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jeudi 21 novembre 2024

Kheira Guernan : « Le statut de l’enfant en France reste à travailler »

Kheira Guernan est une psychologue clinicienne spécialisée en victimologie. Dans son cabinet, elle met des mots sur les souffrances et aide les âmes à se reconstruire après un traumatisme.

Si toutes les histoires sont douloureuses, la jeune femme a fait de la protection des plus jeunes son fer de lance.

« Lorsque j’étais jeune, je souhaitais devenir juge des enfants. C’est en réalisant mes premiers stages sur le terrain que j’ai deviné que pour défendre un petit garçon ou une petite fille, il fallait avant tout comprendre son langage. Un être qui a quelques années ne communique pas comme un adulte. Il ne va pas dire de but en blanc ce qui lui est arrivé. Il y a des signes à détecter, il faut l’aider à comprendre la situation. Si je prends l’exemple d’un fait avéré, un parent qui use de violences sur un autre, l’esprit de l’enfant entre en dualité. Il faut alors parvenir à lui expliquer qu’on peut aimer très fort une personne et détester aussi très fort ce qu’elle a fait. Ces petits déclics les soulagent grandement. »

En décidant ainsi de rester un maillon de la chaîne de la protection de l’enfance et en étudiant la psychologie du trauma, Kheira Guernan a pu dresser un amer constat.

« Le statut de l’enfant en France reste à travailler. Il y a des aberrations sans nom lorsque ce dernier est victime de violences ou assiste à un drame. Tant qu’une décision de justice n’a pas été prise lors d’un drame, l’enfant a besoin de l’accord parental de la mère et du père avant de commencer une thérapie. Même si le bourreau est l’un des deux. Coupable, ce dernier refusera certainement que l’enfant dévoile ce qu’il a vu ou subi. Il faut donc attendre qu’un magistrat prenne une décision pour que l’enfant ait le droit à une consultation alors qu’on sait qu’au moins vite un traumatisme est traité, au plus il laissera de séquelles. Autre chose, si la maman ou le papa (car les deux arrivent) subit les coups de son partenaire devant l’enfant, on emmènera seulement la personne blessée aux urgences alors que dans ces cas, les maux ne sont pas que physiques. Il y a tant de choses à revoir ! Depuis 2013, je forme les policiers municipaux à l’accompagnement des victimes de violence, je sais donc que les mentalités évoluent avec le temps mais si lentement ! » Lorsque la psychologue pointe du doigt les injustices, elle relève également l’aspect financier et le manque d’information. « Heureusement, tous les enfants battus ne sont pas des adultes qui choisiront la violence. Certains s’en sortent même très bien. Il n’empêche que, pour comprendre la psychologie humaine, j’ai souhaité compléter mes heures avec des actions dans les centres pénitentiaires. Quand vous entendez un jeune de 18-20 ans, à peine sorti d’un centre de mineurs après avoir passé son enfance en foyer, dire que « la prison c’est ma famille », c’est qu’on a manqué quelque chose. L’argent est parfois responsable du manque de soins, d’autres fois, c’est le système qui n’a pas su apporter la bonne solution et quoi qu’il en soit, c’est toujours l’enfant qui trinque. »

Kheira Guernan Numéro : 06.99.44.97.38 Bureau de l’Arche, 54 avenue Emile Zola, 83500 La Seyne-sur-mer

L’article sur Kheira Guernan est à retrouver dans notre Hors Série papier N4.

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Kheira Guernan est une psychologue clinicienne spécialisée en victimologie. Dans son cabinet, elle met des mots sur les souffrances et aide les âmes à se reconstruire après un traumatisme.

Si toutes les histoires sont douloureuses, la jeune femme a fait de la protection des plus jeunes son fer de lance.

« Lorsque j’étais jeune, je souhaitais devenir juge des enfants. C’est en réalisant mes premiers stages sur le terrain que j’ai deviné que pour défendre un petit garçon ou une petite fille, il fallait avant tout comprendre son langage. Un être qui a quelques années ne communique pas comme un adulte. Il ne va pas dire de but en blanc ce qui lui est arrivé. Il y a des signes à détecter, il faut l’aider à comprendre la situation. Si je prends l’exemple d’un fait avéré, un parent qui use de violences sur un autre, l’esprit de l’enfant entre en dualité. Il faut alors parvenir à lui expliquer qu’on peut aimer très fort une personne et détester aussi très fort ce qu’elle a fait. Ces petits déclics les soulagent grandement. »

En décidant ainsi de rester un maillon de la chaîne de la protection de l’enfance et en étudiant la psychologie du trauma, Kheira Guernan a pu dresser un amer constat.

« Le statut de l’enfant en France reste à travailler. Il y a des aberrations sans nom lorsque ce dernier est victime de violences ou assiste à un drame. Tant qu’une décision de justice n’a pas été prise lors d’un drame, l’enfant a besoin de l’accord parental de la mère et du père avant de commencer une thérapie. Même si le bourreau est l’un des deux. Coupable, ce dernier refusera certainement que l’enfant dévoile ce qu’il a vu ou subi. Il faut donc attendre qu’un magistrat prenne une décision pour que l’enfant ait le droit à une consultation alors qu’on sait qu’au moins vite un traumatisme est traité, au plus il laissera de séquelles. Autre chose, si la maman ou le papa (car les deux arrivent) subit les coups de son partenaire devant l’enfant, on emmènera seulement la personne blessée aux urgences alors que dans ces cas, les maux ne sont pas que physiques. Il y a tant de choses à revoir ! Depuis 2013, je forme les policiers municipaux à l’accompagnement des victimes de violence, je sais donc que les mentalités évoluent avec le temps mais si lentement ! » Lorsque la psychologue pointe du doigt les injustices, elle relève également l’aspect financier et le manque d’information. « Heureusement, tous les enfants battus ne sont pas des adultes qui choisiront la violence. Certains s’en sortent même très bien. Il n’empêche que, pour comprendre la psychologie humaine, j’ai souhaité compléter mes heures avec des actions dans les centres pénitentiaires. Quand vous entendez un jeune de 18-20 ans, à peine sorti d’un centre de mineurs après avoir passé son enfance en foyer, dire que « la prison c’est ma famille », c’est qu’on a manqué quelque chose. L’argent est parfois responsable du manque de soins, d’autres fois, c’est le système qui n’a pas su apporter la bonne solution et quoi qu’il en soit, c’est toujours l’enfant qui trinque. »

Kheira Guernan Numéro : 06.99.44.97.38 Bureau de l’Arche, 54 avenue Emile Zola, 83500 La Seyne-sur-mer

L’article sur Kheira Guernan est à retrouver dans notre Hors Série papier N4.

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Si toutes les histoires sont douloureuses, la jeune femme a fait de la protection des plus jeunes son fer de lance.

« Lorsque j’étais jeune, je souhaitais devenir juge des enfants. C’est en réalisant mes premiers stages sur le terrain que j’ai deviné que pour défendre un petit garçon ou une petite fille, il fallait avant tout comprendre son langage. Un être qui a quelques années ne communique pas comme un adulte. Il ne va pas dire de but en blanc ce qui lui est arrivé. Il y a des signes à détecter, il faut l’aider à comprendre la situation. Si je prends l’exemple d’un fait avéré, un parent qui use de violences sur un autre, l’esprit de l’enfant entre en dualité. Il faut alors parvenir à lui expliquer qu’on peut aimer très fort une personne et détester aussi très fort ce qu’elle a fait. Ces petits déclics les soulagent grandement. »

En décidant ainsi de rester un maillon de la chaîne de la protection de l’enfance et en étudiant la psychologie du trauma, Kheira Guernan a pu dresser un amer constat.

« Le statut de l’enfant en France reste à travailler. Il y a des aberrations sans nom lorsque ce dernier est victime de violences ou assiste à un drame. Tant qu’une décision de justice n’a pas été prise lors d’un drame, l’enfant a besoin de l’accord parental de la mère et du père avant de commencer une thérapie. Même si le bourreau est l’un des deux. Coupable, ce dernier refusera certainement que l’enfant dévoile ce qu’il a vu ou subi. Il faut donc attendre qu’un magistrat prenne une décision pour que l’enfant ait le droit à une consultation alors qu’on sait qu’au moins vite un traumatisme est traité, au plus il laissera de séquelles. Autre chose, si la maman ou le papa (car les deux arrivent) subit les coups de son partenaire devant l’enfant, on emmènera seulement la personne blessée aux urgences alors que dans ces cas, les maux ne sont pas que physiques. Il y a tant de choses à revoir ! Depuis 2013, je forme les policiers municipaux à l’accompagnement des victimes de violence, je sais donc que les mentalités évoluent avec le temps mais si lentement ! » Lorsque la psychologue pointe du doigt les injustices, elle relève également l’aspect financier et le manque d’information. « Heureusement, tous les enfants battus ne sont pas des adultes qui choisiront la violence. Certains s’en sortent même très bien. Il n’empêche que, pour comprendre la psychologie humaine, j’ai souhaité compléter mes heures avec des actions dans les centres pénitentiaires. Quand vous entendez un jeune de 18-20 ans, à peine sorti d’un centre de mineurs après avoir passé son enfance en foyer, dire que « la prison c’est ma famille », c’est qu’on a manqué quelque chose. L’argent est parfois responsable du manque de soins, d’autres fois, c’est le système qui n’a pas su apporter la bonne solution et quoi qu’il en soit, c’est toujours l’enfant qui trinque. »

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