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mercredi 30 octobre 2024

Les « Justes » honorés au Parc de la Navale en présence de Boris Cyrulnik

Dimanche 21 juillet, une cérémonie commémorait la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’Etat Français quai Tailliez. L’occasion de rendre hommage aux “Justes”. Étaient présents les adjoints Christine Sinquin, Gérard Beccaria, Marie-Claude Paganelli-Argiolas et Joseph Minniti.

Plus de 28 000 Justes parmi les nations recensés par Israël. 

Le premier à prendre la parole fut Serge Coen, directeur régional du Comité français pour Yad Vashem. Il a évoqué l’historique du titre de “Juste parmi les Nations” décerné par l’Etat d’Israël, et présenté différentes actions de sauvetage réalisées pendant la Seconde Guerre mondiale. Au total, on estime à 28 000 personnes, le nombre de ceux qui ont risqué leur vie et celle de leur famille pour sauver un être. “Ils viennent de 51 pays différents, sont chrétiens, musulmans ou agnostiques.”Pour Serge Coen, les faits d’hier ne doivent pas être oubliés sous peine d’être reproduits à nouveau comme en 1915 avec le génocide des Arméniens, des juifs et des tsiganes mais également en 1994 avec le massacre des Tutsis. Serge Coen a fini son discours en parlant de la nécessité de résister lorsque le fanatisme se réveille.

Rencontrer l’autre fait taire la rumeur. L’analyse de Boris Cyrulnik. 

Deuxième invité à prendre la parole, Boris Cyrulnik, auteur de livres grand public traitant de psychologie et de récit de vie, il a notamment échappé à la rafle de 1942. Ses parents, eux, ont été déportés dans les camps. Devant l’assemblée, il a posé les questions suivantes : “Pourquoi parmi nous, certains, dans un courant d’idées maléfiques, parviennent ils à garder leur liberté intérieure ? Pourquoi les Justes, et pourquoi faut-il continuer d’en parler ?” On estime entre 5 et 6 millions les victimes juives durant la Seconde Guerre mondiale, sur une population, en Europe, de 9 millions d’habitants. Boris Cyrulnik, a commencé par expliquer les jeux du langage après les drames : “On ne disait pas que les juifs avaient été assassinés, ils avaient disparu” avant de se pencher sur le sort de cette population, différente, en fonction de la culture des pays. “Par exemple, le Pays-Bas était un pays qui n’était pas antisémite en 1930. Pourtant, sur les 120 000 juifs qui résidaient sur place au début de la guerre, il n’en restait que 20 000 en 1947. Car une minorité bien organisée, avec l’aide d’une administration efficace, s’était attelée à la tâche pour faire disparaître 100 000 personnes en moins de deux ans. En France, le pays, lui, était antisémite. Pourtant, sur une population de 270 000 juifs français, après la guerre, 200 000 ont survécu. Cela est dû à la loi pétainiste sur le port de l’étoile jaune. Elle a renversé la culture française. Parce que l’étoile permettait de mettre un visage sur une rumeur. Les juifs n’étaient plus alors des êtres imaginaires mais bel et bien des êtres réels comme le voisin. Ainsi, on allait à la rencontre de l’autre, on connaissait l’autre, on le reconnaissait. La rumeur prenait fin. En quelques mois, la France a cessé d’être antisémite.” Si Boris Cyrulnik a continué d’expliquer l’importance de ne pas cesser d’aller à la rencontre de l’autre afin de garder sa liberté intérieure, il a aussi cité deux noms : Samuel Paty et Dominique Bernard. “Ils ont été décapités pour avoir défendu la laïcité. Parce qu’ils ont dit que toutes les religions étaient respectables. Merci les Justes, mais aujourd’hui encore, il y a du travail.”

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Plus de 28 000 Justes parmi les nations recensés par Israël. 

Le premier à prendre la parole fut Serge Coen, directeur régional du Comité français pour Yad Vashem. Il a évoqué l’historique du titre de “Juste parmi les Nations” décerné par l’Etat d’Israël, et présenté différentes actions de sauvetage réalisées pendant la Seconde Guerre mondiale. Au total, on estime à 28 000 personnes, le nombre de ceux qui ont risqué leur vie et celle de leur famille pour sauver un être. “Ils viennent de 51 pays différents, sont chrétiens, musulmans ou agnostiques.”Pour Serge Coen, les faits d’hier ne doivent pas être oubliés sous peine d’être reproduits à nouveau comme en 1915 avec le génocide des Arméniens, des juifs et des tsiganes mais également en 1994 avec le massacre des Tutsis. Serge Coen a fini son discours en parlant de la nécessité de résister lorsque le fanatisme se réveille.

Rencontrer l’autre fait taire la rumeur. L’analyse de Boris Cyrulnik. 

Deuxième invité à prendre la parole, Boris Cyrulnik, auteur de livres grand public traitant de psychologie et de récit de vie, il a notamment échappé à la rafle de 1942. Ses parents, eux, ont été déportés dans les camps. Devant l’assemblée, il a posé les questions suivantes : “Pourquoi parmi nous, certains, dans un courant d’idées maléfiques, parviennent ils à garder leur liberté intérieure ? Pourquoi les Justes, et pourquoi faut-il continuer d’en parler ?” On estime entre 5 et 6 millions les victimes juives durant la Seconde Guerre mondiale, sur une population, en Europe, de 9 millions d’habitants. Boris Cyrulnik, a commencé par expliquer les jeux du langage après les drames : “On ne disait pas que les juifs avaient été assassinés, ils avaient disparu” avant de se pencher sur le sort de cette population, différente, en fonction de la culture des pays. “Par exemple, le Pays-Bas était un pays qui n’était pas antisémite en 1930. Pourtant, sur les 120 000 juifs qui résidaient sur place au début de la guerre, il n’en restait que 20 000 en 1947. Car une minorité bien organisée, avec l’aide d’une administration efficace, s’était attelée à la tâche pour faire disparaître 100 000 personnes en moins de deux ans. En France, le pays, lui, était antisémite. Pourtant, sur une population de 270 000 juifs français, après la guerre, 200 000 ont survécu. Cela est dû à la loi pétainiste sur le port de l’étoile jaune. Elle a renversé la culture française. Parce que l’étoile permettait de mettre un visage sur une rumeur. Les juifs n’étaient plus alors des êtres imaginaires mais bel et bien des êtres réels comme le voisin. Ainsi, on allait à la rencontre de l’autre, on connaissait l’autre, on le reconnaissait. La rumeur prenait fin. En quelques mois, la France a cessé d’être antisémite.” Si Boris Cyrulnik a continué d’expliquer l’importance de ne pas cesser d’aller à la rencontre de l’autre afin de garder sa liberté intérieure, il a aussi cité deux noms : Samuel Paty et Dominique Bernard. “Ils ont été décapités pour avoir défendu la laïcité. Parce qu’ils ont dit que toutes les religions étaient respectables. Merci les Justes, mais aujourd’hui encore, il y a du travail.”

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Plus de 28 000 Justes parmi les nations recensés par Israël. 

Le premier à prendre la parole fut Serge Coen, directeur régional du Comité français pour Yad Vashem. Il a évoqué l’historique du titre de “Juste parmi les Nations” décerné par l’Etat d’Israël, et présenté différentes actions de sauvetage réalisées pendant la Seconde Guerre mondiale. Au total, on estime à 28 000 personnes, le nombre de ceux qui ont risqué leur vie et celle de leur famille pour sauver un être. “Ils viennent de 51 pays différents, sont chrétiens, musulmans ou agnostiques.”Pour Serge Coen, les faits d’hier ne doivent pas être oubliés sous peine d’être reproduits à nouveau comme en 1915 avec le génocide des Arméniens, des juifs et des tsiganes mais également en 1994 avec le massacre des Tutsis. Serge Coen a fini son discours en parlant de la nécessité de résister lorsque le fanatisme se réveille.

Rencontrer l’autre fait taire la rumeur. L’analyse de Boris Cyrulnik. 

Deuxième invité à prendre la parole, Boris Cyrulnik, auteur de livres grand public traitant de psychologie et de récit de vie, il a notamment échappé à la rafle de 1942. Ses parents, eux, ont été déportés dans les camps. Devant l’assemblée, il a posé les questions suivantes : “Pourquoi parmi nous, certains, dans un courant d’idées maléfiques, parviennent ils à garder leur liberté intérieure ? Pourquoi les Justes, et pourquoi faut-il continuer d’en parler ?” On estime entre 5 et 6 millions les victimes juives durant la Seconde Guerre mondiale, sur une population, en Europe, de 9 millions d’habitants. Boris Cyrulnik, a commencé par expliquer les jeux du langage après les drames : “On ne disait pas que les juifs avaient été assassinés, ils avaient disparu” avant de se pencher sur le sort de cette population, différente, en fonction de la culture des pays. “Par exemple, le Pays-Bas était un pays qui n’était pas antisémite en 1930. Pourtant, sur les 120 000 juifs qui résidaient sur place au début de la guerre, il n’en restait que 20 000 en 1947. Car une minorité bien organisée, avec l’aide d’une administration efficace, s’était attelée à la tâche pour faire disparaître 100 000 personnes en moins de deux ans. En France, le pays, lui, était antisémite. Pourtant, sur une population de 270 000 juifs français, après la guerre, 200 000 ont survécu. Cela est dû à la loi pétainiste sur le port de l’étoile jaune. Elle a renversé la culture française. Parce que l’étoile permettait de mettre un visage sur une rumeur. Les juifs n’étaient plus alors des êtres imaginaires mais bel et bien des êtres réels comme le voisin. Ainsi, on allait à la rencontre de l’autre, on connaissait l’autre, on le reconnaissait. La rumeur prenait fin. En quelques mois, la France a cessé d’être antisémite.” Si Boris Cyrulnik a continué d’expliquer l’importance de ne pas cesser d’aller à la rencontre de l’autre afin de garder sa liberté intérieure, il a aussi cité deux noms : Samuel Paty et Dominique Bernard. “Ils ont été décapités pour avoir défendu la laïcité. Parce qu’ils ont dit que toutes les religions étaient respectables. Merci les Justes, mais aujourd’hui encore, il y a du travail.”

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