Ce week-end, Ollioules, ville d’art et d’histoire, accueille la 19e édition des Journées Européennes des Métiers d’Art autour du thème « Trait d’union », mettant à l’honneur la rencontre entre tradition, modernité et savoir-faire artisanaux.
Parmi les figures emblématiques présentes pour incarner cette passion manuelle et artistique, André Mercheyer occupe une place bien particulière.
Une vie marquée par le bois et l’amour du geste
Figure bien connue du Brusc, André Mercheyer kinésithérapeute à la retraite, adjoint au maire de la ville de Six-Fours en charge des sports et conteur estival d’histoires anciennes est aussi un artisan du bois passionné, animé par une fascination qu’il porte en lui depuis toujours.
« J’ai attendu quasiment toute une vie pour lancer cette activité, confie-t-il. Je voyais faire les anciens lorsque j’étais jeune et j’ai toujours été fasciné par le bois. Lorsque j’ai du temps, ou parfois besoin d’un moment pour moi, je m’enferme dans mon atelier et je façonne la matière brute jusque tard dans la nuit. C’est un silence qui me fait du bien. Le bois, c’est de la poésie. »
Quand la nature dicte sa loi :
Sur la place Jean Jaurès, André partage avec les passants sa vision de l’artisanat : sensible, sincère, profondément connectée à la nature.
« Certains doivent se dire que j’en fais trop. Moi aussi je l’aurais pensé si je ne connaissais pas si bien cette façon de faire, explique-t-il. Parfois, on part avec une idée en tête, et au moment de travailler, un insecte a grignoté le bois, construit un labyrinthe… Il faut alors tout revoir et créer autrement. C’est ça aussi, le respect de la matière. »
Dans son atelier, il travaille le mimosa, le jujubier, le poirier, le cerisier, l’olivier… souvent récupérés dans son Brusc qu’il chérit tant, ou bien rapportés d’Italie, pour leurs couleurs et leurs odeurs. « Certains arbres rappellent l’enfance… c’est comme ça. »
Un artisanat de cœur et d’héritage :
Son savoir-faire est aussi une affaire personnelle. « Je me suis marié sous Giscard, et à l’époque, on recevait une prime si on avait moins de 25 ans. Moi, je l’ai dépensée entièrement dans du bois pour fabriquer notre mobilier. Tout, de mes mains. »
Aujourd’hui encore, André façonne tout ce qui lui passe par la tête : plats, cendriers, stylos, ustensiles de cuisine… Avec une conviction intacte : « Il faut être humble avec le bois. Je ne fais pas mieux que lui. Ce que vous voyez là, c’est déjà dans la matière. Mon rôle, c’est juste de le révéler. »
Une transmission intergénérationnelle en plein cœur de ville :
Ce dimanche encore, André Mercheyer sera présent sur la place Jean Jaurès, là où le village des ferronniers bat son plein et où les élèves du lycée Paul Langevin, en formation de ferronnerie d’art, incarnent à merveille le thème de cette édition : la transmission des savoir-faire.
André, lui, a accepté l’invitation avec enthousiasme. Et son stand ne désemplit pas : curieux, passionnés, anciens artisans viennent discuter, observer, poser des questions. Il a même affiché son numéro de téléphone pour continuer les échanges. Un ancien menuisier prévoit de venir tester ses machines dans son atelier dans la semaine. D’anciens travailleurs de l’Arsenal de Toulon, ayant œuvré le métal toute leur vie, viennent admirer ses pièces et partager leurs expériences.
Et puis, il y a les enfants, fascinés, les adolescents accompagnés de leurs parents, venus pour leur faire découvrir la beauté du geste, du travail manuel, du temps qu’on prend pour créer. Le lien se tisse naturellement, comme un trait d’union entre générations, entre matière et esprit, entre passé et présent.