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jeudi 24 avril 2025

Séparée de sa famille à cause de la guerre du Vietnam

Thuy Caste est née au Vietnam. Elle n’a que deux ans lorsqu’une balle perdue vient perforer son corps alors qu’elle joue dans la demeure familiale. L’enfant est inconsolable. Son frère, pensant à un caprice, la prend dans ses bras… et découvre ses mains pleines de sang.

On emmène Thuy à l’hôpital le plus proche, puis à celui de Saïgon. Ce drame marque la fin de l’innocence pour toute la fratrie. Les frais médicaux sont conséquents ; ses sœurs, dont la plus jeune n’a que 12 ans, trouvent un emploi pour financer ses soins.

L’association Terre des Hommes – Allemagne propose alors une solution pour lui éviter la mort : envoyer la fillette en Europe pour être soignée. Ses parents, déchirés, signent les documents. Thuy sera hospitalisée jusqu’à ses six ans. Après plusieurs annonces dans le journal, une famille d’accueil lui est trouvée sur place. Elle ne retournera jamais au Vietnam.

Elle raconte :
« Je suppose qu’on me trouvait trop fragile pour le voyage retour. Je n’ai pas de réponse. Mes parents m’ont crue morte. J’ai grandi dans une famille qui a pris soin de moi, mais ma famille originelle… j’ai dû faire sans. Le lien était perdu. »

Lorsque sa famille d’accueil s’installe en France, Thuy a douze ans. Mais dès ses seize ans, un imbroglio administratif éclate : l’association Terre des Hommes est dans l’incapacité de lui fournir son passeport.

À l’approche de sa majorité, alors qu’elle réclame des réponses, les responsables finissent par lui remettre des documents envoyés par sa sœur aînée, restée au Vietnam. Le dialogue reprend.

Elle explique :
« À ce moment-là, nous sommes en 1984. Internet n’existe pas et la barrière de la langue complique tout. Je trouve un traducteur, mais pour ma sœur, écrire une lettre et l’envoyer lui coûte un mois de salaire. Elle m’apprend que mes parents m’ont beaucoup pleurée… et que la guerre a fini par les emporter aussi. Un matin, ils ont pris un bateau pour aller cultiver les champs… mais il a explosé en mer. Ma sœur s’est retrouvée cheffe de famille et a élevé le reste de la fratrie. Nous étions dix enfants. »

Puis, le lien se perd à nouveau, jusqu’à ce que Thuy soit contactée sur Facebook par une amie de sa sœur. Aujourd’hui, les deux femmes dialoguent en visioconférence sur WhatsApp.

Elle poursuit :
« Il y a eu beaucoup d’émotion lors du premier appel. J’apprends quelques mots, mais je ne parle toujours pas la langue. On fait tout traduire. Ma sœur me dit que j’ai le visage de ma mère… avec le nez de mon père. »

Depuis des années, Thuy et son mari Christophe économisent chaque centime pour réaliser le voyage d’une vie. Dans quelques jours, ils prendront l’avion : 56 ans après son départ, Thuy retourne au pays du Dragon.

Sur place, sa famille l’attend avec impatience.

Affaire à suivre…

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Séparée de sa famille à cause de la guerre du Vietnam

Thuy Caste est née au Vietnam. Elle n’a que deux ans lorsqu’une balle perdue vient perforer son corps alors qu’elle joue dans la demeure familiale. L’enfant est inconsolable. Son frère, pensant à un caprice, la prend dans ses bras… et découvre ses mains pleines de sang.

On emmène Thuy à l’hôpital le plus proche, puis à celui de Saïgon. Ce drame marque la fin de l’innocence pour toute la fratrie. Les frais médicaux sont conséquents ; ses sœurs, dont la plus jeune n’a que 12 ans, trouvent un emploi pour financer ses soins.

L’association Terre des Hommes – Allemagne propose alors une solution pour lui éviter la mort : envoyer la fillette en Europe pour être soignée. Ses parents, déchirés, signent les documents. Thuy sera hospitalisée jusqu’à ses six ans. Après plusieurs annonces dans le journal, une famille d’accueil lui est trouvée sur place. Elle ne retournera jamais au Vietnam.

Elle raconte :
« Je suppose qu’on me trouvait trop fragile pour le voyage retour. Je n’ai pas de réponse. Mes parents m’ont crue morte. J’ai grandi dans une famille qui a pris soin de moi, mais ma famille originelle… j’ai dû faire sans. Le lien était perdu. »

Lorsque sa famille d’accueil s’installe en France, Thuy a douze ans. Mais dès ses seize ans, un imbroglio administratif éclate : l’association Terre des Hommes est dans l’incapacité de lui fournir son passeport.

À l’approche de sa majorité, alors qu’elle réclame des réponses, les responsables finissent par lui remettre des documents envoyés par sa sœur aînée, restée au Vietnam. Le dialogue reprend.

Elle explique :
« À ce moment-là, nous sommes en 1984. Internet n’existe pas et la barrière de la langue complique tout. Je trouve un traducteur, mais pour ma sœur, écrire une lettre et l’envoyer lui coûte un mois de salaire. Elle m’apprend que mes parents m’ont beaucoup pleurée… et que la guerre a fini par les emporter aussi. Un matin, ils ont pris un bateau pour aller cultiver les champs… mais il a explosé en mer. Ma sœur s’est retrouvée cheffe de famille et a élevé le reste de la fratrie. Nous étions dix enfants. »

Puis, le lien se perd à nouveau, jusqu’à ce que Thuy soit contactée sur Facebook par une amie de sa sœur. Aujourd’hui, les deux femmes dialoguent en visioconférence sur WhatsApp.

Elle poursuit :
« Il y a eu beaucoup d’émotion lors du premier appel. J’apprends quelques mots, mais je ne parle toujours pas la langue. On fait tout traduire. Ma sœur me dit que j’ai le visage de ma mère… avec le nez de mon père. »

Depuis des années, Thuy et son mari Christophe économisent chaque centime pour réaliser le voyage d’une vie. Dans quelques jours, ils prendront l’avion : 56 ans après son départ, Thuy retourne au pays du Dragon.

Sur place, sa famille l’attend avec impatience.

Affaire à suivre…

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Thuy Caste est née au Vietnam. Elle n’a que deux ans lorsqu’une balle perdue vient perforer son corps alors qu’elle joue dans la demeure familiale. L’enfant est inconsolable. Son frère, pensant à un caprice, la prend dans ses bras… et découvre ses mains pleines de sang.

On emmène Thuy à l’hôpital le plus proche, puis à celui de Saïgon. Ce drame marque la fin de l’innocence pour toute la fratrie. Les frais médicaux sont conséquents ; ses sœurs, dont la plus jeune n’a que 12 ans, trouvent un emploi pour financer ses soins.

L’association Terre des Hommes – Allemagne propose alors une solution pour lui éviter la mort : envoyer la fillette en Europe pour être soignée. Ses parents, déchirés, signent les documents. Thuy sera hospitalisée jusqu’à ses six ans. Après plusieurs annonces dans le journal, une famille d’accueil lui est trouvée sur place. Elle ne retournera jamais au Vietnam.

Elle raconte :
« Je suppose qu’on me trouvait trop fragile pour le voyage retour. Je n’ai pas de réponse. Mes parents m’ont crue morte. J’ai grandi dans une famille qui a pris soin de moi, mais ma famille originelle… j’ai dû faire sans. Le lien était perdu. »

Lorsque sa famille d’accueil s’installe en France, Thuy a douze ans. Mais dès ses seize ans, un imbroglio administratif éclate : l’association Terre des Hommes est dans l’incapacité de lui fournir son passeport.

À l’approche de sa majorité, alors qu’elle réclame des réponses, les responsables finissent par lui remettre des documents envoyés par sa sœur aînée, restée au Vietnam. Le dialogue reprend.

Elle explique :
« À ce moment-là, nous sommes en 1984. Internet n’existe pas et la barrière de la langue complique tout. Je trouve un traducteur, mais pour ma sœur, écrire une lettre et l’envoyer lui coûte un mois de salaire. Elle m’apprend que mes parents m’ont beaucoup pleurée… et que la guerre a fini par les emporter aussi. Un matin, ils ont pris un bateau pour aller cultiver les champs… mais il a explosé en mer. Ma sœur s’est retrouvée cheffe de famille et a élevé le reste de la fratrie. Nous étions dix enfants. »

Puis, le lien se perd à nouveau, jusqu’à ce que Thuy soit contactée sur Facebook par une amie de sa sœur. Aujourd’hui, les deux femmes dialoguent en visioconférence sur WhatsApp.

Elle poursuit :
« Il y a eu beaucoup d’émotion lors du premier appel. J’apprends quelques mots, mais je ne parle toujours pas la langue. On fait tout traduire. Ma sœur me dit que j’ai le visage de ma mère… avec le nez de mon père. »

Depuis des années, Thuy et son mari Christophe économisent chaque centime pour réaliser le voyage d’une vie. Dans quelques jours, ils prendront l’avion : 56 ans après son départ, Thuy retourne au pays du Dragon.

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