C’est en recevant un coup de téléphone, que Jean-Louis Boilot a appris la nouvelle. Il a été chargé le 10 mai dernier de porter, avec d’autres, la flamme Olympique autour du stade du CREPS de Boulouris à Saint-Raphaël.
Pour cet honneur, l’homme n’avait pas candidaté. La surprise fut totale. Il raconte : « C’est beaucoup d’émotion qui vous tombe dessus soudainement. Et puis après on fait le point. J’ai 80 ans, je pense que j’ai été sélectionné pour mon passé, mon parcours sportif, mes engagements. »
Sportif passionné.
C’est lorsqu’il est étudiant que Jean-Louis Boilot perd l’usage de ses jambes à la suite d’un accident de la route. Une page se tourne, son rêve de poursuivre ses études s’envole. « Rien était fait pour les personnes handicapées, explique l’homme. Il fallait que je demande à être porté pour pouvoir assister à des cours à la Faculté. Je ne voulais pas. J’ai continué ma vie professionnelle en tant qu’enseignant et j’ai évolué. En fin de carrière, j’étais proviseur au collège Font de Fillol. »
Pour chasser les mauvaises pensées, Jean-Louis concentre ses efforts dans le sport. D’abord pour la santé, puis par passion. « Quand vous faites de la rééducation dans un hôpital, vous pratiquez du sport. L’activité physique est importante pour tous, mais peut-être plus encore pour les personnes handicapées. Il faut mobiliser les muscles qui restent, ne pas plonger dans la passivité. » Accidenté en 1964, il est licencié handisport en 1967 et participe à ses premiers jeux paralympiques en 1968 à Tel Aviv en tennis de table. En 1972, il change de discipline et participe aux Jeux de Heidelberg. En 1976, devenu capitaine de l’équipe de France de Basket, il obtient, avec le reste des joueurs, la médaille de Bronze aux Jeux de Toronto. « J’ai fait parti des premiers athlètes des Jeux Olympiques, poursuit-il, ce sont des souvenirs qu’on efface pas. »
Un demi-siècle de dévouement.
Mais le Six-Fournais s’engage aussi pour la cause. En 1972, il est, entre autres, président fondateur du comité régional du Nord Pas de Calais et devient en 2005 président du comité départemental Handisport du Var. En 2008, il fonde l’association six-fournaise Handisport et en 2016 est décoré de la médaille d’or du mérite Fédéral par le vice-président de la fédération française d’Handisport pour son demi-siècle de dévouement à la cause « Handi ».
Aujourd’hui trésorier de l’association qu’il a créée dans la commune, il voit des valides pratiquer le sport avec des personnes à mobilité réduite. Il termine : « J’ai parfois eu des personnes qui sortaient tout juste de l’hôpital après leur accident. Ces gens-là, il fallait leur montrer que la vie ne s’arrêtait pas, qu’il pouvait encore avoir une vie sociale et s’amuser. Parce que le sport, c’est aussi ça, de la joie, du plaisir et du partage. »
Comment sont nés les Jeux Paralympiques ?
On doit les Jeux Paralympiques aux blessés de la Seconde Guerre Mondiale et à l’idée d’un médecin neurologue britannique du nom de Ludwig Guttman. Travaillant à l’hôpital de Stoke Mandeville, il soigne les vétérans touchés à la moelle épinière. Parce qu’il ne supporte plus de voir ces hommes en perte de confiance, il songe à créer quelque chose autour du sport qui pourrait aider les blessés à changer la perception qu’ils ont d’eux même tout en améliorant leurs capacités physiques. Il organise une première compétition sportive internationale pour les vétérans de la Seconde Guerre mondiale, le 29 juillet 1948. Dans l’hexagone, en 1954, l’Association des Mutilés de France est créée et permet au mouvement sportif Handisport de croître. Les premiers Jeux Paralympiques internationaux ont lieu en 1960 à Rome. La France accueillera la manifestation en hiver 1992 … et cet été.