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Toulon
dimanche 8 décembre 2024

Des timbres à chaque étape de vie.

Jean-Pierre Robert s’apprête à célébrer ses 86 ans. Actuellement président d’honneur du club de philatélie des Baies du Soleil, il a consacré 40 années de sa vie à cette passion, dont 25 en tant que président. Au fil des ans, il a collectionné des centaines de milliers de timbres. Il se remémore : « Au début des années 80, j’avais un cabinet d’assurance en plein centre-ville. Je recevais une quantité incroyable de courrier. Un jour, j’ai dit à ma secrétaire que j’en avais assez de voir des Marianne partout. J’ai décidé d’aller à la poste pour commander des planches de timbres, cherchant un peu d’originalité. Des clients ont commencé à me ramener des timbres, affirmant qu’ils étaient trop jolis pour finir à la poubelle. Ils avaient raison ! J’ai alors apposé un tampon sur toutes mes missives : ‘Merci de me conserver le timbre’. Certains clients ont répondu à cet appel, créant ainsi un lien humain autour de cette passion. J’ai tout conservé chez moi dans des boîtes à chaussures. »

Un jour, la maladie le frappe, et pendant une dizaine de jours, il ne peut sortir. C’est alors qu’il commence à trier ses timbres. La passion le submerge, et il se met à collectionner tous les timbres qu’il trouve, accumulant plusieurs centaines de milliers d’exemplaires. Cependant, aujourd’hui, l’octogénaire ressent le besoin de se séparer de sa collection, bien que cela lui pèse. Il confie : « Mon fils est tombé malade à vingt ans, et la vie a pris un tournant difficile. Les timbres m’ont parfois aidé à penser à autre chose. La nuit, lorsque je ne trouvais pas le sommeil, je triais. Maintenant, je n’ai pas d’héritier, et je ne veux pas que tout cela reste dans des cartons après moi ou soit vendu à des professionnels qui feraient grimper les prix. Je préfère penser qu’ils apporteront de la joie à d’autres et que je contribue aux collections d’autrui. Cette année, 5 000 timbres ont trouvé preneur. Ce que je récolte, je l’offre à mes neveux. Certains pourraient trouver cela triste, mais je préfère voir cela comme une partie de la vie. »

« Nous sommes les gardiens de la mémoire. » 

Ce dimanche, toute la journée, s’est tenu le salon annuel multi-collections en faveur de la recherche médicale, organisé par le club de philatélie Les Baies du Soleil. Pour l’occasion, des timbres, des jouets, des pièces de monnaie et quelques livres anciens étaient exposés sur les stands. Cependant, parmi les trésors cachés, le plus vieil élément du jour se trouvait dans un petit classeur d’anciennes missives.

Son détenteur, Serge Rebout, a expliqué : « Les collections de lettres anciennes sont généralement réservées aux collectionneurs avertis. Il faut prêter attention à la date, mais aussi à la provenance de la lettre, à son arrivée, et à son contenant. C’est toute une histoire. De plus, ces lettres ont une dimension poétique. Elles immortalisent des moments de vie et révèlent des détails du quotidien d’autrefois. Parfois, elles sont même chargées d’émotion. Je me souviens d’une lettre que j’ai acquise. C’était celle d’un homme d’Ollioules, appelé à partir combattre pendant la Seconde Guerre mondiale. Il expliquait qu’il était le soutien de famille et qu’il devait être délié de ses obligations. »

Pour Robert Dominique, sa sensibilité se trouve ailleurs. Il partage : « C’est une lettre de l’administration qui m’a particulièrement marqué. Elle relatait l’histoire d’un jeune homme qui, en 1902, a volé une orange sur le marché du Cours Lafayette à Toulon, car il avait faim. Il a été pris sur le fait et envoyé au bagne pour cet acte. Là-bas, la sanction a été terrible : on lui a tranché la main. Ces missives sont aussi un moyen d’en apprendre davantage sur la société d’antan. C’est un peu la petite histoire dans la grande. En quelque sorte, nous, les collectionneurs, sommes des gardiens de la mémoire. »

Jean Dimey, membre du club de Toulon, ne dira pas le contraire. Présent pour dénicher des pièces pour sa collection, il s’immisce dans la conversation : « Il y avait un lot de 200 cartes postales à vendre à Puget-sur-Argens. Seules une dizaine m’intéressaient pour les timbres. J’ai essayé de négocier, mais c’était le lot ou rien, alors j’ai tout pris et tenté de vendre le reste sur internet sans même lire ce qu’il y avait au dos des cartes. J’ai été contacté par une dame travaillant aux archives de Draguignan. Elle était très intéressée, alors nous avons échangé. Figurez-vous qu’il y avait toute la correspondance d’un homme qui était au camp militaire de la ville pendant la Seconde Guerre mondiale. Il écrivait à sa femme tous les jours, détaillant son quotidien. Parfois, il envoyait même cinq cartes par jour. Le directeur des archives de Draguignan a fini par m’acheter presque toute la collection, et maintenant, elle est exposée. On ne sait jamais ce que l’on trouve et ce que cela deviendra par la suite. »

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Un jour, la maladie le frappe, et pendant une dizaine de jours, il ne peut sortir. C’est alors qu’il commence à trier ses timbres. La passion le submerge, et il se met à collectionner tous les timbres qu’il trouve, accumulant plusieurs centaines de milliers d’exemplaires. Cependant, aujourd’hui, l’octogénaire ressent le besoin de se séparer de sa collection, bien que cela lui pèse. Il confie : « Mon fils est tombé malade à vingt ans, et la vie a pris un tournant difficile. Les timbres m’ont parfois aidé à penser à autre chose. La nuit, lorsque je ne trouvais pas le sommeil, je triais. Maintenant, je n’ai pas d’héritier, et je ne veux pas que tout cela reste dans des cartons après moi ou soit vendu à des professionnels qui feraient grimper les prix. Je préfère penser qu’ils apporteront de la joie à d’autres et que je contribue aux collections d’autrui. Cette année, 5 000 timbres ont trouvé preneur. Ce que je récolte, je l’offre à mes neveux. Certains pourraient trouver cela triste, mais je préfère voir cela comme une partie de la vie. »

« Nous sommes les gardiens de la mémoire. » 

Ce dimanche, toute la journée, s’est tenu le salon annuel multi-collections en faveur de la recherche médicale, organisé par le club de philatélie Les Baies du Soleil. Pour l’occasion, des timbres, des jouets, des pièces de monnaie et quelques livres anciens étaient exposés sur les stands. Cependant, parmi les trésors cachés, le plus vieil élément du jour se trouvait dans un petit classeur d’anciennes missives.

Son détenteur, Serge Rebout, a expliqué : « Les collections de lettres anciennes sont généralement réservées aux collectionneurs avertis. Il faut prêter attention à la date, mais aussi à la provenance de la lettre, à son arrivée, et à son contenant. C’est toute une histoire. De plus, ces lettres ont une dimension poétique. Elles immortalisent des moments de vie et révèlent des détails du quotidien d’autrefois. Parfois, elles sont même chargées d’émotion. Je me souviens d’une lettre que j’ai acquise. C’était celle d’un homme d’Ollioules, appelé à partir combattre pendant la Seconde Guerre mondiale. Il expliquait qu’il était le soutien de famille et qu’il devait être délié de ses obligations. »

Pour Robert Dominique, sa sensibilité se trouve ailleurs. Il partage : « C’est une lettre de l’administration qui m’a particulièrement marqué. Elle relatait l’histoire d’un jeune homme qui, en 1902, a volé une orange sur le marché du Cours Lafayette à Toulon, car il avait faim. Il a été pris sur le fait et envoyé au bagne pour cet acte. Là-bas, la sanction a été terrible : on lui a tranché la main. Ces missives sont aussi un moyen d’en apprendre davantage sur la société d’antan. C’est un peu la petite histoire dans la grande. En quelque sorte, nous, les collectionneurs, sommes des gardiens de la mémoire. »

Jean Dimey, membre du club de Toulon, ne dira pas le contraire. Présent pour dénicher des pièces pour sa collection, il s’immisce dans la conversation : « Il y avait un lot de 200 cartes postales à vendre à Puget-sur-Argens. Seules une dizaine m’intéressaient pour les timbres. J’ai essayé de négocier, mais c’était le lot ou rien, alors j’ai tout pris et tenté de vendre le reste sur internet sans même lire ce qu’il y avait au dos des cartes. J’ai été contacté par une dame travaillant aux archives de Draguignan. Elle était très intéressée, alors nous avons échangé. Figurez-vous qu’il y avait toute la correspondance d’un homme qui était au camp militaire de la ville pendant la Seconde Guerre mondiale. Il écrivait à sa femme tous les jours, détaillant son quotidien. Parfois, il envoyait même cinq cartes par jour. Le directeur des archives de Draguignan a fini par m’acheter presque toute la collection, et maintenant, elle est exposée. On ne sait jamais ce que l’on trouve et ce que cela deviendra par la suite. »

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Un jour, la maladie le frappe, et pendant une dizaine de jours, il ne peut sortir. C’est alors qu’il commence à trier ses timbres. La passion le submerge, et il se met à collectionner tous les timbres qu’il trouve, accumulant plusieurs centaines de milliers d’exemplaires. Cependant, aujourd’hui, l’octogénaire ressent le besoin de se séparer de sa collection, bien que cela lui pèse. Il confie : « Mon fils est tombé malade à vingt ans, et la vie a pris un tournant difficile. Les timbres m’ont parfois aidé à penser à autre chose. La nuit, lorsque je ne trouvais pas le sommeil, je triais. Maintenant, je n’ai pas d’héritier, et je ne veux pas que tout cela reste dans des cartons après moi ou soit vendu à des professionnels qui feraient grimper les prix. Je préfère penser qu’ils apporteront de la joie à d’autres et que je contribue aux collections d’autrui. Cette année, 5 000 timbres ont trouvé preneur. Ce que je récolte, je l’offre à mes neveux. Certains pourraient trouver cela triste, mais je préfère voir cela comme une partie de la vie. »

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Ce dimanche, toute la journée, s’est tenu le salon annuel multi-collections en faveur de la recherche médicale, organisé par le club de philatélie Les Baies du Soleil. Pour l’occasion, des timbres, des jouets, des pièces de monnaie et quelques livres anciens étaient exposés sur les stands. Cependant, parmi les trésors cachés, le plus vieil élément du jour se trouvait dans un petit classeur d’anciennes missives.

Son détenteur, Serge Rebout, a expliqué : « Les collections de lettres anciennes sont généralement réservées aux collectionneurs avertis. Il faut prêter attention à la date, mais aussi à la provenance de la lettre, à son arrivée, et à son contenant. C’est toute une histoire. De plus, ces lettres ont une dimension poétique. Elles immortalisent des moments de vie et révèlent des détails du quotidien d’autrefois. Parfois, elles sont même chargées d’émotion. Je me souviens d’une lettre que j’ai acquise. C’était celle d’un homme d’Ollioules, appelé à partir combattre pendant la Seconde Guerre mondiale. Il expliquait qu’il était le soutien de famille et qu’il devait être délié de ses obligations. »

Pour Robert Dominique, sa sensibilité se trouve ailleurs. Il partage : « C’est une lettre de l’administration qui m’a particulièrement marqué. Elle relatait l’histoire d’un jeune homme qui, en 1902, a volé une orange sur le marché du Cours Lafayette à Toulon, car il avait faim. Il a été pris sur le fait et envoyé au bagne pour cet acte. Là-bas, la sanction a été terrible : on lui a tranché la main. Ces missives sont aussi un moyen d’en apprendre davantage sur la société d’antan. C’est un peu la petite histoire dans la grande. En quelque sorte, nous, les collectionneurs, sommes des gardiens de la mémoire. »

Jean Dimey, membre du club de Toulon, ne dira pas le contraire. Présent pour dénicher des pièces pour sa collection, il s’immisce dans la conversation : « Il y avait un lot de 200 cartes postales à vendre à Puget-sur-Argens. Seules une dizaine m’intéressaient pour les timbres. J’ai essayé de négocier, mais c’était le lot ou rien, alors j’ai tout pris et tenté de vendre le reste sur internet sans même lire ce qu’il y avait au dos des cartes. J’ai été contacté par une dame travaillant aux archives de Draguignan. Elle était très intéressée, alors nous avons échangé. Figurez-vous qu’il y avait toute la correspondance d’un homme qui était au camp militaire de la ville pendant la Seconde Guerre mondiale. Il écrivait à sa femme tous les jours, détaillant son quotidien. Parfois, il envoyait même cinq cartes par jour. Le directeur des archives de Draguignan a fini par m’acheter presque toute la collection, et maintenant, elle est exposée. On ne sait jamais ce que l’on trouve et ce que cela deviendra par la suite. »

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