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lundi 23 décembre 2024

Cyril Brody présente « Latifa, le coeur du combat » aux élèves du lycée Langevin

Dans le silence d’une salle sombre, sur grand écran, le portrait d’une combattante pour la paix se dessine. « Dieu m’a donné ce cadeau, il a voulu le reprendre et j’accepte, il faut accepter ».

Latifa est la mère d’ Imad Ibn Ziaten, un jeune militaire français assassiné en 2012 par le terroriste Mohammed Merah. Cyril Brody et Olivier Peyon l’ont suivie pendant près d’un an camera sur l’épaule. Leur souhait : réaliser un film documentaire qui retrace l’engagement et les actions d’une femme qui refuse que le drame se reproduise.

Invité dans le cadre du Festival d’Amnesty International au Six n’Etoiles pour présenter le film « Latifa, le coeur du combat », le réalisateur Cyril Brody a accepté, sous l’impulsion de Noémie Dumas, Directrice du Cinéma, de prolonger sa visite afin de venir à la rencontre des lycéens de Langevin.

L’entrevue intime devait porter sur la technicité d’une telle réalisation. Le réalisateur commence donc par expliquer le travail brut, « les rushs » qui durent 130 heures, le besoin d’ajouter des bruitages en studio à cause des conditions de tournage … mais le débat diverge à chaque question. Le film est intense, la balade dans l’univers d’une mère meurtrie poignante, les élèves (qui ont applaudi par deux fois le documentaire) reviennent inlassablement sur le personnage.

Cyril Brody confie son ressenti profond: « C’est une manière de répondre à la tragédie. Cette histoire, ce combat, c’est aussi un peu une façon d’échapper à la souffrance et peut-être même à la folie. C’est une manière de se sauver. C’est un mouvement paradoxal. Chaque matin, elle ouvre une plaie béante. Chaque soir, elle s’endort soulagée. Mais elle refuse de laisser la chair cicatriser. Elle nie le deuil. Le mot même la heurte. Faire le deuil c’est accepter la mort et la fin de l’histoire. Quelque part, elle refuse de laisser son fils s’éteindre. Elle est envahie par des planètes intérieures en constante mouvance. C’est un soleil infini qui brûle en elle. » 

Les élèves sont fascinés, Cyril Brody intarissable. La rencontre matche. Un garçon demande : « Mais comment ne se sent-on pas de trop quand on traite un sujet si lourd et qu’on pénètre dans l’intimité des gens dans le même temps ? Les repas de famille, le mariage au Maroc, la tombe du fils … on ne se sent pas voyeur ? »  

Le réalisateur reprend : « Le temps du tournage a duré une bonne année. Il y a une très grande proximité qui se créée même s’il faut toujours garder en tête qu’elle est « factice », j’entends conçue et travaillée pour le bien du projet. Certaines barrières sautent et la personne en face de vous, vous fait confiance. Vous devez respecter ce cadeau et ne pas déshonorer ça. Latifa se rendait seule sur la tombe de son fils, et quand elle se sentait prête, elle nous faisait signe pour que nous puissions la rejoindre. En famille c’est la même chose. Nous avions son accord pour le documentaire, mais nous avons attendu que chaque membre soit disposé à parler ou à se montrer face à la caméra. Vous êtes intégré au mouvement familial, mais par moment votre présence ne doit pas se faire ressentir … »

Le Festival d’Amnesty International, la prochaine rencontre : Jeudi 29 mars à 20h30 pour l’Oeil du Cyclone de Sékou Traoré.  

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Latifa est la mère d’ Imad Ibn Ziaten, un jeune militaire français assassiné en 2012 par le terroriste Mohammed Merah. Cyril Brody et Olivier Peyon l’ont suivie pendant près d’un an camera sur l’épaule. Leur souhait : réaliser un film documentaire qui retrace l’engagement et les actions d’une femme qui refuse que le drame se reproduise.

Invité dans le cadre du Festival d’Amnesty International au Six n’Etoiles pour présenter le film « Latifa, le coeur du combat », le réalisateur Cyril Brody a accepté, sous l’impulsion de Noémie Dumas, Directrice du Cinéma, de prolonger sa visite afin de venir à la rencontre des lycéens de Langevin.

L’entrevue intime devait porter sur la technicité d’une telle réalisation. Le réalisateur commence donc par expliquer le travail brut, « les rushs » qui durent 130 heures, le besoin d’ajouter des bruitages en studio à cause des conditions de tournage … mais le débat diverge à chaque question. Le film est intense, la balade dans l’univers d’une mère meurtrie poignante, les élèves (qui ont applaudi par deux fois le documentaire) reviennent inlassablement sur le personnage.

Cyril Brody confie son ressenti profond: « C’est une manière de répondre à la tragédie. Cette histoire, ce combat, c’est aussi un peu une façon d’échapper à la souffrance et peut-être même à la folie. C’est une manière de se sauver. C’est un mouvement paradoxal. Chaque matin, elle ouvre une plaie béante. Chaque soir, elle s’endort soulagée. Mais elle refuse de laisser la chair cicatriser. Elle nie le deuil. Le mot même la heurte. Faire le deuil c’est accepter la mort et la fin de l’histoire. Quelque part, elle refuse de laisser son fils s’éteindre. Elle est envahie par des planètes intérieures en constante mouvance. C’est un soleil infini qui brûle en elle. » 

Les élèves sont fascinés, Cyril Brody intarissable. La rencontre matche. Un garçon demande : « Mais comment ne se sent-on pas de trop quand on traite un sujet si lourd et qu’on pénètre dans l’intimité des gens dans le même temps ? Les repas de famille, le mariage au Maroc, la tombe du fils … on ne se sent pas voyeur ? »  

Le réalisateur reprend : « Le temps du tournage a duré une bonne année. Il y a une très grande proximité qui se créée même s’il faut toujours garder en tête qu’elle est « factice », j’entends conçue et travaillée pour le bien du projet. Certaines barrières sautent et la personne en face de vous, vous fait confiance. Vous devez respecter ce cadeau et ne pas déshonorer ça. Latifa se rendait seule sur la tombe de son fils, et quand elle se sentait prête, elle nous faisait signe pour que nous puissions la rejoindre. En famille c’est la même chose. Nous avions son accord pour le documentaire, mais nous avons attendu que chaque membre soit disposé à parler ou à se montrer face à la caméra. Vous êtes intégré au mouvement familial, mais par moment votre présence ne doit pas se faire ressentir … »

Le Festival d’Amnesty International, la prochaine rencontre : Jeudi 29 mars à 20h30 pour l’Oeil du Cyclone de Sékou Traoré.  

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Latifa est la mère d’ Imad Ibn Ziaten, un jeune militaire français assassiné en 2012 par le terroriste Mohammed Merah. Cyril Brody et Olivier Peyon l’ont suivie pendant près d’un an camera sur l’épaule. Leur souhait : réaliser un film documentaire qui retrace l’engagement et les actions d’une femme qui refuse que le drame se reproduise.

Invité dans le cadre du Festival d’Amnesty International au Six n’Etoiles pour présenter le film « Latifa, le coeur du combat », le réalisateur Cyril Brody a accepté, sous l’impulsion de Noémie Dumas, Directrice du Cinéma, de prolonger sa visite afin de venir à la rencontre des lycéens de Langevin.

L’entrevue intime devait porter sur la technicité d’une telle réalisation. Le réalisateur commence donc par expliquer le travail brut, « les rushs » qui durent 130 heures, le besoin d’ajouter des bruitages en studio à cause des conditions de tournage … mais le débat diverge à chaque question. Le film est intense, la balade dans l’univers d’une mère meurtrie poignante, les élèves (qui ont applaudi par deux fois le documentaire) reviennent inlassablement sur le personnage.

Cyril Brody confie son ressenti profond: « C’est une manière de répondre à la tragédie. Cette histoire, ce combat, c’est aussi un peu une façon d’échapper à la souffrance et peut-être même à la folie. C’est une manière de se sauver. C’est un mouvement paradoxal. Chaque matin, elle ouvre une plaie béante. Chaque soir, elle s’endort soulagée. Mais elle refuse de laisser la chair cicatriser. Elle nie le deuil. Le mot même la heurte. Faire le deuil c’est accepter la mort et la fin de l’histoire. Quelque part, elle refuse de laisser son fils s’éteindre. Elle est envahie par des planètes intérieures en constante mouvance. C’est un soleil infini qui brûle en elle. » 

Les élèves sont fascinés, Cyril Brody intarissable. La rencontre matche. Un garçon demande : « Mais comment ne se sent-on pas de trop quand on traite un sujet si lourd et qu’on pénètre dans l’intimité des gens dans le même temps ? Les repas de famille, le mariage au Maroc, la tombe du fils … on ne se sent pas voyeur ? »  

Le réalisateur reprend : « Le temps du tournage a duré une bonne année. Il y a une très grande proximité qui se créée même s’il faut toujours garder en tête qu’elle est « factice », j’entends conçue et travaillée pour le bien du projet. Certaines barrières sautent et la personne en face de vous, vous fait confiance. Vous devez respecter ce cadeau et ne pas déshonorer ça. Latifa se rendait seule sur la tombe de son fils, et quand elle se sentait prête, elle nous faisait signe pour que nous puissions la rejoindre. En famille c’est la même chose. Nous avions son accord pour le documentaire, mais nous avons attendu que chaque membre soit disposé à parler ou à se montrer face à la caméra. Vous êtes intégré au mouvement familial, mais par moment votre présence ne doit pas se faire ressentir … »

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