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jeudi 24 avril 2025

« Du rebut au re-beau » avec une exposition qui dévoile les dessous l’Atlantique

À la Batterie du Cap Nègre qui surplombe la Méditerranée, Caroline Secq expose ses créations jusqu’au 7 mai prochain. Venue directement des Landes et de la côte Atlantique, l’artiste n’était que de passage dans la ville avant d’aller exposer à Lille dans une dizaine de jours. Sur des grands tableaux, les couleurs et les matières se mélangent pour laisser apparaître chez le spectateur des sentiments multiples.

« Sur les plages, c’est la société de consommation qui s’expose »

Il y a d’abord la découverte de l’harmonie des objets puis la compréhension de l’oeuvre qui éclate au visage. L’artiste raconte : « Je n’ai pas besoin d’ajouter de mots à ce que l’on voit, on passe du rebut au re-beau d’un coup d’oeil et lorsqu’on réfléchit à l’oeuvre, l’esprit fait à nouveau machine arrière. Tous ce qui est exposé ici sont des choses que j’ai trouvé sur les plages, je ne peints rien, je ne colore rien, mon travail consiste à juxtaposer les matières et à trouver une lecture qui soit agréable au regard. C’est un peu notre société de consommation qui s’expose dans mes toiles. Vous avez aussi bien des macro-déchets que des jouets d’enfant abandonnés sur le rivage. L’Atlantique recrache aussi beaucoup de bois qui proviennent des navires échoués, il y a les filets de pêches également qui témoignent de notre façon de traiter les fonds-marin, sa faune et sa flore. »  

Dans les landes, les plages peuvent s’étirer sur des kilomètres, c’est là que Caroline trouve ces objets recrachés par l’océan. 

Un travail minutieux et de longue haleine. 

« La Méditerranée est différente, poursuit Caroline, vos plages sont beaucoup plus petites et sont très souvent ratissées de long en large pas des engins. Cela fait 35 ans que je parcours les plages, et je n’aurai pas eu les mêmes oeuvres si j’avais dû composer ici. Je ne triche pas dans mes créations, je fais vraiment avec ce que je trouve au quotidien, et lorsque je ne ramasse rien, et bien la toile reste blanche. Vous savez, parfois comme tout artiste, je me dis, une pièce rouge ici serait joli et mon imagination essaie de prendre le dessus. Mais ce serait mentir, il y a une métaphore de la vie aussi dans mon travail : il faut être honnête et faire avec ce que l’on a au quotidien. »

« Des trésors maculés, abandonnés, des fragments de plaisir. » 

Si la plasticienne admet qu’elle préférerait voir des plages sans déchet, elle ne peut s’empêcher de trouver en ces objets un sentiment de nostalgie. « Il y a de la beauté dans ces restes échoués, ce sont des divinités déchues, des trésors maculés, morcelés, abandonnés, fragments de plaisir, d’utile ou d’improbable. Ce sont des évocations merveilleuses et dégénérées d’une autre vie, celle d’avant … Sur le mouroir de nos plages, je travaille avec ce qu’il reste et ce que nous laisserons, méditation sur origine et  devenir, perte de sens et renaissance, esprit et matière, gloire et décadence, transformation et sublimation… » 

Si les objets se marient si bien entre eux, c’est grâce à un long travail de composition. L’artiste le promet, elle ne teint ni ne colore aucune pièce. La mer recrache les éléments dans ces états.
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« Du rebut au re-beau » avec une exposition qui dévoile les dessous l’Atlantique

À la Batterie du Cap Nègre qui surplombe la Méditerranée, Caroline Secq expose ses créations jusqu’au 7 mai prochain. Venue directement des Landes et de la côte Atlantique, l’artiste n’était que de passage dans la ville avant d’aller exposer à Lille dans une dizaine de jours. Sur des grands tableaux, les couleurs et les matières se mélangent pour laisser apparaître chez le spectateur des sentiments multiples.

« Sur les plages, c’est la société de consommation qui s’expose »

Il y a d’abord la découverte de l’harmonie des objets puis la compréhension de l’oeuvre qui éclate au visage. L’artiste raconte : « Je n’ai pas besoin d’ajouter de mots à ce que l’on voit, on passe du rebut au re-beau d’un coup d’oeil et lorsqu’on réfléchit à l’oeuvre, l’esprit fait à nouveau machine arrière. Tous ce qui est exposé ici sont des choses que j’ai trouvé sur les plages, je ne peints rien, je ne colore rien, mon travail consiste à juxtaposer les matières et à trouver une lecture qui soit agréable au regard. C’est un peu notre société de consommation qui s’expose dans mes toiles. Vous avez aussi bien des macro-déchets que des jouets d’enfant abandonnés sur le rivage. L’Atlantique recrache aussi beaucoup de bois qui proviennent des navires échoués, il y a les filets de pêches également qui témoignent de notre façon de traiter les fonds-marin, sa faune et sa flore. »  

Dans les landes, les plages peuvent s’étirer sur des kilomètres, c’est là que Caroline trouve ces objets recrachés par l’océan. 

Un travail minutieux et de longue haleine. 

« La Méditerranée est différente, poursuit Caroline, vos plages sont beaucoup plus petites et sont très souvent ratissées de long en large pas des engins. Cela fait 35 ans que je parcours les plages, et je n’aurai pas eu les mêmes oeuvres si j’avais dû composer ici. Je ne triche pas dans mes créations, je fais vraiment avec ce que je trouve au quotidien, et lorsque je ne ramasse rien, et bien la toile reste blanche. Vous savez, parfois comme tout artiste, je me dis, une pièce rouge ici serait joli et mon imagination essaie de prendre le dessus. Mais ce serait mentir, il y a une métaphore de la vie aussi dans mon travail : il faut être honnête et faire avec ce que l’on a au quotidien. »

« Des trésors maculés, abandonnés, des fragments de plaisir. » 

Si la plasticienne admet qu’elle préférerait voir des plages sans déchet, elle ne peut s’empêcher de trouver en ces objets un sentiment de nostalgie. « Il y a de la beauté dans ces restes échoués, ce sont des divinités déchues, des trésors maculés, morcelés, abandonnés, fragments de plaisir, d’utile ou d’improbable. Ce sont des évocations merveilleuses et dégénérées d’une autre vie, celle d’avant … Sur le mouroir de nos plages, je travaille avec ce qu’il reste et ce que nous laisserons, méditation sur origine et  devenir, perte de sens et renaissance, esprit et matière, gloire et décadence, transformation et sublimation… » 

Si les objets se marient si bien entre eux, c’est grâce à un long travail de composition. L’artiste le promet, elle ne teint ni ne colore aucune pièce. La mer recrache les éléments dans ces états.
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« Du rebut au re-beau » avec une exposition qui dévoile les dessous l’Atlantique

À la Batterie du Cap Nègre qui surplombe la Méditerranée, Caroline Secq expose ses créations jusqu’au 7 mai prochain. Venue directement des Landes et de la côte Atlantique, l’artiste n’était que de passage dans la ville avant d’aller exposer à Lille dans une dizaine de jours. Sur des grands tableaux, les couleurs et les matières se mélangent pour laisser apparaître chez le spectateur des sentiments multiples.

« Sur les plages, c’est la société de consommation qui s’expose »

Il y a d’abord la découverte de l’harmonie des objets puis la compréhension de l’oeuvre qui éclate au visage. L’artiste raconte : « Je n’ai pas besoin d’ajouter de mots à ce que l’on voit, on passe du rebut au re-beau d’un coup d’oeil et lorsqu’on réfléchit à l’oeuvre, l’esprit fait à nouveau machine arrière. Tous ce qui est exposé ici sont des choses que j’ai trouvé sur les plages, je ne peints rien, je ne colore rien, mon travail consiste à juxtaposer les matières et à trouver une lecture qui soit agréable au regard. C’est un peu notre société de consommation qui s’expose dans mes toiles. Vous avez aussi bien des macro-déchets que des jouets d’enfant abandonnés sur le rivage. L’Atlantique recrache aussi beaucoup de bois qui proviennent des navires échoués, il y a les filets de pêches également qui témoignent de notre façon de traiter les fonds-marin, sa faune et sa flore. »  

Dans les landes, les plages peuvent s’étirer sur des kilomètres, c’est là que Caroline trouve ces objets recrachés par l’océan. 

Un travail minutieux et de longue haleine. 

« La Méditerranée est différente, poursuit Caroline, vos plages sont beaucoup plus petites et sont très souvent ratissées de long en large pas des engins. Cela fait 35 ans que je parcours les plages, et je n’aurai pas eu les mêmes oeuvres si j’avais dû composer ici. Je ne triche pas dans mes créations, je fais vraiment avec ce que je trouve au quotidien, et lorsque je ne ramasse rien, et bien la toile reste blanche. Vous savez, parfois comme tout artiste, je me dis, une pièce rouge ici serait joli et mon imagination essaie de prendre le dessus. Mais ce serait mentir, il y a une métaphore de la vie aussi dans mon travail : il faut être honnête et faire avec ce que l’on a au quotidien. »

« Des trésors maculés, abandonnés, des fragments de plaisir. » 

Si la plasticienne admet qu’elle préférerait voir des plages sans déchet, elle ne peut s’empêcher de trouver en ces objets un sentiment de nostalgie. « Il y a de la beauté dans ces restes échoués, ce sont des divinités déchues, des trésors maculés, morcelés, abandonnés, fragments de plaisir, d’utile ou d’improbable. Ce sont des évocations merveilleuses et dégénérées d’une autre vie, celle d’avant … Sur le mouroir de nos plages, je travaille avec ce qu’il reste et ce que nous laisserons, méditation sur origine et  devenir, perte de sens et renaissance, esprit et matière, gloire et décadence, transformation et sublimation… » 

Si les objets se marient si bien entre eux, c’est grâce à un long travail de composition. L’artiste le promet, elle ne teint ni ne colore aucune pièce. La mer recrache les éléments dans ces états.
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