Au Brusc, tout le monde connaissait Renée Mercheyer, cette agricultrice au grand coeur qui avait oeuvré pendant tant d’années « à déconstruire les inégalités ».
Travaillant dans les champs par amour de son « Loulou », son partenaire de vie, cette femme qui avait été une des premières à obtenir son baccalauréat dans la grande ville de Toulon, n’a jamais rechigné à la tâche. Dans les années 70, elle avait même participé à « La Révolution Douce », un mouvement qui exigeait un statut professionnel et plus d’autonomie pour les femmes. « Une brèche s’est ouverte pour notre génération. Grâce au permis de conduire, on commençait à regarder vers l’extérieur » expliquait-elle quelques années avant de s’éteindre. Avant la fin de la décennie, elle avait intégré un groupe de développement agricole (GDA) entraînant dans son sillon d’autres agricultrices. Les voix s’élevèrent.
En 1983, Renée était même conviée aux Etats Généraux de l’agriculture au Palais des Congrès pour discourir devant la foule. Les lignes bougent, la condition des femmes s’améliorent. L’agricultrice travaille sa terre jusqu’à la fin de sa vie. Elle n’a même jamais fait valoir ses droits à la retraite.
Un jour, alors qu’elle sent que son corps commence à s’endolorir plus vite que de coutume, cette femme qui a toujours été en avance sur son temps, propose à son mari de créer sur le domaine, un espace camping avec gîtes et chambres d’hôtes. Nouvelle chamaillerie avec son mari. « Loulou me disait : »Tu as déjà du mal à te lever le matin pour faire le petit-déjeuner et tu veux faire celui des autres? On riait toujours beaucoup, même avec les années qui passaient. » En 1979, le camping est ouvert et les premiers client affluent.
Linda Schell, la petite fille du couple raconte : « C’est la tranquillité de la ferme et des terres agricoles que les gens venaient chercher. Nous avons d’ailleurs encore des clients de cette époque. Marc et Josy viennent de Marseille depuis plus de quarante ans pour passer leurs vacances ici. Lorsque j’étais enfant, parfois ils me gardaient même. Il y a quelque chose de très familial ici, c’est ce que ma grand-mère a souhaité instaurer. Elle comprenait le monde qui l’entourait, elle savait déjà dans les années 80 que le tourisme allait jouer un rôle important dans les années prochaines. En 2001 mon père qui avait repris la gestion a fait planter des oliviers sur le terrain à la place des légumes et des fruits. Le maraîchage à laisser place à l’oléiculture. Les générations se sont succédées à l’ouvrage. Mon père Claude et ma tante Sophie ont travaillé pendant 25 ans au camping. La prochaine génération est en train de prendre ses marques pour la reprise. »
Au jardin de la ferme. 688 chemin des faisses. 07.88.06.06.86 info@au-jardin-de-la-ferme.com
Une reconversion sous les oliviers:
Jérôme Letondeur est professeur de Zumba, de Reejam et de Salsation. Lorsqu’il donne des cours sur les quais de la Prudhommie, avec sa collègue Marina, c’est plus d’une centaine de personnes qu’ils arrivent à mobiliser. Les jours de semaine, c’est à Ollioules, « Au Loft » qu’il donnait des cours pour gagner sa vie. La crise sanitaire ayant bousculée les habitudes du plus grand nombre, en 2020, lorsqu’il ferme ses portes pour cause de confinement, il espère un renouveau à la rentrée … qui ne viendra pas.
« Les différents confinements ont mis dans la tête des gens qu’ils pourraient être empêchés de faire du sport dans les 6 mois à venir. C’est pour celle raison que même lorsqu’il y a eu la reprise, certains habitués ne s’abonnaient plus à l’année. Ça fait un manque de trésorerie non négligeable. » L’homme essaie de tenir pendant de nombreux mois. « J’avais fait de nombreux travaux dans mon local. Je ne voulais pas renoncer trop tôt. »
Ayant un goût prononcé pour le relationnel humain et sachant tout faire avec ses mains, l’homme commence à donner quelques coups de mains en bricolage ici et là. L’idée germe bientôt. Il travaillera dorénavant « Au jardin de la ferme », le camping créé par Renée Mercheyer. Compagnon depuis plus d’une décennie de Linda Schell, sa petite fille, l’homme en connait déjà tous les rouages.
« Dans la famille, ce sont les gendres qui ont toujours repris la gestion des affaires. C’est s’inscrire quelque part dans la tradition que d’agir ainsi. J’aimais beaucoup mon métier, mais on ne reste pas professeur de sport jusqu’à la retraite. Lorsque les choses seront faites, je serais très heureux de travailler sous les oliviers au quotidien. »