À l’espace Jules de Greling, les membres de l’association du patrimoine présentent leurs dernières recherches sur le site de l’ancien village perché. L’exposition, visible jusqu’au 28 septembre, invite le public à plonger dans plus de mille ans d’histoire, depuis l’installation des vicomtes de Marseille jusqu’à la construction du fort militaire au XIXᵉ siècle.
Du castrum au village déserté
Dès le IXᵉ siècle, les vicomtes de Marseille installent un castrum à 216 mètres d’altitude : un village fortifié rassemblant remparts, château et église. Un siècle plus tard, les bénédictins de Saint-Victor de Marseille choisissent de bâtir l’église Saint-Pierre et leur prieuré un peu plus bas, comme pour marquer leur indépendance.
Jusqu’au XVe siècle, la population vit au sommet de la colline, protégée par les murailles. Mais l’essor démographique pousse, dès la fin du XVIe siècle, à élargir le village en intégrant l’église Saint-Pierre dans une nouvelle enceinte. Peu à peu, à partir du XVIIᵉ siècle, les habitants quittent le site : certains descendent vers la plaine, d’autres se tournent vers la mer et ses métiers. Le vieux Six-Fours se vide, si bien qu’en 1790, il ne reste plus que 133 habitants, soit à peine 5 % de la population.
Du fort militaire aux derniers habitants
En janvier 1875, l’État engage des expropriations pour édifier un fort dans le cadre du programme défensif du général Séré de Rivières, après la défaite de 1870. Les progrès de l’artillerie imposent alors de bâtir des batteries terrestres sur les hauteurs stratégiques, afin de protéger Toulon. Le sommet de la colline de Six-Fours est choisi : le fort s’élève sur les ruines du vieux village. Après cinq ans de travaux et un investissement de plus de deux millions de francs, l’ouvrage est achevé.
Au XXᵉ siècle, seules quelques familles y vivent encore, essentiellement des guetteurs et leurs proches. Mais depuis 1931, le site n’est plus habité, et les dernières maisons, jugées dangereuses, sont démolies sur décision municipale.
Une supercherie pour sauver la collégiale :
En 1870, alors que la Marine envisage de raser le vieux village pour implanter un fort aux abords de la collégiale, un religieux imagine une ruse pour sauver l’édifice. Craignant sa destruction, il fait graver de fausses pierres portant la date 364, censées prouver une origine antique, et publie même un ouvrage sous un faux nom pour authentifier ces « découvertes ».
Longtemps, cette mystification déconcerta les chercheurs, incapables d’expliquer ces pierres intrigantes qui sont encore visibles aujourd’hui. La vérité ne fut révélée que plus tard par la science. « Tu ne porteras pas de faux témoignage », dit la Bible… sauf, peut-être, pour sauver son église.