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dimanche 9 mars 2025

Six-Fours : Connaissez-vous les secrets des tableaux de la collégiale ?

En début de semaine, l’association Les Matriochka a organisé une visite guidée à la Collégiale Saint-Pierre, sur les hauteurs de la ville. Antoine Peretti et Gérard Valentin étaient aux commentaires. Voici ce que nous y avons appris :

S’il ne fait aucun doute que la Collégiale Saint-Pierre a traversé les siècles, saviez-vous qu’en son sein, elle porte les traces des soubresauts de l’histoire ? Il suffit de se pencher sur les œuvres d’art qui couvrent ses murs pour en entrapercevoir certains échos.

Au cours des siècles derniers, on a recensé vingt-deux édifices pieux sur la commune. En leur sein, il n’était pas rare d’y trouver des tableaux qui dévoilaient des scènes religieuses sur lesquelles les hommes de Dieu s’appuyaient pour prêcher. Mais, en 1657, par le décret de Louis XIV, la ville de Six-Fours et de La Seyne-sur-Mer sont séparées. Les finances de la ville plongent, l’achat des tableaux se fait plus rare. Pire, après la Révolution Française, peu à peu, les édifices religieux disparaissent. À chaque fois, les œuvres d’art sont récupérées et placées à la Collégiale.

La plus célèbre toile qui y trône est le polyptyque sur bois dit « La Vierge Marie » de Louis Bréa. Classé monument historique en 1898, l‘œuvre a notamment été présentée à l’Exposition universelle de Paris en 1928 ainsi qu’au Louvre dans les années 40 avant de revenir chez nous.

Antoine Peretti, docteur en ethno-histoire, a consacré plusieurs années de sa vie à l’étude de ces tableaux. Il raconte : « La composition des œuvres, les figures qui y sont dessinées nous apprennent beaucoup de choses sur l’état d’esprit de l’époque où elles ont été conçues. Certains faits nous permettent de dater des œuvres, d’autres soulèvent des questions. »

Une trace de la guerre des religions ?

En France, émerge vers 1520-1530 la Réforme protestante. S’ensuit le Concile de Trente, une grande assemblée catholique dont le but est de réaffirmer les doctrines catholiques contestées par les protestants. Entre 1562 et 1598, une guerre des religions éclate en France et oppose les croyants. L’expert reprend : « Il y a une dizaine d’années, alors qu’il y avait des travaux de rénovation, une fresque surprenante a été découverte sous le crépi. Depuis, quand vous entrez dans la Collégiale, la première chose que vous voyez, c’est au plafond deux personnages religieux : Jésus-Christ qui porte sa croix comme un trophée et Moïse, qui porte dans ses mains la Torah juive, et non pas une tablette avec les Dix Commandements. C’est très rare. Cela nous donne une information, mais laquelle ? Les historiens l’ignorent. La seule hypothèse que nous avons actuellement, c‘est qu’à une époque où les catholiques étaient opposés aux protestants dans la région, la population juive aurait apporté son soutien aux premiers. Il s’agirait donc peut-être là d’un remerciement. »

La descente de La Croix est une oeuvre de 1604 et est classé monument historique depuis 1911. La date et la signature du tableau furent mises à jour lors d’un nettoyage en 1970 par un peintre de Six-Fours. Horace Vernet, un grand peintre français et Directeur de l’Académie de France disait en parlant de ce tableau : « Il est malheureux que de pareils trésors soient inconnus et se trouvent ensevelis dans le fond des provinces. »
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Six-Fours : Connaissez-vous les secrets des tableaux de la collégiale ?

En début de semaine, l’association Les Matriochka a organisé une visite guidée à la Collégiale Saint-Pierre, sur les hauteurs de la ville. Antoine Peretti et Gérard Valentin étaient aux commentaires. Voici ce que nous y avons appris :

S’il ne fait aucun doute que la Collégiale Saint-Pierre a traversé les siècles, saviez-vous qu’en son sein, elle porte les traces des soubresauts de l’histoire ? Il suffit de se pencher sur les œuvres d’art qui couvrent ses murs pour en entrapercevoir certains échos.

Au cours des siècles derniers, on a recensé vingt-deux édifices pieux sur la commune. En leur sein, il n’était pas rare d’y trouver des tableaux qui dévoilaient des scènes religieuses sur lesquelles les hommes de Dieu s’appuyaient pour prêcher. Mais, en 1657, par le décret de Louis XIV, la ville de Six-Fours et de La Seyne-sur-Mer sont séparées. Les finances de la ville plongent, l’achat des tableaux se fait plus rare. Pire, après la Révolution Française, peu à peu, les édifices religieux disparaissent. À chaque fois, les œuvres d’art sont récupérées et placées à la Collégiale.

La plus célèbre toile qui y trône est le polyptyque sur bois dit « La Vierge Marie » de Louis Bréa. Classé monument historique en 1898, l‘œuvre a notamment été présentée à l’Exposition universelle de Paris en 1928 ainsi qu’au Louvre dans les années 40 avant de revenir chez nous.

Antoine Peretti, docteur en ethno-histoire, a consacré plusieurs années de sa vie à l’étude de ces tableaux. Il raconte : « La composition des œuvres, les figures qui y sont dessinées nous apprennent beaucoup de choses sur l’état d’esprit de l’époque où elles ont été conçues. Certains faits nous permettent de dater des œuvres, d’autres soulèvent des questions. »

Une trace de la guerre des religions ?

En France, émerge vers 1520-1530 la Réforme protestante. S’ensuit le Concile de Trente, une grande assemblée catholique dont le but est de réaffirmer les doctrines catholiques contestées par les protestants. Entre 1562 et 1598, une guerre des religions éclate en France et oppose les croyants. L’expert reprend : « Il y a une dizaine d’années, alors qu’il y avait des travaux de rénovation, une fresque surprenante a été découverte sous le crépi. Depuis, quand vous entrez dans la Collégiale, la première chose que vous voyez, c’est au plafond deux personnages religieux : Jésus-Christ qui porte sa croix comme un trophée et Moïse, qui porte dans ses mains la Torah juive, et non pas une tablette avec les Dix Commandements. C’est très rare. Cela nous donne une information, mais laquelle ? Les historiens l’ignorent. La seule hypothèse que nous avons actuellement, c‘est qu’à une époque où les catholiques étaient opposés aux protestants dans la région, la population juive aurait apporté son soutien aux premiers. Il s’agirait donc peut-être là d’un remerciement. »

La descente de La Croix est une oeuvre de 1604 et est classé monument historique depuis 1911. La date et la signature du tableau furent mises à jour lors d’un nettoyage en 1970 par un peintre de Six-Fours. Horace Vernet, un grand peintre français et Directeur de l’Académie de France disait en parlant de ce tableau : « Il est malheureux que de pareils trésors soient inconnus et se trouvent ensevelis dans le fond des provinces. »
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S’il ne fait aucun doute que la Collégiale Saint-Pierre a traversé les siècles, saviez-vous qu’en son sein, elle porte les traces des soubresauts de l’histoire ? Il suffit de se pencher sur les œuvres d’art qui couvrent ses murs pour en entrapercevoir certains échos.

Au cours des siècles derniers, on a recensé vingt-deux édifices pieux sur la commune. En leur sein, il n’était pas rare d’y trouver des tableaux qui dévoilaient des scènes religieuses sur lesquelles les hommes de Dieu s’appuyaient pour prêcher. Mais, en 1657, par le décret de Louis XIV, la ville de Six-Fours et de La Seyne-sur-Mer sont séparées. Les finances de la ville plongent, l’achat des tableaux se fait plus rare. Pire, après la Révolution Française, peu à peu, les édifices religieux disparaissent. À chaque fois, les œuvres d’art sont récupérées et placées à la Collégiale.

La plus célèbre toile qui y trône est le polyptyque sur bois dit « La Vierge Marie » de Louis Bréa. Classé monument historique en 1898, l‘œuvre a notamment été présentée à l’Exposition universelle de Paris en 1928 ainsi qu’au Louvre dans les années 40 avant de revenir chez nous.

Antoine Peretti, docteur en ethno-histoire, a consacré plusieurs années de sa vie à l’étude de ces tableaux. Il raconte : « La composition des œuvres, les figures qui y sont dessinées nous apprennent beaucoup de choses sur l’état d’esprit de l’époque où elles ont été conçues. Certains faits nous permettent de dater des œuvres, d’autres soulèvent des questions. »

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En France, émerge vers 1520-1530 la Réforme protestante. S’ensuit le Concile de Trente, une grande assemblée catholique dont le but est de réaffirmer les doctrines catholiques contestées par les protestants. Entre 1562 et 1598, une guerre des religions éclate en France et oppose les croyants. L’expert reprend : « Il y a une dizaine d’années, alors qu’il y avait des travaux de rénovation, une fresque surprenante a été découverte sous le crépi. Depuis, quand vous entrez dans la Collégiale, la première chose que vous voyez, c’est au plafond deux personnages religieux : Jésus-Christ qui porte sa croix comme un trophée et Moïse, qui porte dans ses mains la Torah juive, et non pas une tablette avec les Dix Commandements. C’est très rare. Cela nous donne une information, mais laquelle ? Les historiens l’ignorent. La seule hypothèse que nous avons actuellement, c‘est qu’à une époque où les catholiques étaient opposés aux protestants dans la région, la population juive aurait apporté son soutien aux premiers. Il s’agirait donc peut-être là d’un remerciement. »

La descente de La Croix est une oeuvre de 1604 et est classé monument historique depuis 1911. La date et la signature du tableau furent mises à jour lors d’un nettoyage en 1970 par un peintre de Six-Fours. Horace Vernet, un grand peintre français et Directeur de l’Académie de France disait en parlant de ce tableau : « Il est malheureux que de pareils trésors soient inconnus et se trouvent ensevelis dans le fond des provinces. »
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