Camille Dalmas n’a pas encore une trentaine d’années qu’il a déjà l’expérience de plusieurs vies au bout des doigts. Dans son atelier, sous les conseils de sa grand-mère Isabelle et avec le souvenir de son grand-père George qui lui a appris le métier, il façonne des personnages de la Provence d’autrefois.
Toute l’année, il est à la conception et au four avant de parcourir les foires et les marchés. Il raconte : « C’est un métier minutieux et plein de nostalgie. Dans les santons, il y a la vie d’avant et les métiers d’autrefois. Je suis très attaché au petit peuple de Provence, beaucoup plus qu’à la nativité. J’aime aussi l’idée que mes santons vont entrer dans les foyers pour les fêtes. Noël, c’est un instant en famille, des souvenirs. » Cette année, dans la crèche qu’il a aménagé à l’hôtel de ville, il a placé deux nouvelles pièces : le garde champêtre et la façade de l’église du Castellet que sa grand-mère souhaitait tant voir. Il raconte : « Mais je n’ai pas choisi de la représenter avec le crépi rouge qu’elle possède actuellement. Elle a été repeinte et je n’imagine pas les gens d’époque choisir cette couleur. Le métier de santonnier c’est aussi cela, faire des recherches, trouver des sources anciennes, connaître le passé. Pour ce faire, j’ai beaucoup de livres, mais j’ai aussi la chance d’avoir ma grand-mère à mes côtés. Par exemple, elle est une experte en costume d’époque et rien ne lui échappe. »
D’ailleurs, si le jeune homme a appris les gestes de son métier auprès de son feu grand-père, toute sa famille reste à ses côtés. Il reprend : « Je peux compter sur ma grand-mère. Nos santons sont en terre et ont besoin de cuire toute la nuit avec une surveillance. Je veille très souvent jusqu’à tard et je donne le relais au petit-matin. Elle est toujours là, même lorsqu’il faut peindre les personnages. » Issu d’une lignée de bâtisseur, si son aïeul Georges construisait des villages en miniature de ses mains, son père, lui, a choisi d’être architecte.
Camille poursuit : « Je peux toujours bénéficier de ses encouragements où de ses coups de mains. Il m’a par exemple fait toute l’électricité pour la crèche. Mon père m’a encouragé à trouver ma propre voie. Je pense que la famille est une chose importante et que je n’aurai peut-être pas réussi à m’installer si je n’avais pas été si bien entouré. » Et d’ailleurs, cette année, Camille a vendu plus que de coutume. Une aubaine pour le professionnel, mais également une nouvelle leçon pour celui qui est à son compte depuis seulement une poignée d’années. Il termine : « L’année prochaine, il faudra que je m’y prenne plus tôt. Nous sommes début décembre et je dois à nouveau faire un four si je souhaite contenter tout le monde. Je songe a refaire mes stocks dès janvier cette fois-ci. De toute façon, vous vous imaginez bien, un santonnier, ça ne travaille pas que pendant les fêtes de fin d’année. »
La crèche en mairie vient d’être installée !