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vendredi 22 août 2025

Au Brusc, Louis Sarkozy entre confidences intimes et héritage napoléonien

Vous avez entendu dire que Louis Sarkozy était au Brusc hier ? Oui. Mais la vraie question est : qu’a-t-il dit ?

« Le livre était un secret d’État. »

« Si on se compare, on se suicide. »

« Mon père ? Aujourd’hui, il est l’oracle, le temple de Delphes. »

Lundi soir, invité par le CLAB (le Comité de Liaisons des Associations Bruscaines), le fils cadet de l’ancien président a présenté son ouvrage Napoléon Bonaparte – L’Empire des livres. En marge de cette rencontre, il a répondu à nos questions, livrant des confidences aussi intimes que politiques.

Louis Sarkozy : «J’admire le politique qui prend des décisions»

Aux origines d’une vocation

« J’ai passé un peu moins d’un an à l’Élysée à temps plein et pas mal de vacances au cœur du pouvoir », raconte Louis Sarkozy. Enfant, il traînait ses baskets dans les couloirs du ministère de l’Intérieur comme à Bercy.

« J’étais assez jeune, je n’avais pas l’appréciation pour l’endroit pharaonique. Mes frères ont eu la même expérience dix ans plus tard : forcément, pour eux, ce fut différent. »

De ces séjours, il garde des images frappantes :
« Je jouais dans la pièce où Napoléon a signé sa deuxième abdication… Quand on est le fils de mon père, l’histoire de France, les grands personnages, c’est quelque chose d’omniprésent. Je ne pourrai pas vous dire comment, mais ça a dû agir sur mon subconscient, avoir quelque chose de décisif. »


Le politique, pas la personnalité

Interrogé sur son regard sur la politique, Louis Sarkozy ne se dérobe pas :
« J’apprécie énormément le politique, pas la personnalité, mais l’action, l’activité. »

Ce qui lui pose problème aujourd’hui, c’est une démocratie paralysée :
« Quand un candidat fait une promesse et qu’il en est empêché par l’administration ou par le Conseil constitutionnel, c’est qu’on a vidé le politique de son pouvoir. »

Il insiste, catégorique :
« Je ne rejoins pas du tout la gauche qui dit qu’il faut moins de pouvoir, moins de politique, plus d’horizontalité. Pas du tout ! Le peuple français doit pouvoir montrer qu’il est capable de changer les choses en votant pour quelqu’un qui en a la capacité. »

Et de citer Napoléon comme modèle :
« L’œuvre de Bonaparte, c’est ça. Trop à gauche, trop à droite, trop conservateur ou trop libéral, c’est une autre histoire. Mais la France allait très mal, on lui a donné les rênes, et les choses ont changé. Aujourd’hui, on a l’impression d’être coincés dans des sables mouvants. »


« Le livre, un secret d’État »

Napoléon, c’est aussi une boulimie de lecture avant les campagnes.
« Il commande 1 500 ouvrages sur la topographie espagnole, sur l’agriculture, sur les statistiques de population. Il lit les campagnes des généraux qui l’ont précédé, les traités les plus ennuyeux, sans se contenter de fiches préparées. »

Une telle frénésie qu’elle devenait stratégique :
« Un espion qui voyait arriver en plein hiver 800 livres sur la Pologne pouvait deviner la prochaine campagne de l’armée française. Le livre était un secret d’État.»

« Napoléon est le premier homme politique français à se faire peindre devant une bibliothèque, avec Plutarque sur son bureau. Le livre, pour lui, est un instrument de pouvoir. »

Une tradition que l’on retrouve encore aujourd’hui : sur la photo officielle d’Emmanuel Macron, trois volumes de la Pléiade : Les Mémoires de guerre de de Gaulle, Les Nourritures terrestres de Gide et Le Rouge et le Noir de Stendhal, trônent bien en évidence sur son bureau.


Lectures et héritages personnels

Mais au-delà de Napoléon, Louis Sarkozy assume aussi ses propres passions littéraires.
« Les Pensées de Marc Aurèle sont un miracle. Elles n’étaient pas destinées à être publiées, et leur survie même est incompréhensible. »

Ses lectures le mènent aussi à d’autres horizons : Les Cavaliers de Joseph Kessel, « incarnation de l’honneur jusque dans un sport brutal », ou encore les Mémoires du sergent Bourgogne sur la retraite de Russie, « sans le talent littéraire de Chateaubriand, mais plus honnêtes, plus vifs ».

Dans sa jeunesse, il a été passionné par Christopher Hitchens, « le philosophe anglais des Nouveaux Athées », au point de donner son nom à son chien.

Et il ne cache pas sa vénération pour les classiques :
Victor Hugo, Shakespeare, Jules César, Richard III… Que des géants, souligne-t-on.
Lui balaie l’objection d’un sourire :
« Vous voudriez que je lise les petits ? Ces grands-là, on sait qu’ils sont des génies. Et pour 4,90 € à la librairie du coin, pourquoi s’en priver ? »


« Si on se compare, on se suicide »

Louis Sarkozy puise une part de sa force dans le stoïcisme.
« Sénèque disait à Lucilius : vis ta vie comme si tu étais constamment observé par un grand homme du passé. Il faut se juger soi-même. Moi, ça m’aide énormément, psychologiquement. Quand je fais du sport, quand je travaille, quand j’écris, ça m’aide. »

Il se défend pourtant de toute comparaison avec les géants de l’Histoire.
« Churchill, à mon âge, c’était trois bouquins, deux guerres ; Bonaparte sortait d’Arcole. Nicolas Sarkozy était sur le point d’être élu maire. Si on se compare, on se suicide. »


Un père devenu oracle : 

Dans la famille Sarkozy, chacun a suivi sa voie.
« Mon frère est passionné de musique, l’autre de finance et de politique. Moi, c’était l’armée. On se retrouve tous un peu en lui, mais pour notre santé mentale, mieux vaut ne pas trop se comparer. »

Et son père ? Louis Sarkozy rappelle son parcours hors norme :
« Fils d’immigré qui ne parlait pas un mot de français, qui a connu la rue avant de rentrer dans la Légion étrangère. Nous n’avons rien à envier au rêve américain. Sa victoire présidentielle reste l’élection la plus massive de la Ve République. Il a cette capacité à charmer, mobiliser, inspirer. »

Pour dire ce charisme, il convoque une image historique.
De Gaulle, au lendemain de la Libération, parlait d’« une mer » en évoquant la foule des Champs-Élysées. Louis Sarkozy retrouve ce souvenir dans le Trocadéro de 2007, le soir de la victoire paternelle : « C’était ça, une mer de drapeaux français. Quand mon père est sur scène, quand il parle en privé, il tient la foule.»

Mais celui qu’on a connu combatif est aujourd’hui apaisé.
« C’est vraiment le sage. Dans sa grotte, on vient le consulter. C’est l’édile, l’oracle, le temple de Delphes. Il a perdu de la combativité qui faisait sa marque, parce qu’il vivait en état de siège permanent. Toute sa vie, chaque seconde, chaque relation amicale, amoureuse, était soumise à la politique et au danger. Il est plus apaisé maintenant. »

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Au Brusc, Louis Sarkozy entre confidences intimes et héritage napoléonien

Vous avez entendu dire que Louis Sarkozy était au Brusc hier ? Oui. Mais la vraie question est : qu’a-t-il dit ?

« Le livre était un secret d’État. »

« Si on se compare, on se suicide. »

« Mon père ? Aujourd’hui, il est l’oracle, le temple de Delphes. »

Lundi soir, invité par le CLAB (le Comité de Liaisons des Associations Bruscaines), le fils cadet de l’ancien président a présenté son ouvrage Napoléon Bonaparte – L’Empire des livres. En marge de cette rencontre, il a répondu à nos questions, livrant des confidences aussi intimes que politiques.

Louis Sarkozy : «J’admire le politique qui prend des décisions»

Aux origines d’une vocation

« J’ai passé un peu moins d’un an à l’Élysée à temps plein et pas mal de vacances au cœur du pouvoir », raconte Louis Sarkozy. Enfant, il traînait ses baskets dans les couloirs du ministère de l’Intérieur comme à Bercy.

« J’étais assez jeune, je n’avais pas l’appréciation pour l’endroit pharaonique. Mes frères ont eu la même expérience dix ans plus tard : forcément, pour eux, ce fut différent. »

De ces séjours, il garde des images frappantes :
« Je jouais dans la pièce où Napoléon a signé sa deuxième abdication… Quand on est le fils de mon père, l’histoire de France, les grands personnages, c’est quelque chose d’omniprésent. Je ne pourrai pas vous dire comment, mais ça a dû agir sur mon subconscient, avoir quelque chose de décisif. »


Le politique, pas la personnalité

Interrogé sur son regard sur la politique, Louis Sarkozy ne se dérobe pas :
« J’apprécie énormément le politique, pas la personnalité, mais l’action, l’activité. »

Ce qui lui pose problème aujourd’hui, c’est une démocratie paralysée :
« Quand un candidat fait une promesse et qu’il en est empêché par l’administration ou par le Conseil constitutionnel, c’est qu’on a vidé le politique de son pouvoir. »

Il insiste, catégorique :
« Je ne rejoins pas du tout la gauche qui dit qu’il faut moins de pouvoir, moins de politique, plus d’horizontalité. Pas du tout ! Le peuple français doit pouvoir montrer qu’il est capable de changer les choses en votant pour quelqu’un qui en a la capacité. »

Et de citer Napoléon comme modèle :
« L’œuvre de Bonaparte, c’est ça. Trop à gauche, trop à droite, trop conservateur ou trop libéral, c’est une autre histoire. Mais la France allait très mal, on lui a donné les rênes, et les choses ont changé. Aujourd’hui, on a l’impression d’être coincés dans des sables mouvants. »


« Le livre, un secret d’État »

Napoléon, c’est aussi une boulimie de lecture avant les campagnes.
« Il commande 1 500 ouvrages sur la topographie espagnole, sur l’agriculture, sur les statistiques de population. Il lit les campagnes des généraux qui l’ont précédé, les traités les plus ennuyeux, sans se contenter de fiches préparées. »

Une telle frénésie qu’elle devenait stratégique :
« Un espion qui voyait arriver en plein hiver 800 livres sur la Pologne pouvait deviner la prochaine campagne de l’armée française. Le livre était un secret d’État.»

« Napoléon est le premier homme politique français à se faire peindre devant une bibliothèque, avec Plutarque sur son bureau. Le livre, pour lui, est un instrument de pouvoir. »

Une tradition que l’on retrouve encore aujourd’hui : sur la photo officielle d’Emmanuel Macron, trois volumes de la Pléiade : Les Mémoires de guerre de de Gaulle, Les Nourritures terrestres de Gide et Le Rouge et le Noir de Stendhal, trônent bien en évidence sur son bureau.


Lectures et héritages personnels

Mais au-delà de Napoléon, Louis Sarkozy assume aussi ses propres passions littéraires.
« Les Pensées de Marc Aurèle sont un miracle. Elles n’étaient pas destinées à être publiées, et leur survie même est incompréhensible. »

Ses lectures le mènent aussi à d’autres horizons : Les Cavaliers de Joseph Kessel, « incarnation de l’honneur jusque dans un sport brutal », ou encore les Mémoires du sergent Bourgogne sur la retraite de Russie, « sans le talent littéraire de Chateaubriand, mais plus honnêtes, plus vifs ».

Dans sa jeunesse, il a été passionné par Christopher Hitchens, « le philosophe anglais des Nouveaux Athées », au point de donner son nom à son chien.

Et il ne cache pas sa vénération pour les classiques :
Victor Hugo, Shakespeare, Jules César, Richard III… Que des géants, souligne-t-on.
Lui balaie l’objection d’un sourire :
« Vous voudriez que je lise les petits ? Ces grands-là, on sait qu’ils sont des génies. Et pour 4,90 € à la librairie du coin, pourquoi s’en priver ? »


« Si on se compare, on se suicide »

Louis Sarkozy puise une part de sa force dans le stoïcisme.
« Sénèque disait à Lucilius : vis ta vie comme si tu étais constamment observé par un grand homme du passé. Il faut se juger soi-même. Moi, ça m’aide énormément, psychologiquement. Quand je fais du sport, quand je travaille, quand j’écris, ça m’aide. »

Il se défend pourtant de toute comparaison avec les géants de l’Histoire.
« Churchill, à mon âge, c’était trois bouquins, deux guerres ; Bonaparte sortait d’Arcole. Nicolas Sarkozy était sur le point d’être élu maire. Si on se compare, on se suicide. »


Un père devenu oracle : 

Dans la famille Sarkozy, chacun a suivi sa voie.
« Mon frère est passionné de musique, l’autre de finance et de politique. Moi, c’était l’armée. On se retrouve tous un peu en lui, mais pour notre santé mentale, mieux vaut ne pas trop se comparer. »

Et son père ? Louis Sarkozy rappelle son parcours hors norme :
« Fils d’immigré qui ne parlait pas un mot de français, qui a connu la rue avant de rentrer dans la Légion étrangère. Nous n’avons rien à envier au rêve américain. Sa victoire présidentielle reste l’élection la plus massive de la Ve République. Il a cette capacité à charmer, mobiliser, inspirer. »

Pour dire ce charisme, il convoque une image historique.
De Gaulle, au lendemain de la Libération, parlait d’« une mer » en évoquant la foule des Champs-Élysées. Louis Sarkozy retrouve ce souvenir dans le Trocadéro de 2007, le soir de la victoire paternelle : « C’était ça, une mer de drapeaux français. Quand mon père est sur scène, quand il parle en privé, il tient la foule.»

Mais celui qu’on a connu combatif est aujourd’hui apaisé.
« C’est vraiment le sage. Dans sa grotte, on vient le consulter. C’est l’édile, l’oracle, le temple de Delphes. Il a perdu de la combativité qui faisait sa marque, parce qu’il vivait en état de siège permanent. Toute sa vie, chaque seconde, chaque relation amicale, amoureuse, était soumise à la politique et au danger. Il est plus apaisé maintenant. »

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Vous avez entendu dire que Louis Sarkozy était au Brusc hier ? Oui. Mais la vraie question est : qu’a-t-il dit ?

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« Si on se compare, on se suicide. »

« Mon père ? Aujourd’hui, il est l’oracle, le temple de Delphes. »

Lundi soir, invité par le CLAB (le Comité de Liaisons des Associations Bruscaines), le fils cadet de l’ancien président a présenté son ouvrage Napoléon Bonaparte – L’Empire des livres. En marge de cette rencontre, il a répondu à nos questions, livrant des confidences aussi intimes que politiques.

Louis Sarkozy : «J’admire le politique qui prend des décisions»

Aux origines d’une vocation

« J’ai passé un peu moins d’un an à l’Élysée à temps plein et pas mal de vacances au cœur du pouvoir », raconte Louis Sarkozy. Enfant, il traînait ses baskets dans les couloirs du ministère de l’Intérieur comme à Bercy.

« J’étais assez jeune, je n’avais pas l’appréciation pour l’endroit pharaonique. Mes frères ont eu la même expérience dix ans plus tard : forcément, pour eux, ce fut différent. »

De ces séjours, il garde des images frappantes :
« Je jouais dans la pièce où Napoléon a signé sa deuxième abdication… Quand on est le fils de mon père, l’histoire de France, les grands personnages, c’est quelque chose d’omniprésent. Je ne pourrai pas vous dire comment, mais ça a dû agir sur mon subconscient, avoir quelque chose de décisif. »


Le politique, pas la personnalité

Interrogé sur son regard sur la politique, Louis Sarkozy ne se dérobe pas :
« J’apprécie énormément le politique, pas la personnalité, mais l’action, l’activité. »

Ce qui lui pose problème aujourd’hui, c’est une démocratie paralysée :
« Quand un candidat fait une promesse et qu’il en est empêché par l’administration ou par le Conseil constitutionnel, c’est qu’on a vidé le politique de son pouvoir. »

Il insiste, catégorique :
« Je ne rejoins pas du tout la gauche qui dit qu’il faut moins de pouvoir, moins de politique, plus d’horizontalité. Pas du tout ! Le peuple français doit pouvoir montrer qu’il est capable de changer les choses en votant pour quelqu’un qui en a la capacité. »

Et de citer Napoléon comme modèle :
« L’œuvre de Bonaparte, c’est ça. Trop à gauche, trop à droite, trop conservateur ou trop libéral, c’est une autre histoire. Mais la France allait très mal, on lui a donné les rênes, et les choses ont changé. Aujourd’hui, on a l’impression d’être coincés dans des sables mouvants. »


« Le livre, un secret d’État »

Napoléon, c’est aussi une boulimie de lecture avant les campagnes.
« Il commande 1 500 ouvrages sur la topographie espagnole, sur l’agriculture, sur les statistiques de population. Il lit les campagnes des généraux qui l’ont précédé, les traités les plus ennuyeux, sans se contenter de fiches préparées. »

Une telle frénésie qu’elle devenait stratégique :
« Un espion qui voyait arriver en plein hiver 800 livres sur la Pologne pouvait deviner la prochaine campagne de l’armée française. Le livre était un secret d’État.»

« Napoléon est le premier homme politique français à se faire peindre devant une bibliothèque, avec Plutarque sur son bureau. Le livre, pour lui, est un instrument de pouvoir. »

Une tradition que l’on retrouve encore aujourd’hui : sur la photo officielle d’Emmanuel Macron, trois volumes de la Pléiade : Les Mémoires de guerre de de Gaulle, Les Nourritures terrestres de Gide et Le Rouge et le Noir de Stendhal, trônent bien en évidence sur son bureau.


Lectures et héritages personnels

Mais au-delà de Napoléon, Louis Sarkozy assume aussi ses propres passions littéraires.
« Les Pensées de Marc Aurèle sont un miracle. Elles n’étaient pas destinées à être publiées, et leur survie même est incompréhensible. »

Ses lectures le mènent aussi à d’autres horizons : Les Cavaliers de Joseph Kessel, « incarnation de l’honneur jusque dans un sport brutal », ou encore les Mémoires du sergent Bourgogne sur la retraite de Russie, « sans le talent littéraire de Chateaubriand, mais plus honnêtes, plus vifs ».

Dans sa jeunesse, il a été passionné par Christopher Hitchens, « le philosophe anglais des Nouveaux Athées », au point de donner son nom à son chien.

Et il ne cache pas sa vénération pour les classiques :
Victor Hugo, Shakespeare, Jules César, Richard III… Que des géants, souligne-t-on.
Lui balaie l’objection d’un sourire :
« Vous voudriez que je lise les petits ? Ces grands-là, on sait qu’ils sont des génies. Et pour 4,90 € à la librairie du coin, pourquoi s’en priver ? »


« Si on se compare, on se suicide »

Louis Sarkozy puise une part de sa force dans le stoïcisme.
« Sénèque disait à Lucilius : vis ta vie comme si tu étais constamment observé par un grand homme du passé. Il faut se juger soi-même. Moi, ça m’aide énormément, psychologiquement. Quand je fais du sport, quand je travaille, quand j’écris, ça m’aide. »

Il se défend pourtant de toute comparaison avec les géants de l’Histoire.
« Churchill, à mon âge, c’était trois bouquins, deux guerres ; Bonaparte sortait d’Arcole. Nicolas Sarkozy était sur le point d’être élu maire. Si on se compare, on se suicide. »


Un père devenu oracle : 

Dans la famille Sarkozy, chacun a suivi sa voie.
« Mon frère est passionné de musique, l’autre de finance et de politique. Moi, c’était l’armée. On se retrouve tous un peu en lui, mais pour notre santé mentale, mieux vaut ne pas trop se comparer. »

Et son père ? Louis Sarkozy rappelle son parcours hors norme :
« Fils d’immigré qui ne parlait pas un mot de français, qui a connu la rue avant de rentrer dans la Légion étrangère. Nous n’avons rien à envier au rêve américain. Sa victoire présidentielle reste l’élection la plus massive de la Ve République. Il a cette capacité à charmer, mobiliser, inspirer. »

Pour dire ce charisme, il convoque une image historique.
De Gaulle, au lendemain de la Libération, parlait d’« une mer » en évoquant la foule des Champs-Élysées. Louis Sarkozy retrouve ce souvenir dans le Trocadéro de 2007, le soir de la victoire paternelle : « C’était ça, une mer de drapeaux français. Quand mon père est sur scène, quand il parle en privé, il tient la foule.»

Mais celui qu’on a connu combatif est aujourd’hui apaisé.
« C’est vraiment le sage. Dans sa grotte, on vient le consulter. C’est l’édile, l’oracle, le temple de Delphes. Il a perdu de la combativité qui faisait sa marque, parce qu’il vivait en état de siège permanent. Toute sa vie, chaque seconde, chaque relation amicale, amoureuse, était soumise à la politique et au danger. Il est plus apaisé maintenant. »

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