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mercredi 20 novembre 2024

Guerre d’Algérie : « Le silence était partout »

C’est l’histoire d’une guerre qui se refusera, jusqu’à tard, à dire son nom et qui emportera pourtant sur son passage près de 400 000 âmes. Quelques années après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le processus de décolonisation débute en Afrique. Le Maroc qui était alors sous protectorat obtient son indépendance en 1956. De l’autre côté du désert, en Algérie française, la colère commence à gronder. Le 1er novembre 1954, date qui restera dans les mémoires sous le nom de « La Toussaint Rouge », soixante-dix attentats sont commis, par le Front de Libération Nationale (FLN) sur le territoire. Un appel à l’indépendance est lancé sur les ondes.

La guerre débute, la France mobilisera en 8 ans 1,5 millions d’appelés du contingent.

Ainsi, les hommes qui entraient dans l’âge adulte se voyaient envoyer faire leur classe et « apprendre la discipline » avant de traverser la Méditerranée, aux côtés des militaires de métier, pour aider au « maintien de l’ordre » où à « la pacification » de la colonie. Gérard Albert, président de l’association  Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie, Maroc et Tunisie de Six-Fours (la FNACA) qui a fait son assemblée général ce mardi au théâtre Daudet, raconte : « Nous avons été les mal-aimés de l’histoire. Parce que le conflit était tu, on nous imaginait en vacances, au soleil, les doigts de pieds en éventail alors que certains ont donné leur vingt-ans à ce conflit. Quand on rentrait, on ne parlait pas. Il y avait la censure, mais aussi la pudeur. On ne voulait pas dire. Nous avons vécu dans une grande solitude. Et même pour nos droits! Quand nous avons revendiqué ce qui nous était dû, pensez-vous que les anciens combattants étaient de notre côté ? Même pas. Pourtant, nos souffrances ne les privaient pas des leurs. « 

Car si le conflit n’est pas avéré, les droits de ceux qui se sont battus en Algérie sont eux-aussi inexistants. « C’est pour cette raison que la FNACA a vu le jour. Afin d’obtenir la reconnaissance qui nous était dû. En 1974, le mouvement national a permis d’obtenir la carte du combattant aux anciens d’Afrique du Nord ainsi que la reconnaissance officielle de la guerre en 1999. » Depuis, l’association est vouée à disparaitre. L’homme poursuit : « Nous sommes de moins en moins nombreux chaque année et c’est bien normal, c’est une loi de la nature. Notre moyenne d’âge ? C’est 87 ans ! Pensez-vous ! Même nos activités diminuent. Cette année, nous avons deux voyages d’organisés. Mais nous nous retrouvons quand même, pour parler d’autre chose surtout. Mais parfois, ils nous arrivent encore de nous retourner sur notre passée … » 

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C’est l’histoire d’une guerre qui se refusera, jusqu’à tard, à dire son nom et qui emportera pourtant sur son passage près de 400 000 âmes. Quelques années après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le processus de décolonisation débute en Afrique. Le Maroc qui était alors sous protectorat obtient son indépendance en 1956. De l’autre côté du désert, en Algérie française, la colère commence à gronder. Le 1er novembre 1954, date qui restera dans les mémoires sous le nom de « La Toussaint Rouge », soixante-dix attentats sont commis, par le Front de Libération Nationale (FLN) sur le territoire. Un appel à l’indépendance est lancé sur les ondes.

La guerre débute, la France mobilisera en 8 ans 1,5 millions d’appelés du contingent.

Ainsi, les hommes qui entraient dans l’âge adulte se voyaient envoyer faire leur classe et « apprendre la discipline » avant de traverser la Méditerranée, aux côtés des militaires de métier, pour aider au « maintien de l’ordre » où à « la pacification » de la colonie. Gérard Albert, président de l’association  Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie, Maroc et Tunisie de Six-Fours (la FNACA) qui a fait son assemblée général ce mardi au théâtre Daudet, raconte : « Nous avons été les mal-aimés de l’histoire. Parce que le conflit était tu, on nous imaginait en vacances, au soleil, les doigts de pieds en éventail alors que certains ont donné leur vingt-ans à ce conflit. Quand on rentrait, on ne parlait pas. Il y avait la censure, mais aussi la pudeur. On ne voulait pas dire. Nous avons vécu dans une grande solitude. Et même pour nos droits! Quand nous avons revendiqué ce qui nous était dû, pensez-vous que les anciens combattants étaient de notre côté ? Même pas. Pourtant, nos souffrances ne les privaient pas des leurs. « 

Car si le conflit n’est pas avéré, les droits de ceux qui se sont battus en Algérie sont eux-aussi inexistants. « C’est pour cette raison que la FNACA a vu le jour. Afin d’obtenir la reconnaissance qui nous était dû. En 1974, le mouvement national a permis d’obtenir la carte du combattant aux anciens d’Afrique du Nord ainsi que la reconnaissance officielle de la guerre en 1999. » Depuis, l’association est vouée à disparaitre. L’homme poursuit : « Nous sommes de moins en moins nombreux chaque année et c’est bien normal, c’est une loi de la nature. Notre moyenne d’âge ? C’est 87 ans ! Pensez-vous ! Même nos activités diminuent. Cette année, nous avons deux voyages d’organisés. Mais nous nous retrouvons quand même, pour parler d’autre chose surtout. Mais parfois, ils nous arrivent encore de nous retourner sur notre passée … » 

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La guerre débute, la France mobilisera en 8 ans 1,5 millions d’appelés du contingent.

Ainsi, les hommes qui entraient dans l’âge adulte se voyaient envoyer faire leur classe et « apprendre la discipline » avant de traverser la Méditerranée, aux côtés des militaires de métier, pour aider au « maintien de l’ordre » où à « la pacification » de la colonie. Gérard Albert, président de l’association  Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie, Maroc et Tunisie de Six-Fours (la FNACA) qui a fait son assemblée général ce mardi au théâtre Daudet, raconte : « Nous avons été les mal-aimés de l’histoire. Parce que le conflit était tu, on nous imaginait en vacances, au soleil, les doigts de pieds en éventail alors que certains ont donné leur vingt-ans à ce conflit. Quand on rentrait, on ne parlait pas. Il y avait la censure, mais aussi la pudeur. On ne voulait pas dire. Nous avons vécu dans une grande solitude. Et même pour nos droits! Quand nous avons revendiqué ce qui nous était dû, pensez-vous que les anciens combattants étaient de notre côté ? Même pas. Pourtant, nos souffrances ne les privaient pas des leurs. « 

Car si le conflit n’est pas avéré, les droits de ceux qui se sont battus en Algérie sont eux-aussi inexistants. « C’est pour cette raison que la FNACA a vu le jour. Afin d’obtenir la reconnaissance qui nous était dû. En 1974, le mouvement national a permis d’obtenir la carte du combattant aux anciens d’Afrique du Nord ainsi que la reconnaissance officielle de la guerre en 1999. » Depuis, l’association est vouée à disparaitre. L’homme poursuit : « Nous sommes de moins en moins nombreux chaque année et c’est bien normal, c’est une loi de la nature. Notre moyenne d’âge ? C’est 87 ans ! Pensez-vous ! Même nos activités diminuent. Cette année, nous avons deux voyages d’organisés. Mais nous nous retrouvons quand même, pour parler d’autre chose surtout. Mais parfois, ils nous arrivent encore de nous retourner sur notre passée … » 

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