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samedi 27 juillet 2024

« La gloire de ma mère, cette ouvrière de l’usine des Tuilleries.

Josyane Tornato vit à quelques pas de l’ancienne usine des Tuilleries de Romain Boyer. Toute son enfance, parce que sa mère y était ouvrière, elle l’a vécu au rythme des fours d’où sortaient, à l’époque, 20 000 tonnes de tuiles par an destinées à l’exportation.

C’est donc tout naturellement qu’une fois adulte elle a créé un collectif pour que les enfants des anciens ouvriers puissent se réunir afin d’échanger leurs souvenirs sous les bois de la Coudoulière. « C’est tout un pan de l’histoire locale qui s’effacera si on y prend pas gare, commence Josyane. J’aime me souvenir de ma mère, raconter son histoire, apprendre de nouvelles choses sur elle. »

Une vie de courage. 

Et se pencher sur la vie de Fernande Tornato, partie à 91 ans, c’est comme plonger tout entier dans la mémoire collective de la région. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle est une toute jeune adolescente et est envoyée sur les chantiers naval à la Seyne pour servir de la soupe. Bien que surveillée par les Allemands, elle arrive parfois à cacher du beurre dans ses poches pour nourrir sa famille. En 1944, elle fait partie des 6 rescapés contre les 101 morts lors du drame de l’émissaire. Ce dernier, qui était un tunnel noir et sans aération, avait servi d’abri lors d’une alerte aux bombardements. Mais parce qu’il y avait eu la fin de l’alerte, puis une nouvelle aussitôt, les malheureux qui se sont cachés sous la terre sont restés piégés, pris de panique et sans air, il se sont bousculés et certains on même été piétinés. « Ma mère et ma tante sont sorties de là avec les vêtements en lambeaux. » À 17 ans, Fernande commence à travailler à l’usine des Tuilleries en tant que brouetteuse puis dérayonneuse. Si le quotidien n’est pas évident, la jeune femme ne rechigne pas à la tâche. Elle débute à 6h30 le matin pour quitter son poste lorsqu’elle a fini toutes ses tâches en fin de matinée. Elle ne s’octroie alors qu’une pause, vers les 8h, pour rejoindre sa demeure le pas rapide. « Elle voulait s’assurer tous les matins que lorsque mon père nous emmenait à l’école, nous avions le ventre plein et que notre tenue était convenable (rires). » Le reste de la journée, Fernande prenait des cours de couture et finissait par se rendre aux champs pour cueillir les légumes du jours et s’occuper de la terre. Josyane reprend : « Ma mère nous a toujours dit qu’on s’était fait seul mon frère et moi. Mais lorsque vous avez un modèle comme elle … comment voulez-vous pousser autrement que comme il le faut. »

Des actions multiples pour conserver la mémoire.

En plus du collectif, afin de transmettre des souvenirs au plus grand nombre, Josyane réalise également pour Noël une grande crèche dans son salon où sont présents des dizaines de références à notre territoire. Chaque année, les collégiens accompagnés de leur professeur viennent y découvrir savoir et anecdotes. Les connaisseurs apercevront l’usine des Tuilleries, non peinte et en argile brut et à côté, comme un hommage :  un santon qui tire une brouette. « Ma mère ne me quittera jamais. » 

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« La gloire de ma mère, cette ouvrière de l’usine des Tuilleries.

Josyane Tornato vit à quelques pas de l’ancienne usine des Tuilleries de Romain Boyer. Toute son enfance, parce que sa mère y était ouvrière, elle l’a vécu au rythme des fours d’où sortaient, à l’époque, 20 000 tonnes de tuiles par an destinées à l’exportation.

C’est donc tout naturellement qu’une fois adulte elle a créé un collectif pour que les enfants des anciens ouvriers puissent se réunir afin d’échanger leurs souvenirs sous les bois de la Coudoulière. « C’est tout un pan de l’histoire locale qui s’effacera si on y prend pas gare, commence Josyane. J’aime me souvenir de ma mère, raconter son histoire, apprendre de nouvelles choses sur elle. »

Une vie de courage. 

Et se pencher sur la vie de Fernande Tornato, partie à 91 ans, c’est comme plonger tout entier dans la mémoire collective de la région. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle est une toute jeune adolescente et est envoyée sur les chantiers naval à la Seyne pour servir de la soupe. Bien que surveillée par les Allemands, elle arrive parfois à cacher du beurre dans ses poches pour nourrir sa famille. En 1944, elle fait partie des 6 rescapés contre les 101 morts lors du drame de l’émissaire. Ce dernier, qui était un tunnel noir et sans aération, avait servi d’abri lors d’une alerte aux bombardements. Mais parce qu’il y avait eu la fin de l’alerte, puis une nouvelle aussitôt, les malheureux qui se sont cachés sous la terre sont restés piégés, pris de panique et sans air, il se sont bousculés et certains on même été piétinés. « Ma mère et ma tante sont sorties de là avec les vêtements en lambeaux. » À 17 ans, Fernande commence à travailler à l’usine des Tuilleries en tant que brouetteuse puis dérayonneuse. Si le quotidien n’est pas évident, la jeune femme ne rechigne pas à la tâche. Elle débute à 6h30 le matin pour quitter son poste lorsqu’elle a fini toutes ses tâches en fin de matinée. Elle ne s’octroie alors qu’une pause, vers les 8h, pour rejoindre sa demeure le pas rapide. « Elle voulait s’assurer tous les matins que lorsque mon père nous emmenait à l’école, nous avions le ventre plein et que notre tenue était convenable (rires). » Le reste de la journée, Fernande prenait des cours de couture et finissait par se rendre aux champs pour cueillir les légumes du jours et s’occuper de la terre. Josyane reprend : « Ma mère nous a toujours dit qu’on s’était fait seul mon frère et moi. Mais lorsque vous avez un modèle comme elle … comment voulez-vous pousser autrement que comme il le faut. »

Des actions multiples pour conserver la mémoire.

En plus du collectif, afin de transmettre des souvenirs au plus grand nombre, Josyane réalise également pour Noël une grande crèche dans son salon où sont présents des dizaines de références à notre territoire. Chaque année, les collégiens accompagnés de leur professeur viennent y découvrir savoir et anecdotes. Les connaisseurs apercevront l’usine des Tuilleries, non peinte et en argile brut et à côté, comme un hommage :  un santon qui tire une brouette. « Ma mère ne me quittera jamais. » 

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C’est donc tout naturellement qu’une fois adulte elle a créé un collectif pour que les enfants des anciens ouvriers puissent se réunir afin d’échanger leurs souvenirs sous les bois de la Coudoulière. « C’est tout un pan de l’histoire locale qui s’effacera si on y prend pas gare, commence Josyane. J’aime me souvenir de ma mère, raconter son histoire, apprendre de nouvelles choses sur elle. »

Une vie de courage. 

Et se pencher sur la vie de Fernande Tornato, partie à 91 ans, c’est comme plonger tout entier dans la mémoire collective de la région. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle est une toute jeune adolescente et est envoyée sur les chantiers naval à la Seyne pour servir de la soupe. Bien que surveillée par les Allemands, elle arrive parfois à cacher du beurre dans ses poches pour nourrir sa famille. En 1944, elle fait partie des 6 rescapés contre les 101 morts lors du drame de l’émissaire. Ce dernier, qui était un tunnel noir et sans aération, avait servi d’abri lors d’une alerte aux bombardements. Mais parce qu’il y avait eu la fin de l’alerte, puis une nouvelle aussitôt, les malheureux qui se sont cachés sous la terre sont restés piégés, pris de panique et sans air, il se sont bousculés et certains on même été piétinés. « Ma mère et ma tante sont sorties de là avec les vêtements en lambeaux. » À 17 ans, Fernande commence à travailler à l’usine des Tuilleries en tant que brouetteuse puis dérayonneuse. Si le quotidien n’est pas évident, la jeune femme ne rechigne pas à la tâche. Elle débute à 6h30 le matin pour quitter son poste lorsqu’elle a fini toutes ses tâches en fin de matinée. Elle ne s’octroie alors qu’une pause, vers les 8h, pour rejoindre sa demeure le pas rapide. « Elle voulait s’assurer tous les matins que lorsque mon père nous emmenait à l’école, nous avions le ventre plein et que notre tenue était convenable (rires). » Le reste de la journée, Fernande prenait des cours de couture et finissait par se rendre aux champs pour cueillir les légumes du jours et s’occuper de la terre. Josyane reprend : « Ma mère nous a toujours dit qu’on s’était fait seul mon frère et moi. Mais lorsque vous avez un modèle comme elle … comment voulez-vous pousser autrement que comme il le faut. »

Des actions multiples pour conserver la mémoire.

En plus du collectif, afin de transmettre des souvenirs au plus grand nombre, Josyane réalise également pour Noël une grande crèche dans son salon où sont présents des dizaines de références à notre territoire. Chaque année, les collégiens accompagnés de leur professeur viennent y découvrir savoir et anecdotes. Les connaisseurs apercevront l’usine des Tuilleries, non peinte et en argile brut et à côté, comme un hommage :  un santon qui tire une brouette. « Ma mère ne me quittera jamais. » 

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