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vendredi 18 octobre 2024

Un piano dans une salle obscure, bienvenue en 1920 !

Afin de célébrer ses dix années d’existence, le Six N’étoiles a décidé de jouer la carte de la nostalgie ! Lors d’une soirée pleine de poésie, le compositeur et pianiste Sébastien Arcos est venu interpréter en direct au piano, face à l’écran, la bande-son du film « The Kid Brother » sorti en 1927.

Cette performance qu’il a imaginée pour le Festival International des Musiques d’Écran en novembre dernier, a été rejouée ce soir-là devant un public conquis. Si l’artiste a laissé courir ses doigts sur les touches noires et blanches du piano pendant plus de 80 minutes sans pouvoir se permettre la moindre lenteur, il a expliqué que la prouesse se réalisait avec beaucoup de concentration et quelques indices visuels. « Je sélectionne des repères sur l’écran. Lorsqu’un personnage cligne des yeux, qu’il lève le bras, ou qu’un autre geste arrive, je sais que je dois passer telle note dans l’instant. Le film est inscrit plan par plan dans mon esprit. Rien n’est laissé au hasard. » En préambule, les enfants du conservatoire de la ville ont offert un petit concert aux spectateurs. À la sortie de la projection, la classe cinéma du lycée de la Cordeille d’Ollioules proposait un encas. Tous les bénéfices récoltés lors de cette soirée à vocation caritative sont venus grossir la cagnotte du Téléthon de la ville.

Une composition originale pour l’événement, rencontre avec Sébastien Arcos. 

Si les cinés-concerts sont rares à notre époque, selon Sébastien, la musique a gardé une place essentielle dans l’industrie du cinéma. « Il suffit d’imaginer Les Dents de la Mer sans le travail de Johns Williams qui fait monter l’angoisse avec ses notes jusqu’à devenir l’élément principal des scènes d’attaques du requin. On a la même chose avec les films d’Alfred Hitchcock. Dans psychose, le couteau est lié intrinsèquement à la musique d’Herrmann. »

Pour proposer comme ces artistes qu’il admire une mélodie sur un film, il visionne des centaines de fois les séquences d’une même projection pour en isoler les émotions plan après plan. Ensuite, en fonction de ce qui lui semble important de souligner dans la scène, il laisse ses doigts aller sur le piano et pioche parfois dans ses anciennes compositions.

Une fois l’oeuvre monté, il reste encore à jouer devant un public pendant plus de 80 minutes, sans erreur possible puisque le film, lui, n’attendra pas.

« Le secret réside dans une concentration absolue, prévient l’artiste, et dans les repères que je prends à l’écran. Dans un cinéma, l’écran est tellement grand, que j’ai toujours une partie de mon regard porté sur les scènes. Libre à moi ensuite de prendre des marques. Quand un personnage cligne de l’oeil par exemple, c’est l’instant où je sais que je dois passer cette note. Absolument rien n’est laissé au hasard. » Cette façon de lier les deux arts s’inscrivait déjà en lui dans son adolescence. Il poursuit : « J’avais toujours un Walkman sur moi qui contenait les bandes originales des films que je venais de découvrir. Grâce à mon père qui était un cinéphile, il y en avait des tas. Et bien lorsque je lançais ma playlist, les scènes et les dialogues s’inscrivaient naturellement dans mon esprit en fonction de la mélodie qui était en train de se jouer dans mes oreilles. Comme quoi, je crois que tout à toujours été là. »

Et pour le piano, c’est la même chose, son amour pour lui s’inscrit dans l’enfance. « C’était un désir manqué de ma mère, alors pour ses trois enfants, elle a installé un piano au milieu du salon. Mes frères ont commencé à jouer puis moi aussi par mimétisme. Dès l’âge de 6 ans j’étais inscris au conservatoire. » 

Le saviez-vous ? 

Le cinéma muet n’a pas toujours défilé en accéléré sur nos écrans ! Avant 1927, les films muets étaient tournés et projetés à la vitesse moyenne de 16 images par seconde. À l’arrivée du cinéma parlant, il a fallu agir de façon à ce que le son puisse être inscrit sur la pellicule. Le standard de 24im/s s’est donc imposé. Les salles obscures qui se sont équipées en conséquence de projecteurs à 24 im/s ont donc augmenté la vitesse de projection des films tournés en 16 im/s. Le public s’est habitué au rythme plus rapide des films muets et l’usage a perduré à la télévision, qui elle, diffuse à 25 im/s.

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Afin de célébrer ses dix années d’existence, le Six N’étoiles a décidé de jouer la carte de la nostalgie ! Lors d’une soirée pleine de poésie, le compositeur et pianiste Sébastien Arcos est venu interpréter en direct au piano, face à l’écran, la bande-son du film « The Kid Brother » sorti en 1927.

Cette performance qu’il a imaginée pour le Festival International des Musiques d’Écran en novembre dernier, a été rejouée ce soir-là devant un public conquis. Si l’artiste a laissé courir ses doigts sur les touches noires et blanches du piano pendant plus de 80 minutes sans pouvoir se permettre la moindre lenteur, il a expliqué que la prouesse se réalisait avec beaucoup de concentration et quelques indices visuels. « Je sélectionne des repères sur l’écran. Lorsqu’un personnage cligne des yeux, qu’il lève le bras, ou qu’un autre geste arrive, je sais que je dois passer telle note dans l’instant. Le film est inscrit plan par plan dans mon esprit. Rien n’est laissé au hasard. » En préambule, les enfants du conservatoire de la ville ont offert un petit concert aux spectateurs. À la sortie de la projection, la classe cinéma du lycée de la Cordeille d’Ollioules proposait un encas. Tous les bénéfices récoltés lors de cette soirée à vocation caritative sont venus grossir la cagnotte du Téléthon de la ville.

Une composition originale pour l’événement, rencontre avec Sébastien Arcos. 

Si les cinés-concerts sont rares à notre époque, selon Sébastien, la musique a gardé une place essentielle dans l’industrie du cinéma. « Il suffit d’imaginer Les Dents de la Mer sans le travail de Johns Williams qui fait monter l’angoisse avec ses notes jusqu’à devenir l’élément principal des scènes d’attaques du requin. On a la même chose avec les films d’Alfred Hitchcock. Dans psychose, le couteau est lié intrinsèquement à la musique d’Herrmann. »

Pour proposer comme ces artistes qu’il admire une mélodie sur un film, il visionne des centaines de fois les séquences d’une même projection pour en isoler les émotions plan après plan. Ensuite, en fonction de ce qui lui semble important de souligner dans la scène, il laisse ses doigts aller sur le piano et pioche parfois dans ses anciennes compositions.

Une fois l’oeuvre monté, il reste encore à jouer devant un public pendant plus de 80 minutes, sans erreur possible puisque le film, lui, n’attendra pas.

« Le secret réside dans une concentration absolue, prévient l’artiste, et dans les repères que je prends à l’écran. Dans un cinéma, l’écran est tellement grand, que j’ai toujours une partie de mon regard porté sur les scènes. Libre à moi ensuite de prendre des marques. Quand un personnage cligne de l’oeil par exemple, c’est l’instant où je sais que je dois passer cette note. Absolument rien n’est laissé au hasard. » Cette façon de lier les deux arts s’inscrivait déjà en lui dans son adolescence. Il poursuit : « J’avais toujours un Walkman sur moi qui contenait les bandes originales des films que je venais de découvrir. Grâce à mon père qui était un cinéphile, il y en avait des tas. Et bien lorsque je lançais ma playlist, les scènes et les dialogues s’inscrivaient naturellement dans mon esprit en fonction de la mélodie qui était en train de se jouer dans mes oreilles. Comme quoi, je crois que tout à toujours été là. »

Et pour le piano, c’est la même chose, son amour pour lui s’inscrit dans l’enfance. « C’était un désir manqué de ma mère, alors pour ses trois enfants, elle a installé un piano au milieu du salon. Mes frères ont commencé à jouer puis moi aussi par mimétisme. Dès l’âge de 6 ans j’étais inscris au conservatoire. » 

Le saviez-vous ? 

Le cinéma muet n’a pas toujours défilé en accéléré sur nos écrans ! Avant 1927, les films muets étaient tournés et projetés à la vitesse moyenne de 16 images par seconde. À l’arrivée du cinéma parlant, il a fallu agir de façon à ce que le son puisse être inscrit sur la pellicule. Le standard de 24im/s s’est donc imposé. Les salles obscures qui se sont équipées en conséquence de projecteurs à 24 im/s ont donc augmenté la vitesse de projection des films tournés en 16 im/s. Le public s’est habitué au rythme plus rapide des films muets et l’usage a perduré à la télévision, qui elle, diffuse à 25 im/s.

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Cette performance qu’il a imaginée pour le Festival International des Musiques d’Écran en novembre dernier, a été rejouée ce soir-là devant un public conquis. Si l’artiste a laissé courir ses doigts sur les touches noires et blanches du piano pendant plus de 80 minutes sans pouvoir se permettre la moindre lenteur, il a expliqué que la prouesse se réalisait avec beaucoup de concentration et quelques indices visuels. « Je sélectionne des repères sur l’écran. Lorsqu’un personnage cligne des yeux, qu’il lève le bras, ou qu’un autre geste arrive, je sais que je dois passer telle note dans l’instant. Le film est inscrit plan par plan dans mon esprit. Rien n’est laissé au hasard. » En préambule, les enfants du conservatoire de la ville ont offert un petit concert aux spectateurs. À la sortie de la projection, la classe cinéma du lycée de la Cordeille d’Ollioules proposait un encas. Tous les bénéfices récoltés lors de cette soirée à vocation caritative sont venus grossir la cagnotte du Téléthon de la ville.

Une composition originale pour l’événement, rencontre avec Sébastien Arcos. 

Si les cinés-concerts sont rares à notre époque, selon Sébastien, la musique a gardé une place essentielle dans l’industrie du cinéma. « Il suffit d’imaginer Les Dents de la Mer sans le travail de Johns Williams qui fait monter l’angoisse avec ses notes jusqu’à devenir l’élément principal des scènes d’attaques du requin. On a la même chose avec les films d’Alfred Hitchcock. Dans psychose, le couteau est lié intrinsèquement à la musique d’Herrmann. »

Pour proposer comme ces artistes qu’il admire une mélodie sur un film, il visionne des centaines de fois les séquences d’une même projection pour en isoler les émotions plan après plan. Ensuite, en fonction de ce qui lui semble important de souligner dans la scène, il laisse ses doigts aller sur le piano et pioche parfois dans ses anciennes compositions.

Une fois l’oeuvre monté, il reste encore à jouer devant un public pendant plus de 80 minutes, sans erreur possible puisque le film, lui, n’attendra pas.

« Le secret réside dans une concentration absolue, prévient l’artiste, et dans les repères que je prends à l’écran. Dans un cinéma, l’écran est tellement grand, que j’ai toujours une partie de mon regard porté sur les scènes. Libre à moi ensuite de prendre des marques. Quand un personnage cligne de l’oeil par exemple, c’est l’instant où je sais que je dois passer cette note. Absolument rien n’est laissé au hasard. » Cette façon de lier les deux arts s’inscrivait déjà en lui dans son adolescence. Il poursuit : « J’avais toujours un Walkman sur moi qui contenait les bandes originales des films que je venais de découvrir. Grâce à mon père qui était un cinéphile, il y en avait des tas. Et bien lorsque je lançais ma playlist, les scènes et les dialogues s’inscrivaient naturellement dans mon esprit en fonction de la mélodie qui était en train de se jouer dans mes oreilles. Comme quoi, je crois que tout à toujours été là. »

Et pour le piano, c’est la même chose, son amour pour lui s’inscrit dans l’enfance. « C’était un désir manqué de ma mère, alors pour ses trois enfants, elle a installé un piano au milieu du salon. Mes frères ont commencé à jouer puis moi aussi par mimétisme. Dès l’âge de 6 ans j’étais inscris au conservatoire. » 

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Le cinéma muet n’a pas toujours défilé en accéléré sur nos écrans ! Avant 1927, les films muets étaient tournés et projetés à la vitesse moyenne de 16 images par seconde. À l’arrivée du cinéma parlant, il a fallu agir de façon à ce que le son puisse être inscrit sur la pellicule. Le standard de 24im/s s’est donc imposé. Les salles obscures qui se sont équipées en conséquence de projecteurs à 24 im/s ont donc augmenté la vitesse de projection des films tournés en 16 im/s. Le public s’est habitué au rythme plus rapide des films muets et l’usage a perduré à la télévision, qui elle, diffuse à 25 im/s.

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