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samedi 23 août 2025

Les Embiez : une île façonnée par l’histoire et la mémoire

Proposées par l’Office de Tourisme, les visites guidées menées par le conférencier Martin Grange invitent à découvrir l’île des Embiez sous un angle inédit. Bien plus qu’un décor de carte postale, elle se révèle comme un véritable condensé d’histoire, où chaque époque a laissé sa marque, des premières navigations antiques depuis le port du Brusc aux vestiges de la Seconde Guerre mondiale, en passant par l’âge industriel.

Une mémoire industrielle oubliée

Au XIXᵉ siècle, l’île abritait une fabrique de soude alimentée par les marais salants. Le procédé chimique, rudimentaire et agressif, eut des conséquences désastreuses sur l’environnement. La biodiversité fut ravagée, jusqu’à atteindre la végétation du Brusc, sur le continent.
« C’est une page oubliée de l’histoire locale. Pendant longtemps, cette île a été exploitée, maltraitée, et ce n’est que bien plus tard qu’on a compris les dégâts causés aux sols, à la flore, et même à la mémoire collective », souligne Martin Grange.

Les galeries oubliées de la Seconde Guerre mondiale :

Sous ses sentiers paisibles, l’île cache encore des cicatrices d’un passé plus sombre. Un vaste tunnel reliait autrefois la grande tour qui domine les Embiez à un réseau de galeries souterraines. Fermée aujourd’hui par une grille, son entrée n’est plus accessible, et le sol de la galerie est régulièrement inondé par les pluies.
À l’époque, les Allemands y avaient aménagé des abris, des tranchées, des dortoirs pour les soldats et des salles remplies de munitions, prêtes à être utilisées en cas d’attaque. Ces fortifications répondaient à la crainte d’un débarquement allié… qui eut finalement lieu plus à l’est, entre Cavalaire et Saint-Raphaël, en août 1944. Aujourd’hui condamnés, ces vestiges rappellent combien l’île a aussi été un terrain stratégique pendant le conflit.

Paul Ricard, l’art du coup d’éclat

Au détour de la visite, la tombe de Paul Ricard devient, portée par la voix de Martin Grange, le point culminant d’un récit où se dessine le portrait d’un homme hors norme. Entrepreneur inspiré et maître dans l’art de la mise en scène, il a marqué son époque par des initiatives restées célèbres.
En 1956, lors de la crise de Suez qui raréfie le pétrole, il orchestre dans Paris une procession de chameaux chargés de fûts, rebaptisée « caravane de la soif », accompagnée du slogan devenu culte : « En France, on manquera de pétrole mais pas de pastis ! ». L’opération frappe les esprits et assoit sa réputation de communicant hors pair.
À la fin des années 1960, accusé par certains députés de contribuer aux accidents de la route, Ricard réplique que le danger vient des routes mal entretenues plutôt que de son pastis. Il promet alors de construire un circuit automobile au prix d’un kilomètre d’autoroute, en le rendant si sûr qu’aucun accident ne pourrait s’y produire. Promesse tenue : en 1969, les travaux débutent au Castellet et, le 19 avril 1970, le Circuit Paul Ricard est inauguré, conçu avec l’aide de grands pilotes comme Jean-Pierre Beltoise et Henri Pescarolo, pour concilier vitesse et sécurité.

Un renouveau porté par Paul Ricard

C’est au XXᵉ siècle que l’île retrouve un souffle nouveau. Paul Ricard, fondateur du célèbre pastis et mécène visionnaire, entreprend de réhabiliter les Embiez après des décennies de surexploitation. Il y fonde un institut océanographique et en fait un site tourné vers la préservation de la Méditerranée.
Grâce à cette ambition, l’île recense aujourd’hui près de 250 espèces végétales, dont certaines endémiques, et la lagune du Brusc, bordée de posidonies, est devenue un joyau écologique rare.

Le souffle du mistral :

La visite est aussi l’occasion d’observer comment le vent façonne le paysage. Le mistral, emblème de la Provence, courbe les arbres en formes singulières et donne aux cannes de Provence une souplesse unique. Exploitées dans le Var pour la fabrication des anches d’instruments à vent, elles sont réputées comme les meilleures au monde, une qualité directement héritée de ce souffle persistant.

Entre mémoire industrielle, cicatrices de guerre et renaissance écologique, la découverte des Embiez s’impose comme un véritable voyage dans le temps.

👉 Prochaines visites guidées : 16 septembre et 7 octobre
🎟️ Tarif : Adulte 10 €, enfant de 6 à 12 ans 3 €, gratuit pour les moins de 6 ans (hors traversée).
ℹ️ Infos et réservations : www.provencemed.com

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Les Embiez : une île façonnée par l’histoire et la mémoire

Proposées par l’Office de Tourisme, les visites guidées menées par le conférencier Martin Grange invitent à découvrir l’île des Embiez sous un angle inédit. Bien plus qu’un décor de carte postale, elle se révèle comme un véritable condensé d’histoire, où chaque époque a laissé sa marque, des premières navigations antiques depuis le port du Brusc aux vestiges de la Seconde Guerre mondiale, en passant par l’âge industriel.

Une mémoire industrielle oubliée

Au XIXᵉ siècle, l’île abritait une fabrique de soude alimentée par les marais salants. Le procédé chimique, rudimentaire et agressif, eut des conséquences désastreuses sur l’environnement. La biodiversité fut ravagée, jusqu’à atteindre la végétation du Brusc, sur le continent.
« C’est une page oubliée de l’histoire locale. Pendant longtemps, cette île a été exploitée, maltraitée, et ce n’est que bien plus tard qu’on a compris les dégâts causés aux sols, à la flore, et même à la mémoire collective », souligne Martin Grange.

Les galeries oubliées de la Seconde Guerre mondiale :

Sous ses sentiers paisibles, l’île cache encore des cicatrices d’un passé plus sombre. Un vaste tunnel reliait autrefois la grande tour qui domine les Embiez à un réseau de galeries souterraines. Fermée aujourd’hui par une grille, son entrée n’est plus accessible, et le sol de la galerie est régulièrement inondé par les pluies.
À l’époque, les Allemands y avaient aménagé des abris, des tranchées, des dortoirs pour les soldats et des salles remplies de munitions, prêtes à être utilisées en cas d’attaque. Ces fortifications répondaient à la crainte d’un débarquement allié… qui eut finalement lieu plus à l’est, entre Cavalaire et Saint-Raphaël, en août 1944. Aujourd’hui condamnés, ces vestiges rappellent combien l’île a aussi été un terrain stratégique pendant le conflit.

Paul Ricard, l’art du coup d’éclat

Au détour de la visite, la tombe de Paul Ricard devient, portée par la voix de Martin Grange, le point culminant d’un récit où se dessine le portrait d’un homme hors norme. Entrepreneur inspiré et maître dans l’art de la mise en scène, il a marqué son époque par des initiatives restées célèbres.
En 1956, lors de la crise de Suez qui raréfie le pétrole, il orchestre dans Paris une procession de chameaux chargés de fûts, rebaptisée « caravane de la soif », accompagnée du slogan devenu culte : « En France, on manquera de pétrole mais pas de pastis ! ». L’opération frappe les esprits et assoit sa réputation de communicant hors pair.
À la fin des années 1960, accusé par certains députés de contribuer aux accidents de la route, Ricard réplique que le danger vient des routes mal entretenues plutôt que de son pastis. Il promet alors de construire un circuit automobile au prix d’un kilomètre d’autoroute, en le rendant si sûr qu’aucun accident ne pourrait s’y produire. Promesse tenue : en 1969, les travaux débutent au Castellet et, le 19 avril 1970, le Circuit Paul Ricard est inauguré, conçu avec l’aide de grands pilotes comme Jean-Pierre Beltoise et Henri Pescarolo, pour concilier vitesse et sécurité.

Un renouveau porté par Paul Ricard

C’est au XXᵉ siècle que l’île retrouve un souffle nouveau. Paul Ricard, fondateur du célèbre pastis et mécène visionnaire, entreprend de réhabiliter les Embiez après des décennies de surexploitation. Il y fonde un institut océanographique et en fait un site tourné vers la préservation de la Méditerranée.
Grâce à cette ambition, l’île recense aujourd’hui près de 250 espèces végétales, dont certaines endémiques, et la lagune du Brusc, bordée de posidonies, est devenue un joyau écologique rare.

Le souffle du mistral :

La visite est aussi l’occasion d’observer comment le vent façonne le paysage. Le mistral, emblème de la Provence, courbe les arbres en formes singulières et donne aux cannes de Provence une souplesse unique. Exploitées dans le Var pour la fabrication des anches d’instruments à vent, elles sont réputées comme les meilleures au monde, une qualité directement héritée de ce souffle persistant.

Entre mémoire industrielle, cicatrices de guerre et renaissance écologique, la découverte des Embiez s’impose comme un véritable voyage dans le temps.

👉 Prochaines visites guidées : 16 septembre et 7 octobre
🎟️ Tarif : Adulte 10 €, enfant de 6 à 12 ans 3 €, gratuit pour les moins de 6 ans (hors traversée).
ℹ️ Infos et réservations : www.provencemed.com

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Proposées par l’Office de Tourisme, les visites guidées menées par le conférencier Martin Grange invitent à découvrir l’île des Embiez sous un angle inédit. Bien plus qu’un décor de carte postale, elle se révèle comme un véritable condensé d’histoire, où chaque époque a laissé sa marque, des premières navigations antiques depuis le port du Brusc aux vestiges de la Seconde Guerre mondiale, en passant par l’âge industriel.

Une mémoire industrielle oubliée

Au XIXᵉ siècle, l’île abritait une fabrique de soude alimentée par les marais salants. Le procédé chimique, rudimentaire et agressif, eut des conséquences désastreuses sur l’environnement. La biodiversité fut ravagée, jusqu’à atteindre la végétation du Brusc, sur le continent.
« C’est une page oubliée de l’histoire locale. Pendant longtemps, cette île a été exploitée, maltraitée, et ce n’est que bien plus tard qu’on a compris les dégâts causés aux sols, à la flore, et même à la mémoire collective », souligne Martin Grange.

Les galeries oubliées de la Seconde Guerre mondiale :

Sous ses sentiers paisibles, l’île cache encore des cicatrices d’un passé plus sombre. Un vaste tunnel reliait autrefois la grande tour qui domine les Embiez à un réseau de galeries souterraines. Fermée aujourd’hui par une grille, son entrée n’est plus accessible, et le sol de la galerie est régulièrement inondé par les pluies.
À l’époque, les Allemands y avaient aménagé des abris, des tranchées, des dortoirs pour les soldats et des salles remplies de munitions, prêtes à être utilisées en cas d’attaque. Ces fortifications répondaient à la crainte d’un débarquement allié… qui eut finalement lieu plus à l’est, entre Cavalaire et Saint-Raphaël, en août 1944. Aujourd’hui condamnés, ces vestiges rappellent combien l’île a aussi été un terrain stratégique pendant le conflit.

Paul Ricard, l’art du coup d’éclat

Au détour de la visite, la tombe de Paul Ricard devient, portée par la voix de Martin Grange, le point culminant d’un récit où se dessine le portrait d’un homme hors norme. Entrepreneur inspiré et maître dans l’art de la mise en scène, il a marqué son époque par des initiatives restées célèbres.
En 1956, lors de la crise de Suez qui raréfie le pétrole, il orchestre dans Paris une procession de chameaux chargés de fûts, rebaptisée « caravane de la soif », accompagnée du slogan devenu culte : « En France, on manquera de pétrole mais pas de pastis ! ». L’opération frappe les esprits et assoit sa réputation de communicant hors pair.
À la fin des années 1960, accusé par certains députés de contribuer aux accidents de la route, Ricard réplique que le danger vient des routes mal entretenues plutôt que de son pastis. Il promet alors de construire un circuit automobile au prix d’un kilomètre d’autoroute, en le rendant si sûr qu’aucun accident ne pourrait s’y produire. Promesse tenue : en 1969, les travaux débutent au Castellet et, le 19 avril 1970, le Circuit Paul Ricard est inauguré, conçu avec l’aide de grands pilotes comme Jean-Pierre Beltoise et Henri Pescarolo, pour concilier vitesse et sécurité.

Un renouveau porté par Paul Ricard

C’est au XXᵉ siècle que l’île retrouve un souffle nouveau. Paul Ricard, fondateur du célèbre pastis et mécène visionnaire, entreprend de réhabiliter les Embiez après des décennies de surexploitation. Il y fonde un institut océanographique et en fait un site tourné vers la préservation de la Méditerranée.
Grâce à cette ambition, l’île recense aujourd’hui près de 250 espèces végétales, dont certaines endémiques, et la lagune du Brusc, bordée de posidonies, est devenue un joyau écologique rare.

Le souffle du mistral :

La visite est aussi l’occasion d’observer comment le vent façonne le paysage. Le mistral, emblème de la Provence, courbe les arbres en formes singulières et donne aux cannes de Provence une souplesse unique. Exploitées dans le Var pour la fabrication des anches d’instruments à vent, elles sont réputées comme les meilleures au monde, une qualité directement héritée de ce souffle persistant.

Entre mémoire industrielle, cicatrices de guerre et renaissance écologique, la découverte des Embiez s’impose comme un véritable voyage dans le temps.

👉 Prochaines visites guidées : 16 septembre et 7 octobre
🎟️ Tarif : Adulte 10 €, enfant de 6 à 12 ans 3 €, gratuit pour les moins de 6 ans (hors traversée).
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