Contrairement à bien des petites filles, Gabrielle Priolio est née… dans les choux. À seulement 22 ans, elle représente la douzième génération à cultiver les quatre hectares de terres familiales, réparties entre le Clos Mireille à Mar-Vivo et le domaine du Plan de la Mer à la Coudoulière.
Chaque matin à l’aube, elle prépare avec minutie les cagettes de fruits et légumes récoltés la veille, destinés à sa fidèle clientèle. Bottes encore couvertes de terre, elle vend sur place ce qu’elle a fait pousser de ses mains. À ses côtés, ses parents, Robert et Karina, ont consacré leur vie à la terre. Bientôt, son père se retirera doucement, lui laissant les rênes de l’exploitation familiale. Gabrielle, elle, s’apprête à réaliser son rêve : reprendre la ferme avec sa mère.
« Un honneur, une évidence »
« C’est un honneur de reprendre le flambeau après les onze générations qui m’ont précédée, confie-t-elle. Je suis née dans ce milieu, je ne me voyais pas faire autre chose. Mais ce qui me ravit tout particulièrement, c’est de pouvoir offrir un peu de repos à mon père et de m’associer avec ma mère. Ensemble, on va pouvoir imaginer l’avenir. »
Le travail ne lui fait pas peur. Elle y est rompue depuis l’enfance et a grandi en observant les femmes de sa famille se relayer dans les champs. « Mon père m’a toujours dit que ce sont les femmes qui ont préservé nos terres. Les hommes ont été décimés par les guerres ou la maladie, mais les femmes, elles, n’ont jamais cessé de travailler. »
Un souvenir la fait sourire : « Ma mère ne s’est jamais arrêtée. Elle a même failli m’accoucher dans les fraises. Elle voulait finir sa cueillette avant d’aller à la maternité ! »
Le rêve d’un champ de tulipes, comme autrefois
Si les cultures ont évolué au fil des siècles, Gabrielle nourrit une ambition : renouer avec l’âme florale de ses terres. Au début du XXe siècle, les champs étaient couverts de fleurs, véritables tableaux vivants. L’été prochain, elle partira avec son père en Hollande, explorer les marchés de tulipes. Sous une serre, elle rêve de les voir refleurir à Six-Fours.
« Je pourrais les vendre via le marché des fleurs de Hyères. Quelle fierté ce serait de savoir que des tulipes nées ici embaument une maison en Italie ou en Allemagne. »
Des légumes pour les écoliers ?
Ce jour-là, tout en récoltant ses aubergines, Gabrielle partage une autre de ses aspirations : renforcer le rôle nourricier de l’agriculture locale. Si ses parents ont toujours privilégié la vente directe, elle envisage de diversifier.
« Je ne suis pas contre l’idée d’un partenariat plus structuré, qui stabiliserait un peu la trésorerie. J’ai pensé à proposer certaines récoltes aux cantines scolaires. On discute avec TPM. La condition, ce serait de pouvoir produire un peu plus, et de vérifier si c’est tenable. »
Depuis l’écriture de ces lignes, Gabrielle Priolio a été sacrée Miss France Agricole 2025. Une reconnaissance symbolique pour cette jeune femme enracinée dans sa terre, qui multiplie désormais les salons professionnels et les prises de parole pour défendre une cause qui lui tient à cœur : celle des agriculteurs et de leur place essentielle dans notre société.
Vente des produits de la ferme à Six-Fours (475 chemin du plan de la mer) le lundi, mercredi et vendredi matin. À Mar-Vivo (160 vieux chemin des Sablettes) le samedi et le mardi matin.