La collégiale Saint-Pierre a été classée monument historique en 1840 par Prosper Mérimée. Elle est le dernier vestige de l’ancien village de Six-Fours. La partie romane de l’édifice a été érigée au XIIe siècle, et en 1608, elle a été agrandie avec une nef de style gothique, comprenant six chapelles, afin d’accueillir une population villageoise en pleine expansion.
À travers les siècles, la collégiale a su traverser le temps. Aujourd’hui, pour les amateurs d’art et d’histoire, elle se présente comme un véritable petit musée. En effet, après la Révolution française, la moitié des édifices religieux de la ville ont disparu, et les œuvres d’art ont été récupérées et transférées à la collégiale. Celle-ci abrite ainsi un riche éventail de reliques à découvrir.
Parmi elles, la plus célèbre est le polyptyque en bois intitulé « La Vierge Marie », réalisé par Louis Brea. Classée monument historique en 1898, cette œuvre a été présentée à l’Exposition universelle de Paris en 1928, ainsi qu’au Louvre dans les années 1940, avant de retrouver sa place dans notre collégiale.
Un chemin du XIXe siècle va être exhumé.
En 2022, la municipalité a décidé d’entreprendre des travaux de rénovation. La ville souhaite moderniser l’éclairage intérieur de l’édifice afin de mieux mettre en valeur les fresques murales et les tableaux. Dans un souci de préservation du patrimoine, lors de l’inauguration de la crèche de l’association Lou Raiouet, Jean-Sébastien Vialatte, maire de la commune, a annoncé qu’il travaillait en collaboration avec l’architecte des bâtiments de France pour retrouver les traces de l’ancien chemin qui reliait la collégiale au village.
Sans trop en dévoiler, il a déclaré : « C’est un projet qui nous tient à cœur, mais qui nécessite un travail de fouille approfondi, car il reste encore des vestiges du village. De plus, autour de l’église, nous avons constaté la présence de nombreux ossuaires. Il est donc essentiel de prendre le temps nécessaire, mais nous pouvons espérer que bientôt, ce petit chemin sera à nouveau emprunté par les habitants. »
Rappelons que l’ancien village de Six-Fours, situé sur les hauteurs, a été rasé avant 1870, lorsque l’autorité militaire a décidé d’y construire un fort. Les villageois descendaient donc de la colline pour venir prier.
Un amas d’ossements au coeur de la Collégiale
La découverte peut être saisissante. Dans la Collégiale, deux zones distinctes sont séparées par du plexiglass, permettant aux visiteurs d’observer un amas d’ossements et de crânes humains. Cette situation remonte à l’époque où l’église romane du Moyen Âge a été transformée en collégiale en 1608. Avec l’ajout de sa nef gothique et de six chapelles, il était nécessaire de dégager de l’espace, notamment face au ravin.
Pour ce faire, les autorités ont pris la décision d’empiéter sur le cimetière adjacent. Avant de procéder à la construction, les corps qui étaient amoncelés sous la terre ont été exhumés et rassemblés au cœur de l’édifice. Les ossements, désormais exposés, rappelent aux visiteurs le lien entre le passé et le présent.
« Tu ne témoigneras pas faussement (…) »
En 1870, la Marine prend la décision de raser le vieux village pour construire un fort en face de la Collégiale. Face à cette menace, un religieux, soucieux de protéger l’édifice, concocte un plan audacieux : il fabrique de fausses pierres, datées de l’an 364, pour donner l’illusion d’une histoire ancienne et légitime de la Collégiale. Pour renforcer la crédibilité de son stratagème, il publie un livre sous un nom d’emprunt, prétendant y exposer ses découvertes archéologiques.
Ce stratagème, a engendré de nombreux problèmes pour les historiens et les chercheurs. Pendant des années, ces derniers se sont heurtés à un mystère inexplicable, ne parvenant pas à comprendre l’origine de ces pierres et leur signification historique. Ce n’est qu’avec l’avancée des méthodes scientifiques et des techniques d’analyse que la supercherie a été révélée, mettant en lumière la manipulation et les faux témoignages.