Chantal Bruno aime la généalogie et ses plaisirs. Un jour, elle décide de partir en voyage en Italie, dans le Piémont, pour demander l’acte de naissance de sa grand-mère maternelle.
À la mairie, on lui signale une maison bleue à quelques pas de là, où une résidente porte le même nom que son aînée. Elle prend son courage à deux mains et glisse un petit mot griffonné sur un papier avec son numéro sous la porte d’entrée. Le lendemain, son téléphone sonne et c’est une cousine éloignée qui s’adresse à elle en italien. « Ça n’a été que le début des surprises. Après avoir échangé avec cette dame, j’ai appris l’existence de Francesco Agnesotti, un autre membre de ma famille qui a vécu de 1882 à 1960. Il était maître d’école primaire, mais aussi et surtout l’un des derniers peintres itinérants d’art sacré ! » Pour l’instant, Chantal a découvert plus d’une centaine d’œuvres de son aîné, artiste spécialisé dans les ex-voto (appelés pylônes en Italie). L’une de ses créations a attiré les foules sur deux continents différents il y a plus de cinquante ans. L’œuvre est intitulée « La Madone des Immigrés » et a été bénie par le pape en personne avant d’être envoyée en Argentine, où des milliers de personnes l’ont accueillie à son arrivée. Aujourd’hui encore, l’œuvre continue de recevoir la vénération des fidèles dans le sanctuaire construit à Catalinas, au sud de la Boca. Toujours en quête de plus d’informations et d’émotions, Chantal n’hésite pas à frapper à toutes les portes.
Trouvant le nom de l’historienne du sanctuaire sur Internet, elle envoie un courriel. En retour, elle reçoit des photographies datant de 1956, lorsque l’œuvre est arrivée dans le pays. « C’était incroyable de voir la foule et l’œuvre de mon aîné. » Depuis, Chantal, accompagnée des membres de sa famille, multiplie les randonnées pédestres dans la ville de Sampeyre, en Italie. Là, au gré des détours, elle continue de découvrir des œuvres sur les murs, dans les chapelles et même dans les rues, toutes signées d’un même nom : Agnesotti. « Lorsque j’ai trouvé des créations qui ne semblaient pas être de ce siècle, j’ai tout de suite compris. » Francesco Agnesotti reproduisait les gestes de son aîné Antonio, né en 1848. « Dans cette partie de l’Italie très croyante, lorsque quelqu’un souhaitait remercier le ciel pour une bonne nouvelle, il commandait une peinture. Ces œuvres traversent les siècles et sont aujourd’hui autant de preuves qui permettent de faire grandir un arbre généalogique » termine l’intéressée. Depuis, elle a fait imprimer deux livres qui recensent les créations qu’elle a découvertes et en a offert une multitude à ses cousins italiens qu’elle connaît si peu, mais finalement si bien.
Vous pouvez rencontrer Chantal et le club de généalogie à la salle scarantino encore ce dimanche toute la journée.
Un week-end pour plonger dans le passée :
Pour Jean Beraud, responsable de l’atelier de généalogie de l’association Léo Lagrange, « L’histoire des familles fait l’histoire de France. » Ce passionné, qui pratique la discipline depuis plus de trente ans, a observé les habitudes évoluer avec l’arrivée d’Internet dans les foyers. Il raconte : « Avant, il fallait se rendre aux archives municipales, prendre rendez-vous pour obtenir les bons documents à portée de main. C’était une véritable chasse aux trésors. Maintenant, la tâche est plus aisée car nous pouvons effectuer des recherches en un clic. Je n’envie pas non plus les prochaines générations. De notre temps, les gens se marient moins, voire pas du tout, et les familles monoparentales ainsi que recomposées sont très nombreuses. Faire des arbres généalogiques sera un véritable casse-tête au siècle prochain. »
Pour l’heure, le bonheur de la quête est encore permis, bien qu’une date limite semble se profiler. L’homme conclut : « Nous pouvons fouiller dans les états civils jusqu’en 1793. Après, il faut se tourner vers les registres paroissiaux, qui remontent généralement jusqu’en 1500. Si vous parvenez à aller plus loin, c’est probablement parce que votre famille compte des nobles ou même des rois ayant des registres particuliers. »
Pour rencontrer les adhérents du club et plonger dans le passé de la ville de Six-Fours, qui, semble-t-il, a été fondée par une trentaine de familles seulement, une exposition se tient tout le week-end à la salle Scarantino. Le passé des quartiers y est dévoilé, ainsi qu’une sombre affaire de piraterie. L’entrée est libre, mais des petites choses, comme des arbres généalogiques, sont à acheter sur place.