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samedi 2 août 2025

La Seyne, une terre d’exploration scientifique sous-marine

Depuis plus de vingt ans, les abysses au large de La Seyne-sur-Mer abritent l’une des plus grandes aventures scientifiques contemporaines. Au croisement de la physique des particules et de l’océanographie, un télescope à neutrinos, unique en Méditerranée, scrute les profondeurs pour déchiffrer les messages de l’univers.


Le neutrino, une particule fantôme au cœur de la recherche

Invisible et insaisissable, le neutrino est une particule subatomique qui traverse la matière sans laisser de trace. À chaque seconde, des milliards d’entre eux passent à travers notre corps sans interagir. Ces messagers du cosmos passionnent les scientifiques, car ils pourraient révéler les secrets de l’univers, notamment sur ses origines, en apportant des indices sur les premières secondes après le Big Bang.


ANTARES : le premier télescope sous-marin européen

C’est à 40 kilomètres des côtes varoises, à 2400 mètres de profondeur, qu’a été déployé en 1996 le premier télescope à neutrinos sous-marin européen : le projet ANTARES. Initié par le Centre de Physique des Particules de Marseille (CPPM) en collaboration avec l’IFREMER, le CNRS, l’INSU et d’autres instituts internationaux, ce dispositif pionnier a permis d’observer les interactions rares des neutrinos avec la matière, en captant les flashs lumineux qu’ils provoquent.


Une transmission de données depuis les abysses jusqu’à La Seyne

Les données collectées sont acheminées par fibre optique jusqu’à l’Institut Michel Pacha, à La Seyne, pour être analysées. Elles ont notamment contribué à mieux comprendre l’origine des rayons cosmiques et à faire avancer les recherches sur la matière noire. Cette collaboration internationale place La Seyne au cœur d’une dynamique scientifique mondiale.


KM3Net : une nouvelle génération de télescope

Aujourd’hui, une nouvelle génération prend le relais : le télescope KM3NeT, bien plus ambitieux. Doté de sphères équipées de trois capteurs photosensibles chacune, il permettra non seulement d’étudier les neutrinos avec une précision inégalée, mais aussi d’offrir aux chercheurs marins des outils pour explorer la faune des abysses, suivre la circulation océanique ou encore surveiller l’activité sismique.

Si l’Institut Michel Pacha a accueilli historiquement les premières données du projet ANTARES, les installations de KM3NeT sont désormais rattachées au campus de l’Ifremer à La Seyne-sur-Mer, où l’analyse de ces précieuses informations se poursuit dans un environnement technologique de pointe.


Une synergie scientifique locale

Ce projet d’envergure internationale s’inscrit dans une dynamique locale forte. La Seyne, par sa position géographique stratégique, devient un véritable carrefour des sciences marines et fondamentales. L’IFREMER y développe des robots sous-marins pour la maintenance de ces télescopes, et Orange Marine relie les données à terre grâce à un câble transcontinental qui connecte la plage des Sablettes à Singapour.


Témoignage : la science aujourd’hui, un travail collectif

Le docteur Damien Dornic, chercheur au Centre de Physique des Particules de Marseille, a étudié les données récoltées par ANTARES et travaille désormais sur KM3Net. Il insiste sur la transformation du métier de scientifique :

« Cela n’a plus rien à voir avec le monde d’avant. N’imaginez pas un chercheur seul dans son bureau en train de faire des calculs avant de s’écrier ‘Eurêka’. Aujourd’hui, la science a besoin de deux choses pour avancer : du temps, car les découvertes prennent des décennies, et de collaborations. Les grandes avancées sont désormais le fruit d’un travail collectif. »


Trois stations majeures à travers le monde

Trois grandes stations d’observation des neutrinos se partagent actuellement la planète :

  • l’une au large de La Seyne,
  • une autre au pôle Sud (IceCube) dans les glaces antarctiques,
  • et la dernière en Russie, dans les profondeurs du lac Baïkal.

Si les tensions internationales freinent aujourd’hui certains échanges, la recherche continue, portée par un idéal commun : mieux comprendre l’univers, depuis les confins du cosmos jusqu’aux fonds marins.


Les neutrinos dans l’imaginaire collectif

Longtemps restés confinés aux laboratoires de recherche, les neutrinos ont peu à peu gagné l’imaginaire collectif. Ces particules fantômes, quasi indétectables, sont devenues des symboles de mystère et de puissance silencieuse dans de nombreuses œuvres de fiction.

Sur Netflix, la série 3 Body Problem, adaptation du roman de Liu Cixin, met en scène des neutrinos modifiés par une civilisation extraterrestre pour espionner l’humanité. Dans la série britannique Bodies, également sur Netflix, une trace anormale de neutrinos est à l’origine d’un phénomène de boucle temporelle. Même des blockbusters hollywoodiens comme 2012 ont utilisé les neutrinos comme déclencheurs de scénarios apocalyptiques.

Dans la littérature, les neutrinos apparaissent comme des messagers de l’univers, capables de traverser l’espace et le temps sans être altérés. Ainsi, la science rejoint la fiction pour mieux nourrir nos questionnements sur l’invisible et l’infini.

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La Seyne, une terre d’exploration scientifique sous-marine

Depuis plus de vingt ans, les abysses au large de La Seyne-sur-Mer abritent l’une des plus grandes aventures scientifiques contemporaines. Au croisement de la physique des particules et de l’océanographie, un télescope à neutrinos, unique en Méditerranée, scrute les profondeurs pour déchiffrer les messages de l’univers.


Le neutrino, une particule fantôme au cœur de la recherche

Invisible et insaisissable, le neutrino est une particule subatomique qui traverse la matière sans laisser de trace. À chaque seconde, des milliards d’entre eux passent à travers notre corps sans interagir. Ces messagers du cosmos passionnent les scientifiques, car ils pourraient révéler les secrets de l’univers, notamment sur ses origines, en apportant des indices sur les premières secondes après le Big Bang.


ANTARES : le premier télescope sous-marin européen

C’est à 40 kilomètres des côtes varoises, à 2400 mètres de profondeur, qu’a été déployé en 1996 le premier télescope à neutrinos sous-marin européen : le projet ANTARES. Initié par le Centre de Physique des Particules de Marseille (CPPM) en collaboration avec l’IFREMER, le CNRS, l’INSU et d’autres instituts internationaux, ce dispositif pionnier a permis d’observer les interactions rares des neutrinos avec la matière, en captant les flashs lumineux qu’ils provoquent.


Une transmission de données depuis les abysses jusqu’à La Seyne

Les données collectées sont acheminées par fibre optique jusqu’à l’Institut Michel Pacha, à La Seyne, pour être analysées. Elles ont notamment contribué à mieux comprendre l’origine des rayons cosmiques et à faire avancer les recherches sur la matière noire. Cette collaboration internationale place La Seyne au cœur d’une dynamique scientifique mondiale.


KM3Net : une nouvelle génération de télescope

Aujourd’hui, une nouvelle génération prend le relais : le télescope KM3NeT, bien plus ambitieux. Doté de sphères équipées de trois capteurs photosensibles chacune, il permettra non seulement d’étudier les neutrinos avec une précision inégalée, mais aussi d’offrir aux chercheurs marins des outils pour explorer la faune des abysses, suivre la circulation océanique ou encore surveiller l’activité sismique.

Si l’Institut Michel Pacha a accueilli historiquement les premières données du projet ANTARES, les installations de KM3NeT sont désormais rattachées au campus de l’Ifremer à La Seyne-sur-Mer, où l’analyse de ces précieuses informations se poursuit dans un environnement technologique de pointe.


Une synergie scientifique locale

Ce projet d’envergure internationale s’inscrit dans une dynamique locale forte. La Seyne, par sa position géographique stratégique, devient un véritable carrefour des sciences marines et fondamentales. L’IFREMER y développe des robots sous-marins pour la maintenance de ces télescopes, et Orange Marine relie les données à terre grâce à un câble transcontinental qui connecte la plage des Sablettes à Singapour.


Témoignage : la science aujourd’hui, un travail collectif

Le docteur Damien Dornic, chercheur au Centre de Physique des Particules de Marseille, a étudié les données récoltées par ANTARES et travaille désormais sur KM3Net. Il insiste sur la transformation du métier de scientifique :

« Cela n’a plus rien à voir avec le monde d’avant. N’imaginez pas un chercheur seul dans son bureau en train de faire des calculs avant de s’écrier ‘Eurêka’. Aujourd’hui, la science a besoin de deux choses pour avancer : du temps, car les découvertes prennent des décennies, et de collaborations. Les grandes avancées sont désormais le fruit d’un travail collectif. »


Trois stations majeures à travers le monde

Trois grandes stations d’observation des neutrinos se partagent actuellement la planète :

  • l’une au large de La Seyne,
  • une autre au pôle Sud (IceCube) dans les glaces antarctiques,
  • et la dernière en Russie, dans les profondeurs du lac Baïkal.

Si les tensions internationales freinent aujourd’hui certains échanges, la recherche continue, portée par un idéal commun : mieux comprendre l’univers, depuis les confins du cosmos jusqu’aux fonds marins.


Les neutrinos dans l’imaginaire collectif

Longtemps restés confinés aux laboratoires de recherche, les neutrinos ont peu à peu gagné l’imaginaire collectif. Ces particules fantômes, quasi indétectables, sont devenues des symboles de mystère et de puissance silencieuse dans de nombreuses œuvres de fiction.

Sur Netflix, la série 3 Body Problem, adaptation du roman de Liu Cixin, met en scène des neutrinos modifiés par une civilisation extraterrestre pour espionner l’humanité. Dans la série britannique Bodies, également sur Netflix, une trace anormale de neutrinos est à l’origine d’un phénomène de boucle temporelle. Même des blockbusters hollywoodiens comme 2012 ont utilisé les neutrinos comme déclencheurs de scénarios apocalyptiques.

Dans la littérature, les neutrinos apparaissent comme des messagers de l’univers, capables de traverser l’espace et le temps sans être altérés. Ainsi, la science rejoint la fiction pour mieux nourrir nos questionnements sur l’invisible et l’infini.

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Invisible et insaisissable, le neutrino est une particule subatomique qui traverse la matière sans laisser de trace. À chaque seconde, des milliards d’entre eux passent à travers notre corps sans interagir. Ces messagers du cosmos passionnent les scientifiques, car ils pourraient révéler les secrets de l’univers, notamment sur ses origines, en apportant des indices sur les premières secondes après le Big Bang.


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C’est à 40 kilomètres des côtes varoises, à 2400 mètres de profondeur, qu’a été déployé en 1996 le premier télescope à neutrinos sous-marin européen : le projet ANTARES. Initié par le Centre de Physique des Particules de Marseille (CPPM) en collaboration avec l’IFREMER, le CNRS, l’INSU et d’autres instituts internationaux, ce dispositif pionnier a permis d’observer les interactions rares des neutrinos avec la matière, en captant les flashs lumineux qu’ils provoquent.


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Aujourd’hui, une nouvelle génération prend le relais : le télescope KM3NeT, bien plus ambitieux. Doté de sphères équipées de trois capteurs photosensibles chacune, il permettra non seulement d’étudier les neutrinos avec une précision inégalée, mais aussi d’offrir aux chercheurs marins des outils pour explorer la faune des abysses, suivre la circulation océanique ou encore surveiller l’activité sismique.

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