« Ils disent qu’ils n’ont pas voulu la guerre. Ils sont inquiets du fait que le monde entier pointe du doigt le pays. Là-bas à présent, les droits humains vont encore reculer puisque la pression du monde n’inquiète plus les tribunaux. » explique Dominique Gioanni, bénévole auprès d’Amnesty international.
Depuis plusieurs années maintenant, elle se bat pour qu’on entende la voix de Ioulia Tsvetkova, une habitante de Komsomolsk-sur-l’Amour, une ville qui se trouve à 8500 kilomètres de Moscou. La jeune femme qui est présente dans la liste des 100 femmes les plus inspirantes du monde en 2020 selon BBC est acculée de « production et de diffusion de matériaux pornographiques » pour avoir réalisé des dessins « Body Positive » du corps féminin. Quelques semaines après ces premières accusations, une seconde procédure était ouverte à son encontre pour avoir posté sur les réseaux sociaux son dessin « La famille est là où est l’amour » en soutien à un couple homosexuel qui avait dû fuir la Russie avec ses enfants adoptés car les autorités menaçaient de leur retirer.
L’artiste risque entre deux et six ans de prison. Si Dominique, cette retraité de Six-Fours entretient une correspondance avec Anne, la mère de Ioulia depuis les premiers jours et tente de mobiliser les consciences avec les bénévoles de son groupe ainsi que ceux de Lyon, Perpignan, Bordeaux et Agen, le contexte vient ajouter de nombreuses difficultés à la tâche.
Elle explique : « Amnesty International met en lumière des injustices dans le monde entier afin de faire pressions sur les bourreaux avant qu’ils n’exécutent les sentences. Malheureusement avec la crise sanitaire qui nous a fait perdre du contact avec les étudiants qui se mobilisaient souvent, et la crise en Ukraine les choses sont encore plus compliquées. » Le procès de Ioulia aura lieu ce week-end et sa mère craint une grande injustice. Au travers une conversation Messenger, la Russe explique craindre une sentence plus grande de part l’actualité et confie que la nourriture commence déjà à manquer.
Dominique termine : « Hier, Anne a marché 15 kilomètres dans la journée pour trouver de la nourriture. Elle a fait plusieurs magasins pour ça. Les premières retombées économiques sont déjà désastreuses dans leur ville. Elles savent la guerre, elles ont peur du nucléaire mais disent que la population mourra surement de faim d’ici là. Je leur ai demandé ce que je pouvais faire pour elles, dans ces conditions. Anne a dit que ça ne servait à rien d’envoyer de la nourriture, que ça n’arriverait pas jusqu’à elles. Par contre, elle souhaite des livres d’Art et de théâtre. Pour le moment c’est impossible évidemment. On ne peut que penser à ces deux femmes. »