Plusieurs fois par mois, l’Office du Tourisme propose des visites guidées sur le territoire. Ce jeudi matin, certains secrets de la ville étaient révélés du haut du Fort.
Les participants ont pu ainsi apprendre qu’à la place du parking de la Citadelle, au Brusc, avait été construit un comptoir commercial par les Grecs au VIe siècle avant J-C, que des fossiles de dinosaures ont été retrouvés du côté de la pointe de la Cride à Sanary-sur-mer et qu’une galère romaine (protégée d’un filet métallique pour éviter les âmes mal intentionnées) a été retrouvé dans le fond des eaux de l’île du Rouveau. Pendant deux heures, les anecdotes vont se dérouler comme un fil d’Arianne pour mener le spectateur du jour vers l’apogée de la visite : La Collégiale. Pour les connaisseurs, cette dernière fait office de véritable petit musée puisque dans le temps, on dénombrait au moins vingt-deux monuments religieux sur la commune.
Après la Révolution Française, peu à peu, la moitié disparait. Mais à chaque fois, les oeuvres d’art sont récupérés et placés à la Collégiale. La plus célèbre d’entre elles est le polyptyque sur bois dit « La Vierge Marie » de Louis Brea. Classé monument historique en 1898, l’oeuvre a notamment était présentée à l’exposition universelle de Paris en 1928 ainsi qu’au Louvre dans les années 40 avant de revenir chez nous. Si la condition humaine se raconte aussi par l’art, la visite ne serait pas complète si le guide, Martin Grange, ne mêlait pas un peu de sociologie à son discours. Ainsi, quelques coutumes anciennes ont été dévoilées comme l’utilisation d’une alvéole de l’enceinte comme « Reliquaire des morts » qui a subsisté jusqu’à la guerre de 1914. Pour les défunts dont le corps avait disparu, en mer par exemple, il était de coutume de placer un vêtement dans le lieu saint pour que l’âme du malheureux trouve le repos même si son être n’avait pu être enterré.
Quelque pas plus loin, on remonte dans la mémoire collective en découvrant une réplique des anciennes clefs de Saint-Pierre, disparues lors de la Révolution Française. Sensées guérir certaines maladies, elles ont été reproduites à l’identique par les Amis de la Collégiale. Elles ont été présentées à Rome en 2005 où le pape Jean-Paul II les a béni. Bien d’autres anecdotes sont encore à découvrir, mais pour cela, il faudra aller sur place en bonne compagnie.
« L’histoire continue de s’écrire »
Martin Grange est guide pour l’Office de Tourisme du Ouest-Var. Enfant, il se rêvait archéologue à la recherche des trésors enfouis comme son idole Indiana Jones, et il n’est pas tombé loin. Aujourd’hui, il collecte les témoignages des locaux, fouille dans les livres anciens et se tient à jour de toutes les nouvelles découvertes pour enrichir ses rencontres avec le public. Son métier, jamais ne l’ennui. Il se confie : « L’histoire locale, c’est quelque chose de très humain qui se renouvelle constamment. Les anecdotes que je raconte ne se trouvent sur aucun site internet, il faut aller les collecter auprès des passionnés qui poursuivent leurs enquêtes sur le terrain et produisent encore des hypothèses aujourd’hui. Il y a quelques années, les membres de l’association Les amis du patrimoine de Six-Fours ont découvert qu’un mur de la partie romane de la collégiale était plus long que les autres. Or, pour le savoir et la minutie de l’époque, il est impensable qu’ils aient pu faire une telle erreur. Les historiens ont fini par comprendre que vu le terrain et ses complexités, plusieurs ateliers ont oeuvré à la tache en utilisant la Coudée comme unité de longueur. Un des ateliers a utilisé la coudée romaine (qui diffère de quelques millimètres à peine) pour finir l’oeuvre. Sans ces passionnés, cette anecdote serait restée inconnue à tout jamais. »
Un amas d’ossements au coeur de la Collégiale
La surprise peut-être totale. Par deux endroits distincts dans la Collégiale, du plexiglass sépare le spectateur d’un tas d’ossements et de crânes humains. Lorsque l’Eglise romane du Moyen-Âge devient une collégiale en 1608 avec sa nef gothique comprenant 6 chapelles, il faut de la place pour construire face au ravin. On décide donc d’empiéter sur le cimetière et de collecter, avant, les corps amoncelés sous la terre pour les réunir au coeur de l’édifice.
« Tu ne témoigneras pas faussement (…) »
En 1870, la Marine décide de raser le vieux village et d’ériger un Fort à la place, contre la Collégiale. Afin de protéger l’édifice, un religieux décide de fabriquer de fausses pierres datées de l’an 364. Afin de rendre l’affaire plus crédible, il fait publier un livre sous nom d’emprunt pour étayer ses découvertes. Ce stratagème a causé bien des ennuis aux historiens qui ne parvenaient pas à expliquer leur présence, jusqu’à ce que la science révèle la supercherie.
Les prochaines dates à ne pas manquer :
Pour la visite guidée de la Collégiale Saint Pierre et l’Histoire de Six-Fours, le rendez-vous sera donné jeudi 16 mai de 14h30 à 16h. La rencontre aura lieu sur le parking devant le fort militaire. La prochaine visite guidée des Embiez se déroulera le 26 avril de 9h40 à 12h. Départ au bateau. Pour la visite guidée « La Coudoulière : d’argile en Basalte », ce sera vendredi 19 avril de 9h30 à 11h30 avec un rendez-vous sur le parking de la Maison du Cygne. Réservation obligatoire dans les offices de Tourisme de la ville ou par téléphone au 04.94.07.02.21 Tarif adulte 10€, enfant 3€, moins de 6 ans gratuit.