Derrière son établi, Nicolas polit le bois d’un galoubet ou ajuste les graves d’un tambourin. Dans la lumière des fêtes provençales, Cécile, vêtue du costume traditionnel, fait tournoyer ses jupons avec un sourire éclatant. Ensemble, ils incarnent une culture qui se transmet autant par les sons que par les gestes.
Deux parcours qui se rejoignent
Lui est luthier, musicien et collectionneur. Président de La Ròde de Basse-Provence, il rassemble les passionnés d’arts et traditions populaires et enseigne également au sein de Lou Raioulet. Elle, arrière-petite-fille du pêcheur bruscain Marius Bourelli, a grandi bercée par les traditions locales. Leur destin se croise en 1994, lors d’un examen de musique. Depuis, ils avancent main dans la main pour que le galoubet et le tambourin continuent de battre au cœur de la Provence.
Redonner vie aux mélodies oubliées
Dans leur maison, les étagères ploient sous le poids de partitions anciennes, certaines muettes depuis plus d’un siècle… hormis pour Nicolas, qui les redonne vie. « C’est toujours très émouvant de faire entendre une mélodie oubliée », confie-t-il. Pour remonter leur histoire, il s’appuie sur un ouvrage bien connu des musiciens provençaux : La Clé du caveau. Surprise : peu d’airs sont nés exclusivement en Provence. Beaucoup viennent d’ailleurs, preuve que ce patrimoine s’est construit au fil des voyages.
Chaque instrument porte une mémoire
Ce goût de collecter et de transmettre lui vient d’une phrase de son professeur de musique : « Tout ce que je t’apprends, il faudra qu’un jour tu le transmettes. Sinon, cela disparaîtra. » Dans son atelier reposent tambourins et galoubets anciens, certains du XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles. « Chaque instrument porte en lui la mémoire de ceux qui l’ont fait sonner », rappelle-t-il. Lors des fêtes folkloriques, Nicolas joue souvent un galoubet transmis par son ami disparu M. Fiorenzano, pour que ses notes continuent de résonner.

Professeur et passeur de culture
Au sein de Lou Raioulet, Nicolas forme de nouveaux musiciens. « Transmettre, c’est donner des clés pour comprendre une culture et un répertoire », souligne-t-il. Les jeunes s’y intéressent de plus en plus. « On a compris que ces instruments pouvaient se mêler à toutes les musiques, même les plus modernes », ajoute-t-il.
Un patrimoine vivant
En septembre, de nouveaux créneaux s’ouvriront pour apprendre galoubet et tambourin aux côtés de Nicolas, ou encore la danse avec Cécile. Couture et langue provençale compléteront cette immersion dans un patrimoine vivant. On les retrouvera aussi aux Journées du patrimoine à la Maison du Cygne, où musique et danse feront revivre la Provence d’autrefois.