Café lecture avec Sandrine Roche

Croizades (Josef&Zelda)
(…) Nous n’avons pas de télévision, et nous n’avons jamais parlé directement des attentats devant notre fille. Mais, peu à peu, au gré de ses discussions avec ses camarades d’école, Dieu est entré chez nous, en revêtant beaucoup de couleurs, de formes, et d’identités au fi l des mois. Tout en discutant de ses croyances avec ma fille, je me suis interrogée sur ces grandes notions de mensonge et de vérité. Le système de défense que l’on érige et/ou que l’on impose pour se protéger. J’ai relu Le Père Noël supplicié, texte de Claude Levi Strauss paru dans la revue Esprit en mois 1952. Et beaucoup d’autres documents liés aux croyances enfantines. Et puis j’ai voulu discuter avec les enfants, beaucoup d’enfants, pour comprendre ce que ce nom de Dieu impliquait chez eux ; comprendre ce qu’ils y mettaient à l’intérieur. Même lorsque nous ne sommes pas croyants, nous croyons, évidemment. Sinon, comment pourrions-nous vivre ? La question est : en quoi croyons-nous ? Et surtout, sommes-nous toujours en mesure de donner un nom et un corps à l’objet de nos croyances ? Ces croyances sont-elles immuables ou mouvantes ? Est-ce qu’un système de valeurs s’apparente à une croyance ? Quelle part de mensonges conscients est inhérente à nos croyances personnelles ? Le Mystère est-il mensonge ?