Elle est installée juste au-dessus du stade Antoine-Baptiste, reconnaissable entre toutes avec sa silhouette arrondie typique des années 70. La piscine Tournesol de Six-Fours n’est pas un équipement comme les autres : elle est née d’un rêve présidentiel et d’une époque où l’État investissait massivement pour apprendre à tous les enfants à nager.
Un vœu présidentiel devenu réalité :
À la fin des années 60, la France fait pâle figure aux Jeux olympiques de Mexico en natation, avec une seule médaille de bronze. Dans le même temps, une série de noyades dramatiques enflamme les chroniques estivales. Le général de Gaulle, alors président, veut réagir. Il lance un vaste programme : construire massivement des piscines pour permettre aux écoliers d’apprendre à nager.
Un concours d’architecture est lancé en 1969. Objectif : concevoir une structure économique, reproductible, fonctionnelle en été comme en hiver. L’architecte Bernard Schoeller remporte le concours avec un dôme semi-ouvert et rotatif, capable de s’adapter aux saisons. Le projet est baptisé « opération 1000 piscines » — mais seules 183 verront finalement le jour. Celle de Six-Fours est construite en 1979. Il n’en resterait aujourd’hui qu’une vingtaine encore en activité dans toute la France.
Une structure qui touche à ses limites :
Avec le temps, la Tournesol montre ses faiblesses. Trop petite pour accueillir à la fois les scolaires, les associations sportives et le grand public, elle souffre également de l’usure des matériaux. « Il n’existe plus qu’une seule entreprise capable d’intervenir sur ce type de structure, explique André Mercheyer, adjoint aux sports. Chaque réparation est complexe, longue et coûteuse. »
La ville de Six-Fours a longtemps espéré mutualiser l’usage de la piscine Aquasud avec la commune voisine de La Seyne-sur-Mer, mais le projet a échoué. Elle se tourne désormais vers un nouveau site : le quartier de Repentance.
Une nouvelle piscine en projet :
Un concours d’architecture est en cours pour concevoir une nouvelle piscine municipale sur le site de Repentance. Trois cabinets seront prochainement auditionnés pour proposer un avant-projet. La structure devrait être couverte, avec des parois mobiles permettant une utilisation en toutes saisons et un traitement réduit au chlore. Le jury d’architectes se réunira en juillet et le nom du lauréat sera annoncé à la rentrée.
Cette information a été rendue publique lors du dernier conseil municipal de Six-Fours et relayée dans les colonnes de Var-Matin.
Des souvenirs salés… et émouvants :
Avant 1979, les petits Six-Fournais devaient apprendre à nager… sur l’île des Embiez. « J’ai appris dans une piscine à l’eau salée, se souvient Marie-Diane. Un jour, on passe un test à Toulon. Moi, confiante, je plonge… et je coule. Sans le sel, pas de portance ! Le maître-nageur m’a repêchée. »
Pour les passionnés comme Franck Esposito, futur nageur olympique, les trajets étaient encore plus complexes. Enfant, il devait traverser la mer plusieurs fois par semaine pour s’entraîner, pendant que ses parents patientaient au Brusc.
Et demain ?
Certaines piscines Tournesol ont été labellisées « architecture contemporaine remarquable ». À Six-Fours, l’idée d’une reconversion n’est pas exclue. « Pourquoi ne pas en faire une salle municipale sous le dôme ou une salle d’exposition en lien avec des activités sportives à Six-Fours et ses champions? » imagine Jean-Sébastien Vialatte. La réflexion reste ouverte.
En attendant, la piscine Tournesol demeure un témoin discret mais éloquent d’une époque où la République rêvait d’un pays où tous les enfants sauraient nager.