Nicole aime le respect des traditions et les petits gestes du quotidien empreints de poésie. Si elle aime fleurir La Chapelle de Pépiole sur son temps libre, c’est pour une autre raison qu’elle est connue par la communauté. Chaque année, elle réalise une crèche géante, dans l’une des pièces de sa maison et invite qui le souhaite à venir découvrir son chef-d’oeuvre. Aidée par son ami Bruno, qui s’occupe de mécaniser certaines petites scènettes comme le plateau tournant qui représente des jeunes gens en train de s’adonner à une danse folklorique provençale.
Un plaisir qui vient de l’enfance.
Dans un coin de sa crèche, des santons ont plus d’un siècle d’existence. Nicole raconte : « Mon grand-père recevait chaque année en cadeau, lorsqu’il était jeune, un santon de son parrain qui les confectionnait lui même et avait un atelier à Marseille. Ma grand-mère aimait ajouter ce nouveau sujet à sa crèche tous les ans. J’ai fait la même chose avec mes parents, et aujourd’hui, je poursuis la tradition. J’installe les premiers paysages dès le mois de novembre lorsque je ramasse des éléments dans la nature pour que cela fasse vrai. Avec la sécheresse, cette année, malheureusement, je n’ai pas eu de mousse. Bruno a pensé à de la moquette pour donner l’illusion. La crèche restera en état jusqu’au 2 février prochain. Des enfants du quartier viendront la visiter pendant ce laps de temps. Je pourrais ainsi leur expliquer les différents personnages et la tradition provençale qui me tient tant à coeur. »
Une ambition qui occupe toute l’année.
Si les gestes sont répétitifs d’année en année, Nicole concède ne jamais reproduire les mêmes paysages. L’inspiration change tous les ans et parfois, des idées apparaissent dès le mois d’août. « Avec Bruno, nous avons créé des maisons en papier mâché cet été, et au coeur du mois d’aout, nous avons inventé une scène avec la mer, les bateaux et Paul Cézanne qui s’inspire du paysage. Cette crèche m’occupe toute l’année (rires). » Et pour trouver de nouveaux sujets, Nicole ne recule pas devant les kilomètres. Aubagne, Marseille, la haute Provence … elle va partout où elle sait pouvoir trouver une foire aux santons ou des santonniers qui n’hésitent pas à innover. Le seul regret de cette dame pleine de courage est de ne pas en trouver un qui accepte de réaliser sa demeure en argile. « Nul ne veut créer un moule pour un usage unique, mais je ne désespère pas. » À bon entendeur.
Un fait divers en santon
Au coeur de la crèche XXL de Nicole, une petite maison aux volets verts pâles avec une dame qui guette à la fenêtre. Au siècle dernier, cette bâtisse a fait la une des journaux locaux après que la foudre se soit abattue dessus et ait tué ses deux occupants, un couple de retraités. Il se dit qu’avant le drame, la dame attendait toujours son mari à la fenêtre, en espérant le voir arriver les bras chargés de poissons. Les enfants du couple, meurtris, ont eu le souhait de murer les fenêtres et ne pas vendre la demeure durant tout le siècle dernier. Les locaux se sont émus du sort de la famille et chez certains santonniers de la région, on retrouve encore la demeure du couple, fenêtre ouverte, avec une dame qui guette l’horizon. Les années passant, la maisonnette a fini par disparaitre du paysage. Il se dresse aujourd’hui un petit magasin à sa place, mais bravant les lois du temps et de l’oubli, elle demeure encore au coeur des foyers, dans certaines crèches.