Saviez-vous que certaines robes provençales étaient conçues avec des ourlets volontairement alourdis, grâce à des techniques de couture ou à l’usage de tissus plus lourds, afin de mieux résister aux caprices du mistral ? Ce vent fougueux, capable de soulever jupes et jupons en un instant, obligeait les couturières de la fin du XVIIIe siècle à faire preuve d’ingéniosité pour préserver la pudeur des dames.
Des techniques de couture en voie de disparition
Autre trésor oublié : certaines techniques traditionnelles, comme le pli de canon, se sont peu à peu éteintes. Ce pliage minutieux, réalisé à la main, apportait volume et élégance aux manches et aux jupes. Chaque point, chaque geste racontait une histoire de patience, reflet du quotidien et de l’identité des femmes de Provence.
Un savoir-faire transmis chaque semaine
Chaque lundi après-midi, au complexe de La Mascotte, une dizaine de membres de l’association Lou Raioulets’activent pour préserver la mémoire et les savoir-faire d’autrefois.
Marie-France Fiorenzaneo, membre fondatrice de l’association née en 1966, explique :
« Nous avons de véritables petits trésors : des robes d’époque qui nous servent de patrons et de modèles. La plupart viennent de dons : des personnes qui reçoivent ces pièces en héritage et choisissent de nous les léguer. Nous achetons ensuite du tissu et nous nous mettons à l’ouvrage. Nous ne créons rien de nouveau : nous nous inspirons uniquement de modèles existants, qu’ils viennent de notre collection, de livres anciensou de documents trouvés dans les musées. »
👗 Des couches de tissu sous le soleil provençal :
Sur les cintres, les couches de vêtements se superposent. Marie-France poursuit :
« Vous pourriez vous demander si ces dames n’avaient pas trop chaud sous le soleil de Provence, en plein été. Certainement que si ! Mais à l’époque, on cherchait surtout à se protéger du soleil et à ne pas exposer sa peau au cagnard.
Regardez les chapeaux de paille typiques de la région : ils étaient très larges, justement pour créer de l’ombre sur le visage. Tout simplement. »
Une relève qui se fait attendre :
Ce jour-là, aucun jeune autour de la table. Pour Danielle Bocquet, présidente de l’association, ce constat est malheureusement fréquent :
« Les jeunes ne s’intéressent plus vraiment au folklore, regrette-t-elle. C’est inquiétant, car nous ne voulons pas voir disparaître les traditions avec nous. »
Mais tout n’est pas figé :
« Il y a quelque temps, nous avions une jeune femme d’une vingtaine d’années, passionnée de couture, qui venait apprendre avec nous. Elle était très investie. Aujourd’hui, elle a trouvé un emploi et n’est plus disponible.
Mais si d’autres jeunes souhaitent découvrir cet art précieux, qu’ils n’hésitent pas à venir à notre rencontre ! »
Tous les lundis au premier étage de la Mascotte, de 14h à 17h30.