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samedi 20 avril 2024

Renée Mercheyer, l’agricultrice Six-Fournaise, engagée au grand coeur

Dans les années 50, il n’était pas aisé d’être une agricultrice. Renée Mercheyer, fille de fonctionnaire, a pourtant choisi cette voie par amour de son Louis. Son caractère bien trempé et sa sensibilité l’ont conduite à travailler pour la reconnaissance et l’émancipation des femmes dans le monde agricole. Rencontre. 

« Renée, le souvenir de notre équipe et de notre réussite restera longtemps dans nos coeurs. Avec toute mon amitié … »

Les mots sont griffonnés avec émotion sur la première page du livre qu’elle tient dans ses mains. Ses doigts glissent sur l’encre et défilent sur le prochain message : « Pour un ouragan de travail … continue à avancer… ». Elle conclut sur le dernier : « La vague impétueuse est remontée du Brusc jusqu’à l’arrivée de cette merveilleuse aventure… » Elle sourit : « Ah ! Ça pour une aventure ! » 

Renée Mercheyer est émue et émouvante. Cette grand-mère qui se déplace difficilement n’a jamais fait valoir ses droits à la retraite. Aujourd’hui encore elle est agricultrice, et fière de l’être : « J’ai des oliviers et des vignes. Beaucoup d’oliviers. » Elle explique : « Le problème, c’est que j’ai toujours envie de plein de choses. J’ai soif d’apprendre, j’ai envie de faire. Le jour ou la passion me quittera et bien … à quoi bon ?  » 

La passion pour moteur d’une vie bien remplie.

Renée est fille de fonctionnaire et rêve de devenir professeur de Gym. Elle est la première femme de la grande ville de Toulon à obtenir son Baccalauréat. L’avenir s’annonce radieux pour l’ambitieuse jeune femme qui n’a jamais rechigné à étudier jusque tard dans la nuit pour connaitre ses leçons sur le bout de ses doigts. Mais avant de signer son contrat, elle rencontre « Loulou » et c’est le tournant d’une vie. Par amour, elle quitte tout pour vivre aux côtés de ce fils de paysan. Lorsqu’elle arrive sur les terres, elle ne connait rien. Elle explique : « Ma belle-mère m’a appris beaucoup de choses. Elle était surement inquiète de me voir arriver de la ville avec mon diplôme. Mais j’avais ce souci d’humilité qui je crois est typiquement féminin. J’ai su dire : « J’arrive ici, je ne sais rien, j’ai tout à apprendre ». C’était très dur. Le métier n’est pas facile ». 

« La Révolution Douce ».

« Les agricultrices d’aujourd’hui ne souffrent pas comme nous avons souffert. Il y a cinquante ans , nous les femmes, nous n’avions pas de statut, pas de salaire, pour la plupart nous n’étions que l’ombre de nos maris. »

Renée Mercheyer refuse ces conditions, pour elle, et pour les autres. Elle décide alors de réfléchir à un système qui permettrait aux femmes de gagner en autonomie. « Une brèche s’est ouverte pour notre génération grâce aux permis de conduire. On a commencé à regarder vers l’extérieur et à s’échanger notre organisation de travail ».  Elle intègre très vite un groupe de développement agricole (GDA)  et entraine dans son sillon d’autres agricultrices. Ensemble, elles créent les marchés insolites, la coopérative agricole et la corbeille du jardin … Elle reprend :  » C’est ensemble, nous avons osé. Si quelque chose nous paraissait compliqué, et bien on suivait un stage ou une formation. Les GDA nous ont apporté savoir, mais également assurance ». Très vite ces femmes deviennent conseillères, présidentes … les voix s’élèvent.

Une parole engagée, une femme d’Honneur.

En 1983, elle est conviée au salon de l’agriculture au Palais des Congrès. Elle souhaite rendre hommage au quotidien des agricultrices dans un discours. Une semaine avant de partir, Louis lui remet un courrier, sourire aux lèvres. Il connait sa femme, il sait. « Croyez-le ou non, c’était un discours écrit par un bureaucrate qui me venait tout droit du Ministère de l’Agriculture. Je ne pouvais pas lire ce courrier, ce n’était pas les mots véritables des agricultrices ». Durant la nuit, Renée réécrit le discours.

Faire équipe à deux, le bonheur d’une vie.

« Loulou » s’est éteint depuis des années. Renée raconte : « Toute ma vie je me suis éclatée. Je n’ai cessé d’apprendre, d’aller de projet en projet. Je ne regrette rien. Mais chaque décision prise a été vivement encouragée par mon mari. Nous avons fait équipe lui et moi. »  Elle se souvient : « Quand j’ai voulu amener les touristes à la ferme et créer sur nos terres un camping, Loulou a rit. Il m’a dit « Tu as déjà du mal à te lever pour toi le matin, alors tu crois vraiment pouvoir  te réveiller aux aurores pour faire le petit déjeuner des autres ?  » On s’est beaucoup chamaillé à ce sujet, c’était son principal argument et je riais à chaque fois. » Oui mais voila. L’idée est en train de germer. La force de Renée c’est aussi et surtout de savoir se diversifier, d’aller d’un univers à un autre sans sourciller et de mettre tant de coeur à l’ouvrage que la magie opère presque dans l’instant. Aujourd’hui le camping s’est transformé en chambres d’hôtes…. 

En 1990, Renée Mercheyer (avec l’aide de ses consoeurs) créée l’association Terre Varoise, Réalité et Promotion. Ensemble, elles composent un ouvrage qui raconte leur métier. Entre chaque page, la centaine d’agricultrices qui a participé à la rédaction, relatent les secrets des recettes de leurs grand-mères …. Un trésor a découvrir si la Pintade poêlée aux figues de Josette vous donne envie.

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  1. Très belle article pour une Grande DAME du Brusc que je connais et avec qui je prends toujours plaisir de l’entendre parlé du Brusc et de la VIE.
    Bravo

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Renée Mercheyer, l’agricultrice Six-Fournaise, engagée au grand coeur

Dans les années 50, il n’était pas aisé d’être une agricultrice. Renée Mercheyer, fille de fonctionnaire, a pourtant choisi cette voie par amour de son Louis. Son caractère bien trempé et sa sensibilité l’ont conduite à travailler pour la reconnaissance et l’émancipation des femmes dans le monde agricole. Rencontre. 

« Renée, le souvenir de notre équipe et de notre réussite restera longtemps dans nos coeurs. Avec toute mon amitié … »

Les mots sont griffonnés avec émotion sur la première page du livre qu’elle tient dans ses mains. Ses doigts glissent sur l’encre et défilent sur le prochain message : « Pour un ouragan de travail … continue à avancer… ». Elle conclut sur le dernier : « La vague impétueuse est remontée du Brusc jusqu’à l’arrivée de cette merveilleuse aventure… » Elle sourit : « Ah ! Ça pour une aventure ! » 

Renée Mercheyer est émue et émouvante. Cette grand-mère qui se déplace difficilement n’a jamais fait valoir ses droits à la retraite. Aujourd’hui encore elle est agricultrice, et fière de l’être : « J’ai des oliviers et des vignes. Beaucoup d’oliviers. » Elle explique : « Le problème, c’est que j’ai toujours envie de plein de choses. J’ai soif d’apprendre, j’ai envie de faire. Le jour ou la passion me quittera et bien … à quoi bon ?  » 

La passion pour moteur d’une vie bien remplie.

Renée est fille de fonctionnaire et rêve de devenir professeur de Gym. Elle est la première femme de la grande ville de Toulon à obtenir son Baccalauréat. L’avenir s’annonce radieux pour l’ambitieuse jeune femme qui n’a jamais rechigné à étudier jusque tard dans la nuit pour connaitre ses leçons sur le bout de ses doigts. Mais avant de signer son contrat, elle rencontre « Loulou » et c’est le tournant d’une vie. Par amour, elle quitte tout pour vivre aux côtés de ce fils de paysan. Lorsqu’elle arrive sur les terres, elle ne connait rien. Elle explique : « Ma belle-mère m’a appris beaucoup de choses. Elle était surement inquiète de me voir arriver de la ville avec mon diplôme. Mais j’avais ce souci d’humilité qui je crois est typiquement féminin. J’ai su dire : « J’arrive ici, je ne sais rien, j’ai tout à apprendre ». C’était très dur. Le métier n’est pas facile ». 

« La Révolution Douce ».

« Les agricultrices d’aujourd’hui ne souffrent pas comme nous avons souffert. Il y a cinquante ans , nous les femmes, nous n’avions pas de statut, pas de salaire, pour la plupart nous n’étions que l’ombre de nos maris. »

Renée Mercheyer refuse ces conditions, pour elle, et pour les autres. Elle décide alors de réfléchir à un système qui permettrait aux femmes de gagner en autonomie. « Une brèche s’est ouverte pour notre génération grâce aux permis de conduire. On a commencé à regarder vers l’extérieur et à s’échanger notre organisation de travail ».  Elle intègre très vite un groupe de développement agricole (GDA)  et entraine dans son sillon d’autres agricultrices. Ensemble, elles créent les marchés insolites, la coopérative agricole et la corbeille du jardin … Elle reprend :  » C’est ensemble, nous avons osé. Si quelque chose nous paraissait compliqué, et bien on suivait un stage ou une formation. Les GDA nous ont apporté savoir, mais également assurance ». Très vite ces femmes deviennent conseillères, présidentes … les voix s’élèvent.

Une parole engagée, une femme d’Honneur.

En 1983, elle est conviée au salon de l’agriculture au Palais des Congrès. Elle souhaite rendre hommage au quotidien des agricultrices dans un discours. Une semaine avant de partir, Louis lui remet un courrier, sourire aux lèvres. Il connait sa femme, il sait. « Croyez-le ou non, c’était un discours écrit par un bureaucrate qui me venait tout droit du Ministère de l’Agriculture. Je ne pouvais pas lire ce courrier, ce n’était pas les mots véritables des agricultrices ». Durant la nuit, Renée réécrit le discours.

Faire équipe à deux, le bonheur d’une vie.

« Loulou » s’est éteint depuis des années. Renée raconte : « Toute ma vie je me suis éclatée. Je n’ai cessé d’apprendre, d’aller de projet en projet. Je ne regrette rien. Mais chaque décision prise a été vivement encouragée par mon mari. Nous avons fait équipe lui et moi. »  Elle se souvient : « Quand j’ai voulu amener les touristes à la ferme et créer sur nos terres un camping, Loulou a rit. Il m’a dit « Tu as déjà du mal à te lever pour toi le matin, alors tu crois vraiment pouvoir  te réveiller aux aurores pour faire le petit déjeuner des autres ?  » On s’est beaucoup chamaillé à ce sujet, c’était son principal argument et je riais à chaque fois. » Oui mais voila. L’idée est en train de germer. La force de Renée c’est aussi et surtout de savoir se diversifier, d’aller d’un univers à un autre sans sourciller et de mettre tant de coeur à l’ouvrage que la magie opère presque dans l’instant. Aujourd’hui le camping s’est transformé en chambres d’hôtes…. 

En 1990, Renée Mercheyer (avec l’aide de ses consoeurs) créée l’association Terre Varoise, Réalité et Promotion. Ensemble, elles composent un ouvrage qui raconte leur métier. Entre chaque page, la centaine d’agricultrices qui a participé à la rédaction, relatent les secrets des recettes de leurs grand-mères …. Un trésor a découvrir si la Pintade poêlée aux figues de Josette vous donne envie.

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« Renée, le souvenir de notre équipe et de notre réussite restera longtemps dans nos coeurs. Avec toute mon amitié … »

Les mots sont griffonnés avec émotion sur la première page du livre qu’elle tient dans ses mains. Ses doigts glissent sur l’encre et défilent sur le prochain message : « Pour un ouragan de travail … continue à avancer… ». Elle conclut sur le dernier : « La vague impétueuse est remontée du Brusc jusqu’à l’arrivée de cette merveilleuse aventure… » Elle sourit : « Ah ! Ça pour une aventure ! » 

Renée Mercheyer est émue et émouvante. Cette grand-mère qui se déplace difficilement n’a jamais fait valoir ses droits à la retraite. Aujourd’hui encore elle est agricultrice, et fière de l’être : « J’ai des oliviers et des vignes. Beaucoup d’oliviers. » Elle explique : « Le problème, c’est que j’ai toujours envie de plein de choses. J’ai soif d’apprendre, j’ai envie de faire. Le jour ou la passion me quittera et bien … à quoi bon ?  » 

La passion pour moteur d’une vie bien remplie.

Renée est fille de fonctionnaire et rêve de devenir professeur de Gym. Elle est la première femme de la grande ville de Toulon à obtenir son Baccalauréat. L’avenir s’annonce radieux pour l’ambitieuse jeune femme qui n’a jamais rechigné à étudier jusque tard dans la nuit pour connaitre ses leçons sur le bout de ses doigts. Mais avant de signer son contrat, elle rencontre « Loulou » et c’est le tournant d’une vie. Par amour, elle quitte tout pour vivre aux côtés de ce fils de paysan. Lorsqu’elle arrive sur les terres, elle ne connait rien. Elle explique : « Ma belle-mère m’a appris beaucoup de choses. Elle était surement inquiète de me voir arriver de la ville avec mon diplôme. Mais j’avais ce souci d’humilité qui je crois est typiquement féminin. J’ai su dire : « J’arrive ici, je ne sais rien, j’ai tout à apprendre ». C’était très dur. Le métier n’est pas facile ». 

« La Révolution Douce ».

« Les agricultrices d’aujourd’hui ne souffrent pas comme nous avons souffert. Il y a cinquante ans , nous les femmes, nous n’avions pas de statut, pas de salaire, pour la plupart nous n’étions que l’ombre de nos maris. »

Renée Mercheyer refuse ces conditions, pour elle, et pour les autres. Elle décide alors de réfléchir à un système qui permettrait aux femmes de gagner en autonomie. « Une brèche s’est ouverte pour notre génération grâce aux permis de conduire. On a commencé à regarder vers l’extérieur et à s’échanger notre organisation de travail ».  Elle intègre très vite un groupe de développement agricole (GDA)  et entraine dans son sillon d’autres agricultrices. Ensemble, elles créent les marchés insolites, la coopérative agricole et la corbeille du jardin … Elle reprend :  » C’est ensemble, nous avons osé. Si quelque chose nous paraissait compliqué, et bien on suivait un stage ou une formation. Les GDA nous ont apporté savoir, mais également assurance ». Très vite ces femmes deviennent conseillères, présidentes … les voix s’élèvent.

Une parole engagée, une femme d’Honneur.

En 1983, elle est conviée au salon de l’agriculture au Palais des Congrès. Elle souhaite rendre hommage au quotidien des agricultrices dans un discours. Une semaine avant de partir, Louis lui remet un courrier, sourire aux lèvres. Il connait sa femme, il sait. « Croyez-le ou non, c’était un discours écrit par un bureaucrate qui me venait tout droit du Ministère de l’Agriculture. Je ne pouvais pas lire ce courrier, ce n’était pas les mots véritables des agricultrices ». Durant la nuit, Renée réécrit le discours.

Faire équipe à deux, le bonheur d’une vie.

« Loulou » s’est éteint depuis des années. Renée raconte : « Toute ma vie je me suis éclatée. Je n’ai cessé d’apprendre, d’aller de projet en projet. Je ne regrette rien. Mais chaque décision prise a été vivement encouragée par mon mari. Nous avons fait équipe lui et moi. »  Elle se souvient : « Quand j’ai voulu amener les touristes à la ferme et créer sur nos terres un camping, Loulou a rit. Il m’a dit « Tu as déjà du mal à te lever pour toi le matin, alors tu crois vraiment pouvoir  te réveiller aux aurores pour faire le petit déjeuner des autres ?  » On s’est beaucoup chamaillé à ce sujet, c’était son principal argument et je riais à chaque fois. » Oui mais voila. L’idée est en train de germer. La force de Renée c’est aussi et surtout de savoir se diversifier, d’aller d’un univers à un autre sans sourciller et de mettre tant de coeur à l’ouvrage que la magie opère presque dans l’instant. Aujourd’hui le camping s’est transformé en chambres d’hôtes…. 

En 1990, Renée Mercheyer (avec l’aide de ses consoeurs) créée l’association Terre Varoise, Réalité et Promotion. Ensemble, elles composent un ouvrage qui raconte leur métier. Entre chaque page, la centaine d’agricultrices qui a participé à la rédaction, relatent les secrets des recettes de leurs grand-mères …. Un trésor a découvrir si la Pintade poêlée aux figues de Josette vous donne envie.

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