom du quartier. Et pourquoi ? Parce qu’à la base on dit Coudoulière en Provençal pour traduire une plage de galets, mais avec le temps et le parler de l’époque, le mot s’est métamorphosé en Coudourière. Fallait-il que la municipalité rende la noblesse à ce mot ? Peut-être, mais il n’empêche que des plages de la Coudoulière il y en a dans chaque ville de la région. » Une fois ce détail établi, l’histoire de l’exploitation de l’argile se fait à nouveau entendre. Au début du siècle dernier, le site pouvait produire jusqu’à 45 tonnes de tuiles et de briques par jour avec une seule ligne de fours avant de les envoyer à Marseille par des tartanes, puis vers l’Afrique du Nord ou le Moyen Orient. En 1930, 320 personnes sont employées à l’usine et la production dépasse les 20.000 tonnes. Dans les années 60, les gisements d’argile finissent par s’épuiser, les installations vieillissent et les coûts de production augmentent. Le site ferme en 1967 et les lieux sont laissés à l’abandon.

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