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vendredi 26 juillet 2024

Le Camp des Milles : Une histoire, également Sanaryenne

Le Camp des Milles : Une austère bâtisse en briques rouges, dotée de deux hautes cheminées. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, cette usine de tuiles située en pleine campagne est transformée en camp de transit, d’internement, puis de déportation, accueillant près de 10 000 enfants, femmes et hommes entre septembre 1939 et décembre 1942. Le camp des Milles a été créé en zone libre, conformément à la volonté des Français.

Au petit Galli, ce mois-ci, la municipalité et le Centre d’Etudes et de Recherches du Patrimoine Sanaryen ont organisé une table ronde autour de l’histoire de ce Camp, en présence de Nicolas Sadoul, le directeur de la fondation des Milles. Au programme : une lecture de témoignages poignants composés par des anciens internés et une poignée d’intervenants qualifiés prêts à décortiquer l’histoire.

Un peu d’histoire pour mieux comprendre : 

Dès la déclaration de la guerre, en septembre 1939, les ressortissants des « pays ennemis » réfugiés en France font, en raison de leurs nationalités, l’objet de mesures d’internement : le statut de réfugié politique ne prévalut alors nullement sur le critère d’appartenance à un pays ennemi. Parmi ces internés se trouvent de nombreux intellectuels antinazis et des Juifs qui ont fui les persécutions.

La vie culturelle aux Milles : 

Au sein du camp, une communauté intellectuelle et artistique s’est développée. Dans les premiers mois, plusieurs personnalités allemandes ont été internées, telles que Hans Bellmer et Max Ernst. Entre 1939 et 1942, plus de 400 œuvres ont été créées sur le complexe, dont des peintures murales. Ces dernières décrivaient souvent la vie carcérale. Par exemple, Hans Bellmer incorporait des briques dans de nombreux dessins, en référence au passé du lieu (le site des Milles était une tuilerie-briqueterie) et à sa propre incarcération. Le dessin de Max Ernst intitulé « Les Apatrides » faisait allusion aux prisonniers victimes des persécutions nazies déchus de leur nationalité.

Les peintures murales étaient situées dans la salle de repos des gardiens, également connue sous le nom de « salle des peintures murales ». La plus importante était une fresque satirique du « Banquet des nations », où les convives attablés étaient vêtus de costumes du monde entier et se nourrissaient de mets de leur pays. Ce thème reflétait la diversité des prisonniers, venus de partout. On attribue la fresque à Karl Bodek, qui a ensuite été assassiné à Auschwitz.

L’écrivain juif-allemand Lion Feuchtwanger a été brièvement emprisonné aux Milles. Après avoir fui une Europe déchirée par la guerre pour se rendre aux États-Unis, il a relaté son internement dans ses mémoires intitulées « Le Diable en France », publiées en 1941.

Une table ronde pour honorer la mémoire Sanaryenne.

Patricia Aubert, première adjointe au maire a rappeler que la naissance du CERPS avait été décidé sous la mandature de Ferdinand Bernhard. Le petit village de Sanary-sur-Mer a vécu une aventure inattendue : l’arrivée en nombre d’exilés (écrivains, artistes, journalistes etc…) qui ont été conquis par le village. Ce dernier leur paraissait être un havre après ce qu’ils avaient vécu dans la proche Allemagne, leur patrie, devenue tout à coup hostile et violente. Ils l’ont déclaré digne d’être leur capitale et ils ont décrit ses beaux endroits et son art de vivre. Ils ont été des poètes pour cette terre d’accueil avant, pour certains, d’être déportés vers les Milles.

Une fenêtre pour se projeter dans l’horreur.  

Les différents intervenants : Gilbert Buti, agrégé et docteur en histoire et président du CERPS, Jean-Marie Guillon, professeur d’université et  Alain Paire, journaliste à la Marseillaise ont, évidemment, tous foulés le sol du camps des Milles. Pendant leur exposé, ils ont tous évoqué une fenêtre sale, à l’étage. Nicolas Sadoul, directeur de la fondation du Camp des Milles a signalé : « Il existe deux fenêtres qui attirent toutes les attentions. La première, porte le nom de la fenêtre des suicides. Lorsque plus tard dans le temps, des trains venaient pour déporter les internés dans des camps tel que Auschwitz, par peur, certains se jetaient par la fenêtre, parfois avec les enfants. Une autre, est sale volontairement. Elle est là pour laisser aux gens qui visitent, l’opportunité de penser à quoi ressemblait la vie à l’époque. »

Pour ceux qui désirent aller plus loin, mardi 9 avril 2024 la ville de Sanary organise une visite au Camp des Milles avec un départ à 12h30 depuis la ville. Une inscription est requise auprès de l’Office de Tourisme.

 

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Le Camp des Milles : Une histoire, également Sanaryenne

Le Camp des Milles : Une austère bâtisse en briques rouges, dotée de deux hautes cheminées. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, cette usine de tuiles située en pleine campagne est transformée en camp de transit, d’internement, puis de déportation, accueillant près de 10 000 enfants, femmes et hommes entre septembre 1939 et décembre 1942. Le camp des Milles a été créé en zone libre, conformément à la volonté des Français.

Au petit Galli, ce mois-ci, la municipalité et le Centre d’Etudes et de Recherches du Patrimoine Sanaryen ont organisé une table ronde autour de l’histoire de ce Camp, en présence de Nicolas Sadoul, le directeur de la fondation des Milles. Au programme : une lecture de témoignages poignants composés par des anciens internés et une poignée d’intervenants qualifiés prêts à décortiquer l’histoire.

Un peu d’histoire pour mieux comprendre : 

Dès la déclaration de la guerre, en septembre 1939, les ressortissants des « pays ennemis » réfugiés en France font, en raison de leurs nationalités, l’objet de mesures d’internement : le statut de réfugié politique ne prévalut alors nullement sur le critère d’appartenance à un pays ennemi. Parmi ces internés se trouvent de nombreux intellectuels antinazis et des Juifs qui ont fui les persécutions.

La vie culturelle aux Milles : 

Au sein du camp, une communauté intellectuelle et artistique s’est développée. Dans les premiers mois, plusieurs personnalités allemandes ont été internées, telles que Hans Bellmer et Max Ernst. Entre 1939 et 1942, plus de 400 œuvres ont été créées sur le complexe, dont des peintures murales. Ces dernières décrivaient souvent la vie carcérale. Par exemple, Hans Bellmer incorporait des briques dans de nombreux dessins, en référence au passé du lieu (le site des Milles était une tuilerie-briqueterie) et à sa propre incarcération. Le dessin de Max Ernst intitulé « Les Apatrides » faisait allusion aux prisonniers victimes des persécutions nazies déchus de leur nationalité.

Les peintures murales étaient situées dans la salle de repos des gardiens, également connue sous le nom de « salle des peintures murales ». La plus importante était une fresque satirique du « Banquet des nations », où les convives attablés étaient vêtus de costumes du monde entier et se nourrissaient de mets de leur pays. Ce thème reflétait la diversité des prisonniers, venus de partout. On attribue la fresque à Karl Bodek, qui a ensuite été assassiné à Auschwitz.

L’écrivain juif-allemand Lion Feuchtwanger a été brièvement emprisonné aux Milles. Après avoir fui une Europe déchirée par la guerre pour se rendre aux États-Unis, il a relaté son internement dans ses mémoires intitulées « Le Diable en France », publiées en 1941.

Une table ronde pour honorer la mémoire Sanaryenne.

Patricia Aubert, première adjointe au maire a rappeler que la naissance du CERPS avait été décidé sous la mandature de Ferdinand Bernhard. Le petit village de Sanary-sur-Mer a vécu une aventure inattendue : l’arrivée en nombre d’exilés (écrivains, artistes, journalistes etc…) qui ont été conquis par le village. Ce dernier leur paraissait être un havre après ce qu’ils avaient vécu dans la proche Allemagne, leur patrie, devenue tout à coup hostile et violente. Ils l’ont déclaré digne d’être leur capitale et ils ont décrit ses beaux endroits et son art de vivre. Ils ont été des poètes pour cette terre d’accueil avant, pour certains, d’être déportés vers les Milles.

Une fenêtre pour se projeter dans l’horreur.  

Les différents intervenants : Gilbert Buti, agrégé et docteur en histoire et président du CERPS, Jean-Marie Guillon, professeur d’université et  Alain Paire, journaliste à la Marseillaise ont, évidemment, tous foulés le sol du camps des Milles. Pendant leur exposé, ils ont tous évoqué une fenêtre sale, à l’étage. Nicolas Sadoul, directeur de la fondation du Camp des Milles a signalé : « Il existe deux fenêtres qui attirent toutes les attentions. La première, porte le nom de la fenêtre des suicides. Lorsque plus tard dans le temps, des trains venaient pour déporter les internés dans des camps tel que Auschwitz, par peur, certains se jetaient par la fenêtre, parfois avec les enfants. Une autre, est sale volontairement. Elle est là pour laisser aux gens qui visitent, l’opportunité de penser à quoi ressemblait la vie à l’époque. »

Pour ceux qui désirent aller plus loin, mardi 9 avril 2024 la ville de Sanary organise une visite au Camp des Milles avec un départ à 12h30 depuis la ville. Une inscription est requise auprès de l’Office de Tourisme.

 

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Au petit Galli, ce mois-ci, la municipalité et le Centre d’Etudes et de Recherches du Patrimoine Sanaryen ont organisé une table ronde autour de l’histoire de ce Camp, en présence de Nicolas Sadoul, le directeur de la fondation des Milles. Au programme : une lecture de témoignages poignants composés par des anciens internés et une poignée d’intervenants qualifiés prêts à décortiquer l’histoire.

Un peu d’histoire pour mieux comprendre : 

Dès la déclaration de la guerre, en septembre 1939, les ressortissants des « pays ennemis » réfugiés en France font, en raison de leurs nationalités, l’objet de mesures d’internement : le statut de réfugié politique ne prévalut alors nullement sur le critère d’appartenance à un pays ennemi. Parmi ces internés se trouvent de nombreux intellectuels antinazis et des Juifs qui ont fui les persécutions.

La vie culturelle aux Milles : 

Au sein du camp, une communauté intellectuelle et artistique s’est développée. Dans les premiers mois, plusieurs personnalités allemandes ont été internées, telles que Hans Bellmer et Max Ernst. Entre 1939 et 1942, plus de 400 œuvres ont été créées sur le complexe, dont des peintures murales. Ces dernières décrivaient souvent la vie carcérale. Par exemple, Hans Bellmer incorporait des briques dans de nombreux dessins, en référence au passé du lieu (le site des Milles était une tuilerie-briqueterie) et à sa propre incarcération. Le dessin de Max Ernst intitulé « Les Apatrides » faisait allusion aux prisonniers victimes des persécutions nazies déchus de leur nationalité.

Les peintures murales étaient situées dans la salle de repos des gardiens, également connue sous le nom de « salle des peintures murales ». La plus importante était une fresque satirique du « Banquet des nations », où les convives attablés étaient vêtus de costumes du monde entier et se nourrissaient de mets de leur pays. Ce thème reflétait la diversité des prisonniers, venus de partout. On attribue la fresque à Karl Bodek, qui a ensuite été assassiné à Auschwitz.

L’écrivain juif-allemand Lion Feuchtwanger a été brièvement emprisonné aux Milles. Après avoir fui une Europe déchirée par la guerre pour se rendre aux États-Unis, il a relaté son internement dans ses mémoires intitulées « Le Diable en France », publiées en 1941.

Une table ronde pour honorer la mémoire Sanaryenne.

Patricia Aubert, première adjointe au maire a rappeler que la naissance du CERPS avait été décidé sous la mandature de Ferdinand Bernhard. Le petit village de Sanary-sur-Mer a vécu une aventure inattendue : l’arrivée en nombre d’exilés (écrivains, artistes, journalistes etc…) qui ont été conquis par le village. Ce dernier leur paraissait être un havre après ce qu’ils avaient vécu dans la proche Allemagne, leur patrie, devenue tout à coup hostile et violente. Ils l’ont déclaré digne d’être leur capitale et ils ont décrit ses beaux endroits et son art de vivre. Ils ont été des poètes pour cette terre d’accueil avant, pour certains, d’être déportés vers les Milles.

Une fenêtre pour se projeter dans l’horreur.  

Les différents intervenants : Gilbert Buti, agrégé et docteur en histoire et président du CERPS, Jean-Marie Guillon, professeur d’université et  Alain Paire, journaliste à la Marseillaise ont, évidemment, tous foulés le sol du camps des Milles. Pendant leur exposé, ils ont tous évoqué une fenêtre sale, à l’étage. Nicolas Sadoul, directeur de la fondation du Camp des Milles a signalé : « Il existe deux fenêtres qui attirent toutes les attentions. La première, porte le nom de la fenêtre des suicides. Lorsque plus tard dans le temps, des trains venaient pour déporter les internés dans des camps tel que Auschwitz, par peur, certains se jetaient par la fenêtre, parfois avec les enfants. Une autre, est sale volontairement. Elle est là pour laisser aux gens qui visitent, l’opportunité de penser à quoi ressemblait la vie à l’époque. »

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