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vendredi 19 avril 2024

Six-Fours : Elle trouve des négatifs qui datent de la 1er Guerre Mondiale dans les trocs

La particularité d’une photographie, c’est qu’elle fige un instant pour l’éternité. Et qu’importe si la personne qui a saisi le déclencheur s’efface avec les années. Cette fragilité du photographe face à son oeuvre est une chose que Marie-Diane a compris dès les premières années de sa pratique.

« Lorsque j’ai commencé à découvrir la photographie, je m’y suis plongée intégralement, allant même jusqu’à faire les brocantes pour rechercher d’anciens négatifs. Pour 3 francs six sous, des instants de vie oubliés s’offraient à moi. » Ainsi, chaque sortie devient une chasse aux trésors. « J’ai fini par créer un laboratoire chez moi où je pouvais développer à ma guise les négatifs. Je vouée parfois tout mon temps libre à cette recherche de l’inconnu. »

Si les photos de famille sont nombreuses, elle tombe aussi parfois sur des merveilles.

« Un jour j’ai eu la bobine d’un ancien correspondant de presse Niçois. Il avait pris en photo Winston Churchill qui se baladait sur la promenade. Une autre fois je suis tombée sur les souvenirs d’un ancien soldat français, envoyé au coeur de la guerre des tranchées. » Sur les photographies, les horreurs du conflit s’inscrivent. Un blessé inconscient, un soldat mort dans la neige, et le regard de ceux, en faction, qui se dirigent vers le chaos. Mais le coeur de marie-Diane est ailleurs. Un jour elle trouve un lot de 1800 négatifs. Le propriétaire, un haut fonctionnaire de l’armée, immortalise sa vie de famille à la manière d’un grand artiste ainsi que les décombres de Marseille bombardée. Utilisant le présent pour parler de ces êtres qui lui content une vie passée au siècle dernier, Marie-Diane raconte un lien, poétique et inexpliqué.

Marie Diane Tassy; Elle a capturé des instants de vie pendant plus de quarante années. Rencontre. 

 

Marie-Diane est connu comme le loup blanc. En quarante années de carrière à la mairie, elle a vu se transformer la ville et évoluer ses habitants. 

Dans son ordinateur, des milliers d’images attendent. En une vie entière passée l’oeil derrière l’objectif, Marie-Diane Tassy a immortalisé bien des visages. Fille de photographe, c’est pourtant lorsqu’elle décroche son premier stage dans un magasin, sur la place de la liberté à Toulon, qu’elle se prend d’amour pour le monde des négatifs. Elle commence alors des études dans le milieu.

« Ce que j’aimais réellement, c’était la photographie industrielle. C’était le plus technique à l’époque. Il fallait mettre en valeur le produit et on rusait de différentes manières. Un jour j’ai mis une montre sous l’eau et j’ai joué avec deux pellicules que j’ai superposé pour avoir un rendu incroyable. Il fallait avoir un peu d’imagination, et beaucoup de maitrise. » Dans les années 80, elle décroche son emploi à la mairie de Six-Fours.Dorénavant, elle devra suivre le maire en place, Philippe Estève dans chacun de ses déplacements. À l’époque, les photographies sont en noires et blanc et l’appareil est un argentique. « Il ne fallait pas venir dans le bureau sans prévenir, reprend-elle, pour retoucher certaines photos, on avait un pinceau qu’on collait sur la langue avec de l’encre de chine. J’avais la bouche noire passée une certaine heure de la journée. » 

Marie-Diane, enfant, avec son père.

Avec la pratique, sa timidité disparait. « Se placer devant une foule pour saisir la personne sur l’estrade, ça peut-être compliqué. Mais très vite, j’ai fait abstraction de tout ce qu’il pouvait y avoir autour de moi. Seul s’est mit à compter mon sujet, que je devais saisir de la meilleure des façons possibles. Souvent, j’essayais d’ajouter un peu de poésie au quotidien. » Le milieu de la photographie se transforme, le numérique évolue, mais Marie-Diane reste fascinée par le noir et blanc et les clichés pris sur le vif, sans transformation. « Les couleurs sont une distraction qui nous font manquer l’essentiel. » 

Sur son temps libre, elle voyage en quête de l’instant providentiel.

En 1990, quelques mois après la destitution et l’exécution du dictateur en place en Roumanie, elle saisit les visages de l’Histoire qui est en marche. Au Burkina Fasso, elle sait le pays instable, mais fascinant. À New-York, elle se fond dans une manifestation de vétéran du Vietnam. « Quand j’ai mon appareil dans les mains, je suis investis d’une mission. C’est quelque chose que les gens ressentent instinctivement, car même à New-York en touriste, on m’a prise pour une reporter et on m’a laissé passer sous le bandeau qui interdisait à la foule de pénétrer. Une amie qui m’accompagnait s’est vu refuser l’accès au même moment où je me suis glissée. » En retraite depuis plusieurs mois, Marie-Diane songe à l’après. « Je ne sais pas encore vers quoi je me dirige, mais je sais que j’aurai mon appareil sous le bras avec moi (rires). »

En 1989, la Roumanie fait sa révolution. Un coup d’Etat est facilité par une série d’émeutes et de protestations qui aboutissent au renversement et à l’exécution du dictateur en place. Marie-Diane se rend dans le pays pendant ses congés pour immortaliser les visages de l’histoire en marche.
Depuis le début des années 80, elle est employée comme photographe de la ville. Sa fonction est alors de suivre le maire Philippe Estève dans chacun de ses déplacements. Elle décide d’ajouter de la poésie au quotidien et change l’angle de certaines de ses photographies. Ici, l’homme sort d’un réservoir à Courrens.
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Six-Fours : Elle trouve des négatifs qui datent de la 1er Guerre Mondiale dans les trocs

La particularité d’une photographie, c’est qu’elle fige un instant pour l’éternité. Et qu’importe si la personne qui a saisi le déclencheur s’efface avec les années. Cette fragilité du photographe face à son oeuvre est une chose que Marie-Diane a compris dès les premières années de sa pratique.

« Lorsque j’ai commencé à découvrir la photographie, je m’y suis plongée intégralement, allant même jusqu’à faire les brocantes pour rechercher d’anciens négatifs. Pour 3 francs six sous, des instants de vie oubliés s’offraient à moi. » Ainsi, chaque sortie devient une chasse aux trésors. « J’ai fini par créer un laboratoire chez moi où je pouvais développer à ma guise les négatifs. Je vouée parfois tout mon temps libre à cette recherche de l’inconnu. »

Si les photos de famille sont nombreuses, elle tombe aussi parfois sur des merveilles.

« Un jour j’ai eu la bobine d’un ancien correspondant de presse Niçois. Il avait pris en photo Winston Churchill qui se baladait sur la promenade. Une autre fois je suis tombée sur les souvenirs d’un ancien soldat français, envoyé au coeur de la guerre des tranchées. » Sur les photographies, les horreurs du conflit s’inscrivent. Un blessé inconscient, un soldat mort dans la neige, et le regard de ceux, en faction, qui se dirigent vers le chaos. Mais le coeur de marie-Diane est ailleurs. Un jour elle trouve un lot de 1800 négatifs. Le propriétaire, un haut fonctionnaire de l’armée, immortalise sa vie de famille à la manière d’un grand artiste ainsi que les décombres de Marseille bombardée. Utilisant le présent pour parler de ces êtres qui lui content une vie passée au siècle dernier, Marie-Diane raconte un lien, poétique et inexpliqué.

Marie Diane Tassy; Elle a capturé des instants de vie pendant plus de quarante années. Rencontre. 

 

Marie-Diane est connu comme le loup blanc. En quarante années de carrière à la mairie, elle a vu se transformer la ville et évoluer ses habitants. 

Dans son ordinateur, des milliers d’images attendent. En une vie entière passée l’oeil derrière l’objectif, Marie-Diane Tassy a immortalisé bien des visages. Fille de photographe, c’est pourtant lorsqu’elle décroche son premier stage dans un magasin, sur la place de la liberté à Toulon, qu’elle se prend d’amour pour le monde des négatifs. Elle commence alors des études dans le milieu.

« Ce que j’aimais réellement, c’était la photographie industrielle. C’était le plus technique à l’époque. Il fallait mettre en valeur le produit et on rusait de différentes manières. Un jour j’ai mis une montre sous l’eau et j’ai joué avec deux pellicules que j’ai superposé pour avoir un rendu incroyable. Il fallait avoir un peu d’imagination, et beaucoup de maitrise. » Dans les années 80, elle décroche son emploi à la mairie de Six-Fours.Dorénavant, elle devra suivre le maire en place, Philippe Estève dans chacun de ses déplacements. À l’époque, les photographies sont en noires et blanc et l’appareil est un argentique. « Il ne fallait pas venir dans le bureau sans prévenir, reprend-elle, pour retoucher certaines photos, on avait un pinceau qu’on collait sur la langue avec de l’encre de chine. J’avais la bouche noire passée une certaine heure de la journée. » 

Marie-Diane, enfant, avec son père.

Avec la pratique, sa timidité disparait. « Se placer devant une foule pour saisir la personne sur l’estrade, ça peut-être compliqué. Mais très vite, j’ai fait abstraction de tout ce qu’il pouvait y avoir autour de moi. Seul s’est mit à compter mon sujet, que je devais saisir de la meilleure des façons possibles. Souvent, j’essayais d’ajouter un peu de poésie au quotidien. » Le milieu de la photographie se transforme, le numérique évolue, mais Marie-Diane reste fascinée par le noir et blanc et les clichés pris sur le vif, sans transformation. « Les couleurs sont une distraction qui nous font manquer l’essentiel. » 

Sur son temps libre, elle voyage en quête de l’instant providentiel.

En 1990, quelques mois après la destitution et l’exécution du dictateur en place en Roumanie, elle saisit les visages de l’Histoire qui est en marche. Au Burkina Fasso, elle sait le pays instable, mais fascinant. À New-York, elle se fond dans une manifestation de vétéran du Vietnam. « Quand j’ai mon appareil dans les mains, je suis investis d’une mission. C’est quelque chose que les gens ressentent instinctivement, car même à New-York en touriste, on m’a prise pour une reporter et on m’a laissé passer sous le bandeau qui interdisait à la foule de pénétrer. Une amie qui m’accompagnait s’est vu refuser l’accès au même moment où je me suis glissée. » En retraite depuis plusieurs mois, Marie-Diane songe à l’après. « Je ne sais pas encore vers quoi je me dirige, mais je sais que j’aurai mon appareil sous le bras avec moi (rires). »

En 1989, la Roumanie fait sa révolution. Un coup d’Etat est facilité par une série d’émeutes et de protestations qui aboutissent au renversement et à l’exécution du dictateur en place. Marie-Diane se rend dans le pays pendant ses congés pour immortaliser les visages de l’histoire en marche.
Depuis le début des années 80, elle est employée comme photographe de la ville. Sa fonction est alors de suivre le maire Philippe Estève dans chacun de ses déplacements. Elle décide d’ajouter de la poésie au quotidien et change l’angle de certaines de ses photographies. Ici, l’homme sort d’un réservoir à Courrens.
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« Lorsque j’ai commencé à découvrir la photographie, je m’y suis plongée intégralement, allant même jusqu’à faire les brocantes pour rechercher d’anciens négatifs. Pour 3 francs six sous, des instants de vie oubliés s’offraient à moi. » Ainsi, chaque sortie devient une chasse aux trésors. « J’ai fini par créer un laboratoire chez moi où je pouvais développer à ma guise les négatifs. Je vouée parfois tout mon temps libre à cette recherche de l’inconnu. »

Si les photos de famille sont nombreuses, elle tombe aussi parfois sur des merveilles.

« Un jour j’ai eu la bobine d’un ancien correspondant de presse Niçois. Il avait pris en photo Winston Churchill qui se baladait sur la promenade. Une autre fois je suis tombée sur les souvenirs d’un ancien soldat français, envoyé au coeur de la guerre des tranchées. » Sur les photographies, les horreurs du conflit s’inscrivent. Un blessé inconscient, un soldat mort dans la neige, et le regard de ceux, en faction, qui se dirigent vers le chaos. Mais le coeur de marie-Diane est ailleurs. Un jour elle trouve un lot de 1800 négatifs. Le propriétaire, un haut fonctionnaire de l’armée, immortalise sa vie de famille à la manière d’un grand artiste ainsi que les décombres de Marseille bombardée. Utilisant le présent pour parler de ces êtres qui lui content une vie passée au siècle dernier, Marie-Diane raconte un lien, poétique et inexpliqué.

Marie Diane Tassy; Elle a capturé des instants de vie pendant plus de quarante années. Rencontre. 

 

Marie-Diane est connu comme le loup blanc. En quarante années de carrière à la mairie, elle a vu se transformer la ville et évoluer ses habitants. 

Dans son ordinateur, des milliers d’images attendent. En une vie entière passée l’oeil derrière l’objectif, Marie-Diane Tassy a immortalisé bien des visages. Fille de photographe, c’est pourtant lorsqu’elle décroche son premier stage dans un magasin, sur la place de la liberté à Toulon, qu’elle se prend d’amour pour le monde des négatifs. Elle commence alors des études dans le milieu.

« Ce que j’aimais réellement, c’était la photographie industrielle. C’était le plus technique à l’époque. Il fallait mettre en valeur le produit et on rusait de différentes manières. Un jour j’ai mis une montre sous l’eau et j’ai joué avec deux pellicules que j’ai superposé pour avoir un rendu incroyable. Il fallait avoir un peu d’imagination, et beaucoup de maitrise. » Dans les années 80, elle décroche son emploi à la mairie de Six-Fours.Dorénavant, elle devra suivre le maire en place, Philippe Estève dans chacun de ses déplacements. À l’époque, les photographies sont en noires et blanc et l’appareil est un argentique. « Il ne fallait pas venir dans le bureau sans prévenir, reprend-elle, pour retoucher certaines photos, on avait un pinceau qu’on collait sur la langue avec de l’encre de chine. J’avais la bouche noire passée une certaine heure de la journée. » 

Marie-Diane, enfant, avec son père.

Avec la pratique, sa timidité disparait. « Se placer devant une foule pour saisir la personne sur l’estrade, ça peut-être compliqué. Mais très vite, j’ai fait abstraction de tout ce qu’il pouvait y avoir autour de moi. Seul s’est mit à compter mon sujet, que je devais saisir de la meilleure des façons possibles. Souvent, j’essayais d’ajouter un peu de poésie au quotidien. » Le milieu de la photographie se transforme, le numérique évolue, mais Marie-Diane reste fascinée par le noir et blanc et les clichés pris sur le vif, sans transformation. « Les couleurs sont une distraction qui nous font manquer l’essentiel. » 

Sur son temps libre, elle voyage en quête de l’instant providentiel.

En 1990, quelques mois après la destitution et l’exécution du dictateur en place en Roumanie, elle saisit les visages de l’Histoire qui est en marche. Au Burkina Fasso, elle sait le pays instable, mais fascinant. À New-York, elle se fond dans une manifestation de vétéran du Vietnam. « Quand j’ai mon appareil dans les mains, je suis investis d’une mission. C’est quelque chose que les gens ressentent instinctivement, car même à New-York en touriste, on m’a prise pour une reporter et on m’a laissé passer sous le bandeau qui interdisait à la foule de pénétrer. Une amie qui m’accompagnait s’est vu refuser l’accès au même moment où je me suis glissée. » En retraite depuis plusieurs mois, Marie-Diane songe à l’après. « Je ne sais pas encore vers quoi je me dirige, mais je sais que j’aurai mon appareil sous le bras avec moi (rires). »

En 1989, la Roumanie fait sa révolution. Un coup d’Etat est facilité par une série d’émeutes et de protestations qui aboutissent au renversement et à l’exécution du dictateur en place. Marie-Diane se rend dans le pays pendant ses congés pour immortaliser les visages de l’histoire en marche.
Depuis le début des années 80, elle est employée comme photographe de la ville. Sa fonction est alors de suivre le maire Philippe Estève dans chacun de ses déplacements. Elle décide d’ajouter de la poésie au quotidien et change l’angle de certaines de ses photographies. Ici, l’homme sort d’un réservoir à Courrens.
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