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lundi 16 septembre 2024

« Nous étions avec les anciens combattants »

Pour célébrer les 80 ans de la libération de Six-Fours, la ville a convié l’association Groupe Military Conservation, dont les membres en costume d’époque et avec véhicules ont défilé dans les rues du coeur de ville ce dimanche en fin d’après-midi.

Au milieu de la foule, un homme habillé à la manière d’un soldat de la 1ère Division Française Libre. C’est en 1982 qu’il a participé pour la première fois à la reconstitution du débarquement. Il raconte : « C’était à Sainte-Maxime et ça avait été imaginé dans le but de rendre hommage aux anciens combattants. Il faut comprendre qu’à l’époque, quand on défilé, les gens qui nous voyaient arriver avaient vécu ces événements. On faisait revivre certains de leurs souvenirs et l’émotion était vraiment palpable, il y avait beaucoup de larmes dans la foule. Les anciens combattants étaient à nos côtés, et après chaque événement, on mangeait tous ensemble. Nous on se taisait, on écoutait les anecdotes des anciens. On était fiers d’être à côté d’eux. » 

Mais le temps emporte tout, sauf peut-être les dates sur les livres d’histoire.

« Aujourd’hui, les gens sont heureux de nous voir, ils nous remercient. Tous savent que c’est un jour important, mais ceux qui l’ont vécu ont été pour la plupart emportés, alors la fête est différente. L’ambiance aussi … c’est plus joyeux mais moins vrai. C’est la vie qui est ainsi. » Autre changement avec les années : la facilité à trouver des costumes d’époque. « Avant il n’en était pas reproduit. Nous devions trouver de l’ancien ou le faire nous. Maintenant vous pouvez trouver ces vêtements sur n’importe quel site. Mais attention à celui qui s’en procure. Ces costumes ne doivent jamais être considérés comme des déguisements. Nous apprenons à tous les jeunes qui nous rejoignent : dès que vous passez un bras dans la chemise, vous devez vous tenir droit et bien, tenir le garde à vous pendant le souvenir aux morts. Nous devons être les garants du souvenir de ceux qui ont tant sacrifié, il n’est pas question d’amusement. »  

« C’est un devoir de mémoire » 

Participer au 80eme anniversaire du débarquement de Provence était le rêve du mari de Fabienne, Jean-Pierre. Ce dernier a été emporté l’année passée. Alors, en présence de ses petites nièces, elle a repris les clefs de la JIP et a endossé sa tenue qui appartenait a un sergent chef pendant la seconde guerre mondiale. Elle raconte : « C’est un devoir de mémoire. D’abord pour les anciens, ensuite pour nos contemporains qui n’ont connu la guerre qu’à travers les livres et les films et qui sont soucieux de voir quelque chose de leurs yeux. À titre personnel, c’est également un devoir de mémoire pour mon mari. Je poursuis son oeuvre et son rêve. Cela fait quinze ans que je participais aux commémorations. Il est parti l’année dernière au mois de juillet. C’est la première fois que je reviens. Un peu pour lui, un peu avec lui. » 

« Pour faire revivre ma grand-mère »

Accrochées au tablier de Valérie, des épingles à nourrice. Lorsque le fil venait à manquer au plus près de la guerre, le personnel médical refermait les plaies avec ces dernières.

Valérie est membre de la GMC depuis presque dix-sept ans. Chaque année, elle enfile son costume et parade dans les rues pour faire perdurer le souvenir des anciens. Mais, toujours avec un petit pincement au coeur. Elle raconte : « Je fais ça pour faire revivre ma grand-mère : Marie Anne. Elle a eu une vie difficile. Pendant la première guerre mondiale elle a perdu son mari. Pendant la seconde, elle vivait à la campagne et la nuit elle attendait en regardant le ciel. Parfois, elle voyait un parachutiste tomber. Alors elle essayait de le retrouver dans les bois pour savoir de quoi il avait besoin. Ils ne parlaient pas la même langue, alors, c’est avec les mains qu’ils communiquaient. Souvent, ils avaient besoin de manger ou de se cacher. J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour ma grand-mère. Je ne veux pas que le souvenir s’efface. Ce genre de journée, c’est l’occasion d’en parler, de faire vivre le souvenir. » 

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« Nous étions avec les anciens combattants »

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Au milieu de la foule, un homme habillé à la manière d’un soldat de la 1ère Division Française Libre. C’est en 1982 qu’il a participé pour la première fois à la reconstitution du débarquement. Il raconte : « C’était à Sainte-Maxime et ça avait été imaginé dans le but de rendre hommage aux anciens combattants. Il faut comprendre qu’à l’époque, quand on défilé, les gens qui nous voyaient arriver avaient vécu ces événements. On faisait revivre certains de leurs souvenirs et l’émotion était vraiment palpable, il y avait beaucoup de larmes dans la foule. Les anciens combattants étaient à nos côtés, et après chaque événement, on mangeait tous ensemble. Nous on se taisait, on écoutait les anecdotes des anciens. On était fiers d’être à côté d’eux. » 

Mais le temps emporte tout, sauf peut-être les dates sur les livres d’histoire.

« Aujourd’hui, les gens sont heureux de nous voir, ils nous remercient. Tous savent que c’est un jour important, mais ceux qui l’ont vécu ont été pour la plupart emportés, alors la fête est différente. L’ambiance aussi … c’est plus joyeux mais moins vrai. C’est la vie qui est ainsi. » Autre changement avec les années : la facilité à trouver des costumes d’époque. « Avant il n’en était pas reproduit. Nous devions trouver de l’ancien ou le faire nous. Maintenant vous pouvez trouver ces vêtements sur n’importe quel site. Mais attention à celui qui s’en procure. Ces costumes ne doivent jamais être considérés comme des déguisements. Nous apprenons à tous les jeunes qui nous rejoignent : dès que vous passez un bras dans la chemise, vous devez vous tenir droit et bien, tenir le garde à vous pendant le souvenir aux morts. Nous devons être les garants du souvenir de ceux qui ont tant sacrifié, il n’est pas question d’amusement. »  

« C’est un devoir de mémoire » 

Participer au 80eme anniversaire du débarquement de Provence était le rêve du mari de Fabienne, Jean-Pierre. Ce dernier a été emporté l’année passée. Alors, en présence de ses petites nièces, elle a repris les clefs de la JIP et a endossé sa tenue qui appartenait a un sergent chef pendant la seconde guerre mondiale. Elle raconte : « C’est un devoir de mémoire. D’abord pour les anciens, ensuite pour nos contemporains qui n’ont connu la guerre qu’à travers les livres et les films et qui sont soucieux de voir quelque chose de leurs yeux. À titre personnel, c’est également un devoir de mémoire pour mon mari. Je poursuis son oeuvre et son rêve. Cela fait quinze ans que je participais aux commémorations. Il est parti l’année dernière au mois de juillet. C’est la première fois que je reviens. Un peu pour lui, un peu avec lui. » 

« Pour faire revivre ma grand-mère »

Accrochées au tablier de Valérie, des épingles à nourrice. Lorsque le fil venait à manquer au plus près de la guerre, le personnel médical refermait les plaies avec ces dernières.

Valérie est membre de la GMC depuis presque dix-sept ans. Chaque année, elle enfile son costume et parade dans les rues pour faire perdurer le souvenir des anciens. Mais, toujours avec un petit pincement au coeur. Elle raconte : « Je fais ça pour faire revivre ma grand-mère : Marie Anne. Elle a eu une vie difficile. Pendant la première guerre mondiale elle a perdu son mari. Pendant la seconde, elle vivait à la campagne et la nuit elle attendait en regardant le ciel. Parfois, elle voyait un parachutiste tomber. Alors elle essayait de le retrouver dans les bois pour savoir de quoi il avait besoin. Ils ne parlaient pas la même langue, alors, c’est avec les mains qu’ils communiquaient. Souvent, ils avaient besoin de manger ou de se cacher. J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour ma grand-mère. Je ne veux pas que le souvenir s’efface. Ce genre de journée, c’est l’occasion d’en parler, de faire vivre le souvenir. » 

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Au milieu de la foule, un homme habillé à la manière d’un soldat de la 1ère Division Française Libre. C’est en 1982 qu’il a participé pour la première fois à la reconstitution du débarquement. Il raconte : « C’était à Sainte-Maxime et ça avait été imaginé dans le but de rendre hommage aux anciens combattants. Il faut comprendre qu’à l’époque, quand on défilé, les gens qui nous voyaient arriver avaient vécu ces événements. On faisait revivre certains de leurs souvenirs et l’émotion était vraiment palpable, il y avait beaucoup de larmes dans la foule. Les anciens combattants étaient à nos côtés, et après chaque événement, on mangeait tous ensemble. Nous on se taisait, on écoutait les anecdotes des anciens. On était fiers d’être à côté d’eux. » 

Mais le temps emporte tout, sauf peut-être les dates sur les livres d’histoire.

« Aujourd’hui, les gens sont heureux de nous voir, ils nous remercient. Tous savent que c’est un jour important, mais ceux qui l’ont vécu ont été pour la plupart emportés, alors la fête est différente. L’ambiance aussi … c’est plus joyeux mais moins vrai. C’est la vie qui est ainsi. » Autre changement avec les années : la facilité à trouver des costumes d’époque. « Avant il n’en était pas reproduit. Nous devions trouver de l’ancien ou le faire nous. Maintenant vous pouvez trouver ces vêtements sur n’importe quel site. Mais attention à celui qui s’en procure. Ces costumes ne doivent jamais être considérés comme des déguisements. Nous apprenons à tous les jeunes qui nous rejoignent : dès que vous passez un bras dans la chemise, vous devez vous tenir droit et bien, tenir le garde à vous pendant le souvenir aux morts. Nous devons être les garants du souvenir de ceux qui ont tant sacrifié, il n’est pas question d’amusement. »  

« C’est un devoir de mémoire » 

Participer au 80eme anniversaire du débarquement de Provence était le rêve du mari de Fabienne, Jean-Pierre. Ce dernier a été emporté l’année passée. Alors, en présence de ses petites nièces, elle a repris les clefs de la JIP et a endossé sa tenue qui appartenait a un sergent chef pendant la seconde guerre mondiale. Elle raconte : « C’est un devoir de mémoire. D’abord pour les anciens, ensuite pour nos contemporains qui n’ont connu la guerre qu’à travers les livres et les films et qui sont soucieux de voir quelque chose de leurs yeux. À titre personnel, c’est également un devoir de mémoire pour mon mari. Je poursuis son oeuvre et son rêve. Cela fait quinze ans que je participais aux commémorations. Il est parti l’année dernière au mois de juillet. C’est la première fois que je reviens. Un peu pour lui, un peu avec lui. » 

« Pour faire revivre ma grand-mère »

Accrochées au tablier de Valérie, des épingles à nourrice. Lorsque le fil venait à manquer au plus près de la guerre, le personnel médical refermait les plaies avec ces dernières.

Valérie est membre de la GMC depuis presque dix-sept ans. Chaque année, elle enfile son costume et parade dans les rues pour faire perdurer le souvenir des anciens. Mais, toujours avec un petit pincement au coeur. Elle raconte : « Je fais ça pour faire revivre ma grand-mère : Marie Anne. Elle a eu une vie difficile. Pendant la première guerre mondiale elle a perdu son mari. Pendant la seconde, elle vivait à la campagne et la nuit elle attendait en regardant le ciel. Parfois, elle voyait un parachutiste tomber. Alors elle essayait de le retrouver dans les bois pour savoir de quoi il avait besoin. Ils ne parlaient pas la même langue, alors, c’est avec les mains qu’ils communiquaient. Souvent, ils avaient besoin de manger ou de se cacher. J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour ma grand-mère. Je ne veux pas que le souvenir s’efface. Ce genre de journée, c’est l’occasion d’en parler, de faire vivre le souvenir. » 

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