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mardi 4 février 2025

Ce mardi, la sirène de la porte des chantiers retentira. Les anciens des chantiers racontent leurs souvenirs.

Tests de sirène Zone de Camp Laurent – Avenue Robert-Brun Mardi 4 février entre 13h30 et 15h 

Le mardi 4 février en début d’après-midi, l’ancienne sirène des Chantiers navals sera testée avenue Robert-Brun à Camp Laurent. Cette dernière pourra être entendue dans une grande zone alentour. Aucune action de la population n’est attendue, il s’agit uniquement de tester le matériel. Pour cette occasion, nous vous proposons de revenir sur quelques souvenirs des anciens des chantiers :

« À 15 ans, les chantiers m’ont effrayé »

Régis Bouisson est un fils d’agriculteur. À l’âge de 15 ans, il en a assez de l’école et dit à ses parents vouloir commencer sa vie professionnelle. Il a donc deux possibilités : travailler la terre comme ses aînés ou pousser la porte des chantiers navals. Le jeune homme commence alors une formation pour devenir chaudronnier, tuyauteur. Et le premier jour, il se dit effrayé.

Il raconte : « Pour un gamin qui a grandi dans les champs, les chantiers étaient très déstabilisants. Tout était très grand et il y avait beaucoup de bruit et des étincelles partout. J’étais effrayé. Les anciens que je croisais étaient carbonisés. À l’époque, on quittait son poste vers 68 ans, et quand on partait en retraite, on était au bout. Je me souviens qu’ils boitaient, la couleur de leur peau était différente, les doigts étaient gros, ils peinaient à s’asseoir, ils avaient de l’arthrose de partout. J’ai passé toute la matinée à imaginer une évasion. Je me disais à 12h, je sors, je prends le bus, je rentre à la maison et personne ne me reverra plus. J’ai finalement eu le courage de poursuivre et je n’ai pas regretté cette expérience même si j’ai fini par quitter mon poste avant le dépôt de bilan en 1986 et la fermeture l’année suivante. Psychologiquement, j’ai craqué. »

« Il y avait énormément de solidarité »

Jean-Paul Guisti, contrôleur aux chantiers navals, évoque avec nostalgie et respect la dureté du travail des ouvriers et la solidarité qui régnait parmi eux. Il souligne que les tensions n’émergeaient que lors des promotions, un reflet de la jalousie humaine, mais que, dans l’ensemble, l’entraide était la norme. Il décrit les conditions de travail difficiles, en particulier pour les travailleurs étrangers, souvent embauchés à la journée.

Jean-Paul se souvient des treize décès survenus durant sa carrière, et de la manière dont la communauté réagissait à ces tragédies : des collectes étaient organisées pour soutenir les veuves et les enfants des défunts. Il mentionne également une politique de l’entreprise qui permettait aux veuves de demander un emploi, souvent à l’atelier de couture, pour subvenir à leurs besoins.

En parlant des femmes dans le milieu du travail, il souligne qu’à son époque, elles étaient principalement cantonnées à des rôles dans la couture ou dans les bureaux. Cependant, il reconnaît leur contribution significative pendant les deux guerres mondiales, lorsque les hommes étaient mobilisés et que les femmes prenaient leur place dans les usines. Cette période a marqué un tournant dans l’histoire des chantiers, mettant en lumière le rôle essentiel des femmes dans l’industrie.

 

 

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Le mardi 4 février en début d’après-midi, l’ancienne sirène des Chantiers navals sera testée avenue Robert-Brun à Camp Laurent. Cette dernière pourra être entendue dans une grande zone alentour. Aucune action de la population n’est attendue, il s’agit uniquement de tester le matériel. Pour cette occasion, nous vous proposons de revenir sur quelques souvenirs des anciens des chantiers :

« À 15 ans, les chantiers m’ont effrayé »

Régis Bouisson est un fils d’agriculteur. À l’âge de 15 ans, il en a assez de l’école et dit à ses parents vouloir commencer sa vie professionnelle. Il a donc deux possibilités : travailler la terre comme ses aînés ou pousser la porte des chantiers navals. Le jeune homme commence alors une formation pour devenir chaudronnier, tuyauteur. Et le premier jour, il se dit effrayé.

Il raconte : « Pour un gamin qui a grandi dans les champs, les chantiers étaient très déstabilisants. Tout était très grand et il y avait beaucoup de bruit et des étincelles partout. J’étais effrayé. Les anciens que je croisais étaient carbonisés. À l’époque, on quittait son poste vers 68 ans, et quand on partait en retraite, on était au bout. Je me souviens qu’ils boitaient, la couleur de leur peau était différente, les doigts étaient gros, ils peinaient à s’asseoir, ils avaient de l’arthrose de partout. J’ai passé toute la matinée à imaginer une évasion. Je me disais à 12h, je sors, je prends le bus, je rentre à la maison et personne ne me reverra plus. J’ai finalement eu le courage de poursuivre et je n’ai pas regretté cette expérience même si j’ai fini par quitter mon poste avant le dépôt de bilan en 1986 et la fermeture l’année suivante. Psychologiquement, j’ai craqué. »

« Il y avait énormément de solidarité »

Jean-Paul Guisti, contrôleur aux chantiers navals, évoque avec nostalgie et respect la dureté du travail des ouvriers et la solidarité qui régnait parmi eux. Il souligne que les tensions n’émergeaient que lors des promotions, un reflet de la jalousie humaine, mais que, dans l’ensemble, l’entraide était la norme. Il décrit les conditions de travail difficiles, en particulier pour les travailleurs étrangers, souvent embauchés à la journée.

Jean-Paul se souvient des treize décès survenus durant sa carrière, et de la manière dont la communauté réagissait à ces tragédies : des collectes étaient organisées pour soutenir les veuves et les enfants des défunts. Il mentionne également une politique de l’entreprise qui permettait aux veuves de demander un emploi, souvent à l’atelier de couture, pour subvenir à leurs besoins.

En parlant des femmes dans le milieu du travail, il souligne qu’à son époque, elles étaient principalement cantonnées à des rôles dans la couture ou dans les bureaux. Cependant, il reconnaît leur contribution significative pendant les deux guerres mondiales, lorsque les hommes étaient mobilisés et que les femmes prenaient leur place dans les usines. Cette période a marqué un tournant dans l’histoire des chantiers, mettant en lumière le rôle essentiel des femmes dans l’industrie.

 

 

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Le mardi 4 février en début d’après-midi, l’ancienne sirène des Chantiers navals sera testée avenue Robert-Brun à Camp Laurent. Cette dernière pourra être entendue dans une grande zone alentour. Aucune action de la population n’est attendue, il s’agit uniquement de tester le matériel. Pour cette occasion, nous vous proposons de revenir sur quelques souvenirs des anciens des chantiers :

« À 15 ans, les chantiers m’ont effrayé »

Régis Bouisson est un fils d’agriculteur. À l’âge de 15 ans, il en a assez de l’école et dit à ses parents vouloir commencer sa vie professionnelle. Il a donc deux possibilités : travailler la terre comme ses aînés ou pousser la porte des chantiers navals. Le jeune homme commence alors une formation pour devenir chaudronnier, tuyauteur. Et le premier jour, il se dit effrayé.

Il raconte : « Pour un gamin qui a grandi dans les champs, les chantiers étaient très déstabilisants. Tout était très grand et il y avait beaucoup de bruit et des étincelles partout. J’étais effrayé. Les anciens que je croisais étaient carbonisés. À l’époque, on quittait son poste vers 68 ans, et quand on partait en retraite, on était au bout. Je me souviens qu’ils boitaient, la couleur de leur peau était différente, les doigts étaient gros, ils peinaient à s’asseoir, ils avaient de l’arthrose de partout. J’ai passé toute la matinée à imaginer une évasion. Je me disais à 12h, je sors, je prends le bus, je rentre à la maison et personne ne me reverra plus. J’ai finalement eu le courage de poursuivre et je n’ai pas regretté cette expérience même si j’ai fini par quitter mon poste avant le dépôt de bilan en 1986 et la fermeture l’année suivante. Psychologiquement, j’ai craqué. »

« Il y avait énormément de solidarité »

Jean-Paul Guisti, contrôleur aux chantiers navals, évoque avec nostalgie et respect la dureté du travail des ouvriers et la solidarité qui régnait parmi eux. Il souligne que les tensions n’émergeaient que lors des promotions, un reflet de la jalousie humaine, mais que, dans l’ensemble, l’entraide était la norme. Il décrit les conditions de travail difficiles, en particulier pour les travailleurs étrangers, souvent embauchés à la journée.

Jean-Paul se souvient des treize décès survenus durant sa carrière, et de la manière dont la communauté réagissait à ces tragédies : des collectes étaient organisées pour soutenir les veuves et les enfants des défunts. Il mentionne également une politique de l’entreprise qui permettait aux veuves de demander un emploi, souvent à l’atelier de couture, pour subvenir à leurs besoins.

En parlant des femmes dans le milieu du travail, il souligne qu’à son époque, elles étaient principalement cantonnées à des rôles dans la couture ou dans les bureaux. Cependant, il reconnaît leur contribution significative pendant les deux guerres mondiales, lorsque les hommes étaient mobilisés et que les femmes prenaient leur place dans les usines. Cette période a marqué un tournant dans l’histoire des chantiers, mettant en lumière le rôle essentiel des femmes dans l’industrie.

 

 

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