Le 79ème anniversaire de la libération de la ville de Six-Fours s’est déroulée ce vendredi en coeur de ville. C’était l’occasion de revivre les moments marquants de la seconde Guerre Mondiale et de l’occupation allemande.
Au domaine du Plan de la Mer, les Allemands avaient mis des tonneaux de dynamites sous la maison.
Parce que leur terre était à quelques pas de la baie et que les Allemands craignaient un débarquement, au domaine du plan de la mer aussi, les plantations ont été arrachées par ces derniers.
Robert Priollio, témoigne pour ses grands-parents qui possédaient les terres à l’époque: « Ils ont fini par être évacués et sont allés se réfugier chez des amis. En leur absence, les caniers avaient été arrachés ainsi que les arbres fruitiers et les autres cultures. Il fallait avoir une vue dégagée. Tout avait été fait à la main, les Allemands avaient réquisitionné certains voisins, pour ce faire, et des gens du centre ville. Lorsque le débarquement a eu lieu à Frejus, les soldats en stationnement dans nos anciennes vignes ont été pris de court, ils ont quitté la terre familiale sur l’instant pour aider au front. Ils ne sont plus revenus. Lorsque mes grands-parents ont retrouvé leur champs, ils ont découvert sous la maison quelque chose de surprenant. Il y avait de la dynamite sous la maison. À quelques jours près, ils n’avaient plus de demeure. » Si l’on peut croire l’affaire derrière eux, la petite famille ne se remet pas du traumatisme. Robert termine : « Ils avaient la trouille des SS et du racket qu’ils avaient subi trop de fois. Les voisins étaient partis, les prochaines âmes qui vivent se trouvaient vers le Brusc. Ils ont continué d’exploiter la terre, évidemment, mais ont déménagé sur leur seconde parcelle à Mar Vivo afin de se rapprocher de la ville. »
« Les Allemands n’avaient que faire de nous »
Lucien Brémont est le propriétaire des terres du domaine de la Mourette. En 1928, c’était son grand-père qui avait fait acquisition de la toute première parcelle de la famille au Brusc. Son père, Noël, avait agrandi ces possessions en économisant le moindre sou. Il ne voulait ni constructions autour de ses plantations, ni nouveaux concurrents. Cet homme, qui « travaillait parfois jusqu’à l’épuisement » a pourtant cru voir son labeur réduit à néant dans les années 40. « Les allemands avaient une vue parfaite sur la baie ici et craignaient un débarquement. Ils ont donc fait construire au dessus de la ferme familiale une batterie et fait évacuer ma famille. Mon père, lui, s’est retrouvé un temps au STO (service de travail obligatoire) en Allemagne. Son labeur était d’arracher des vignes. Il en était malade. »
Des vols nombreux sur l’exploitation.
Avant cet éloignement forcé, l’homme a vécu de nombreux tourments sur son domaine. « Il a vu ses plantations arrachées, les arbres coupés, reprend Lucien, Les Allemands frappaient à la porte et repartaient avec les rares légumes du champ qui étaient toujours cultivés. Les Italiens qui étaient embauchés pour la petite main-d’oeuvre, et qui n’avaient pas envie d’être là, souffraient de la faim. La nuit, ils chapardaient ce qu’il restait à manger sur les terres. Je ne sais pas pourquoi mon père a continué de planter et d’essayer de récolter … le besoin de ne pas rester sans rien faire je crois. » Lorsque la famille comprend que les Allemands vont finalement réquisitionner la demeure, elle décide de créer un cellier avec un double fond. « Mon grand-père avait construit un faux mur et avait caché toutes ses graines, un tracteur, et les conserves que ma grand-mère avaient cuisinées. J’ai jeté il y a 10 ans des pots de sauce tomates qui étaient encore là. Les Allemands n’y avaient vu que du feu. C’était une bonne chose, car quand mon père et mon grand-père sont revenus sur la terre, ils ont pu replanter dans l’instant. »
Un prisonnier de guerre.
Autre surprise le jour de la restitution des terres: un prisonnier avait été fait et avait été mis à disposition des agriculteurs pour l’aide à la reconstruction. Lucien reprend : « Il est resté là une année avant que ma famille l’aide à retrouver son pays. C’était un homme enrôlé sans grande envie dans ce conflit. De plus, il avait vu tant d’horreurs qu’il était traumatisé. Ce grand gaillard se comportait comme un enfant. Les membres de ma famille avaient à coeur qu’il retrouve les siens et se fasse soigner. »
Autre souvenir qui a été confié à Lucien : les désaccords entre ses ainés quand les sirènes chantaient. « Mon grand-père avait creusé un trou qu’il pensait être un abri sûr, mon père refusait de s’enterrer. En cas de bombe, il disait ne pas vouloir être sous terre et préférait le double fond des cheminées des voisins qui laissaient leur grande demeure ouverte à tous à ce moment-là. »
La princesse ouvrait sa porte pendant les bombardements.
La princesse de Russie Marina Petrovna, petite fille du tsar Nicolas Ier et épouse du prince Alexandre Galitzine est arrivée au Brusc en exil. La tête couronnée y fit construire une bastide et une chapelle avec des pierres de récupération d’un monastère démantelé. Lorsque les sirène des bombardements retentissaient, elle laissait ses portes ouvertes pour que les maraîchers et autres voisins puissent s’engouffrer avec elle dans le double fond de sa cheminée. Là, tous attendaient le retour au calme.
Mémoires d’une libération :
Ce vendredi 25 août des membres de l’association « Group Military Conservation » (GMC) ont envahi le coeur de ville avec véhicules et costumes d’époque. Si chacun avait une histoire à raconter concernant le régiment qu’il représente: c’est avant tout par « devoir de mémoire » qu’ils étaient présents. « On a tous en tête le débarquement de Normandie et les Américains venus se faire tuer loin de chez eux. N’oublions pas non plus l’autre pan de l’Histoire qui s’est déroulé plus au sud avec également des unités alliées, françaises et coloniales. »
« Les forces de l’armée d’Afrique ont été déterminantes »
« Ils étaient pieds-noirs, Algériens, Tunisiens, Marocains et ont tous combattu pendant le débarquement de Provence, raconte Dominique. Pendant la bataille, il n’y avait aucune différence, tous ont mis leur force au service de la France. » L’homme a décidé, en ce jour, de s’habiller en Goumier, c’est à dire en soldat marocain. « Demain j’aurai peut-être un autre costume, mais j’ai à coeur de montrer que l’Afrique était à nos côtés. C’est une question de devoir, il faut raviver les souvenirs. »
« Pour ma grand-mère, résistante et ambulancière »
Valérie a le coeur plein de souvenirs. Sa grand-mère, ambulancière, avait aidé un groupe de parachutistes tombés au mauvais endroit en Normandie pendant le débarquement. En souvenir de son histoire et par amour pour sa grand-mère, un jour de commémoration, elle porte le costume d’ambulancière. Un membre de la GMC l’approche aussitôt. Cela fait treize ans à présent qu’elle est membre de l’association et que, lorsque vient la date, elle convoque le souvenir de son ainée et confie son histoire.
« Pour honorer une tradition familiale »
Elles ont entre 15 et 12 ans et connaissent par coeur certaines anecdotes de la seconde Guerre Mondiale. Depuis qu’elles ont cinq ans, leur oncle Jean-Pierre Calen les fait monter sur sa Jeep et les emmène aux défilés commémoratifs. L’homme étant décédé le mois dernier, elles ont fait le choix de faire perdurer la tradition. L’une représente « Les Rochambelles » ce groupe de femmes volontaires qui se sont engagées dans la guerre derrière le volant des ambulances, les deux autres sont en fusiliers marins.