« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années » faisait dire Corneille à Rodrigue dans Le Cid. Ce serait une citation qui pourrait aller à merveille à la jeune Salomé Naji-Venzo qui vient de remporter la médaille d’or du concours de la meilleure apprentie de France en esthétique tout en obtenant son baccalauréat mention très bien la même semaine. Néanmoins, sa professeure Nathalie Garraut prévient : « La passion ne suffit pas, il faut mentionner le labeur également! »
Si celle qui a fait office de mentor insiste tant, c’est parce qu’elle a elle aussi donné de son temps libre pour cette victoire. Pendant les vacances scolaires, à la sortie des classes et les week-end, les deux femmes se sont penchés sur les trois épreuves qui ont conduit Salomé sur le haut du podium.
« Il a fallu remporter la médaille d’or en régional puis en départemental pour pouvoir se qualifier au national. Mais il y a eu une véritable alchimie entre nous. C’est une véritable aventure que nous avons vécu, nous avions même fait un travail psychologique pour lutter contre le stress et accepter la défaite si elle venait à nous. Ce ne fut pas le cas et nous en sommes ravies. » Au début de l’aventure, une simple interrogation lors d’un cours. « Qui souhaite participer au concours du meilleur apprenti de France » avait demandé Nathalie à sa classe. « Une ribambelle de mains se sont levées. J’ai précisé, il y aura trois épreuves et des heures de labeur qu’il ne faudra pas compter. Ça se passera en dehors des heures de cours qui plus est. Et bien il ne restait qu’une main. Celle de Salomé. » Pour la jeune femme, ce n’était pas même un effort. « Ma mère travaillait dans ce domaine, j’ai donc grandi dans le monde de l’esthétique. J’aime ce qui est beau, minutieux et le travail soigné. J’avais une grande confiance en Mme Garraut et nous avons tout de suite était complice. Elle m’a transmise son savoir et j’ai eu de bons conseils. Pour le reste, c’est de la passion et de l’envie. »
En quittant l’établissement, Salomé part avec le statut d’Artisane. Une chose qu’elle souhaite faire évoluer, puisqu’elle va poursuivre ses études pour atteindre la qualification de Maître artisane dans deux ans. Et après ? « Après je participerais au concours du meilleur ouvrier de France (rires). Je n’ai pas l’intention de m’arrêter là. »
« Une plus value folle pour leur carrière »
Sabrina Cuminal est professeure des métiers de la mode au lycée de la Coudoulière. Dans sa section, un peu moins d’une dizaine d’élèves se sont portées volontaires pour participer au concours du meilleur apprentis de France. Seule Carla Soete est parvenue à se hisser jusqu’à la médaille d’or en national. Et à peine le titre remporté, que les professionnels du métier rêvent déjà de l’embaucher. Sa professeure témoigne : « Pendant plusieurs mois, pour passer les différentes épreuves, ils conçoivent des vêtements pièce après pièce. Ils vont donc plus loin dans l’apprentissage des techniques. Pour le concours national, il fallait savoir utiliser un matériel industriel mais également avoir une main délicate, pareillement à celles qui officient a Haute Couture. Participer au concours est déjà une plus value pour leur curriculum vitae. Ils n’ont qu’à se présenter pour être retenus pour un stage. On sait leur minutie et leur souci du détail. Alors obtenir une médaille d’or … » Carla en sait déjà les travers. Présentée par une amie qui avait décroché un emploi dans une entreprise pour l’été à la direction de l’établissement, elle a eu la surprise d’être rappelée et de se voir proposer le poste … de sa camarade quelques jours plus loin. Pensant que le talent ne vaut rien sans moralité, la jeune femme a tout bonnement refusée l’offre jugée inconvenante pour finalement trouver son bonheur ailleurs.
