À l’approche de ses 87 ans, Jean-Pierre Robert n’a rien perdu de l’étincelle qui anime les passionnés. Président d’honneur du club de philatélie des Baies du Soleil, il a passé quarante années à partager son goût pour les collections un goût qui l’a mené bien au-delà des timbres. Car chez lui, les murs, les étagères et les vitrines racontent une autre histoire : celle des véhicules de la Poste, miniatures fidèles retraçant l’évolution du service postal des années 30 jusqu’en 2009.
Alignés avec précision, cars postaux, fourgonnettes, voitures de service et camionnettes iconiques dessinent une véritable fresque historique. Chaque modèle raconte une époque : la France rurale des années 30, l’effervescence des Trente Glorieuses, la modernisation des années 80, puis le passage au tout moderne du début des années 2000.
« Ces véhicules, ce sont des morceaux de mémoire, confie Jean-Pierre. Ils disent comment la Poste a changé, comment le pays a changé. »
Un collectionneur né par hasard
S’il est aujourd’hui l’un des visages de la philatélie locale, rien ne le destinait à cette passion. Au début des années 80, alors qu’il dirige un cabinet d’assurance en centre-ville, il croule sous le courrier.
« J’en avais assez de voir des Marianne partout, raconte-t-il en souriant. J’ai dit à ma secrétaire : je vais aller chercher des planches à la Poste, j’ai besoin d’originalité. »
Peu après, ses clients lui rapportent des timbres « trop jolis pour finir à la poubelle ». Pour préserver ces petites œuvres, il ajoute un tampon sur ses lettres : « Merci de me conserver le timbre ». Le geste devient un lien, presque un jeu. Et un jour où la maladie le cloue dix jours chez lui, il se met à trier… puis ne s’arrête plus. Les timbres s’accumulent par centaines de milliers, rangés dans des boîtes à chaussures, puis dans des classeurs, puis dans le cœur.
Des collections pour tenir debout
Mais derrière les vitrines bien ordonnées, il y a aussi des blessures. « Mon fils est tombé malade très jeune… et la vie s’en est allée. »
Les timbres, puis les miniatures, deviennent un refuge. « La nuit, quand je ne dormais pas, je triais. Ça m’aidait à penser à autre chose. »
L’heure de transmettre
Aujourd’hui, Jean-Pierre fait un choix difficile : se séparer de ses collections.
« Je n’ai pas d’héritier. Je ne veux pas que tout reste dans des cartons ou que ça parte entre les mains de professionnels qui feront grimper les prix. Je préfère que ça vive encore. »
Cette année, déjà 5 000 timbres ont trouvé preneur. Ce qu’il récolte, il l’offre à ses neveux.
Cela pourrait sembler triste. Pour lui, c’est simplement un cycle qui s’achève :
« La vie est ainsi faite. Au moins, mes timbres et mes véhicules continueront leur route ailleurs. »













